ENQUÊTE – Jeudi 13 décembre, les forces de l’ordre ont abattu Cherif Chekatt à Strasbourg, mettant fin à sa cavale. Des raisons de sa folie meurtrière à son élimination par la police, plusieurs zones d’ombre subsistent. On fait le point.
Dès les premiers signalements en début d’après-midi, jeudi 13 décembre, la ville de Strasbourg a été bouclée par les forces de l’ordre. Lesquelles avaient été alertées qu’un suspect correspondant au signalement de Cherif Chekatt déambulait dans la ville, hagard et sanguinolent. Et après plusieurs interventions infructueuses, des policiers ont finalement identifié vers 21 heures le tireur présumé du marché de Noël. Alors qu’ils s’apprêtaient à l’interpeller, l’individu a ouvert brusquement le feu, entraînant une riposte immédiate des membres de la brigade spécialisée de terrain (BST) qui l'ont abattu. Un dénouement qui laisse toutefois en suspens plusieurs questions.
Qu’est-ce qui a provoqué son passage à l’acte ?
Cherif Chekatt était fiché S pour radicalisation depuis 2016. D’après nos informations, il était notamment proche de la mouvance islamiste radicale installée dans le quartier de La Meinau à Strasbourg. Selon le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nunez, il n’avait toutefois "jamais été connu pour des délits liés au terrorisme" mais plutôt pour des faits de droit commun, ayant été notamment condamné à 27 reprises. "Ce n'était pas un religieux", juge un de ses amis d'enfance, quand son avocat allemand n'avait pas repéré de signe de radicalisation chez lui.
Soupçonné d’avoir participé à un braquage ponctué d’une tentative d’homicide, Cherif Chekatt était activement recherché par les forces de l’ordre. Lesquelles ont procédé à une perquisition de son domicile mardi matin, le jour de la tuerie. Perquisition vaine puisqu’il ne se trouvait pas chez lui, probablement averti de l’arrivée des gendarmes. Voyant l’étau se resserrer, l’individu est tout de même resté à Strasbourg, attendant que la nuit tombe pour ouvrir le feu sur la foule.
La perquisition menée mardi matin a-t-elle été l'élément déclencheur de son passage à l’acte ? Avait-il fomenté son attaque depuis longtemps ? Autant de questions que l’enquête tentera de résoudre dans les jours suivants.
Etait-il un "soldat" de Daech ?
Si Daech s’est empressé de revendiquer l’attentat à la suite de l’annonce de son décès – sans en apporter toutefois la preuve formelle -, aucun signe d’allégeance au groupe Etat islamique n’a pour le moment été retrouvé par les enquêteurs. Le Parisien affirme toutefois que des "sourates guerrières" du Coran ont été identifiées dans l’un de ses cahiers. Et qu’il avait installé tout récemment Telegram, la messagerie sécurisée très prisée par les terroristes. Selon des sources policières, il avait en outre fait du prosélytisme religieux lors de ses peines de prison, ayant même accroché une affiche de Ben Laden dans sa cellule.
Comme nous l’expliquons dans cet article, la stratégie actuelle de l’organisation Etat islamique est de revendiquer les attaques qu’elle estime dignes de sa doctrine. Ainsi, même s’il s’avère que Cherif Chekatt n’avait pas formellement épousé la cause de Daech, ses actes font foi aux yeux de l’organisation terroriste. L’allégeance par le sang, en somme.
Avait-il des complices ?
Selon nos informations, Cherif Chekatt a vécu comme un sans-abri lors de sa cavale. Déposé par un taxi dans le quartier du Neudorf, il ne l'a pas quitté pendant les plus de deux journées qu'a durée sa traque. Il était, d’après les enquêteurs, complètement reclus, errant de cages d'escalier en cages d'escalier, sans personne pour l’aider. D’autant que cinq de ses proches - dont deux fichés S - avaient été placés en garde à vue. Trois d'entre eux ont été mis en examen et écroués, ce jeudi, soupçonnés d’avoir participé au braquage dont l’enquête avait conduit à la perquisition de l’appartement de Cherif Chekatt, le matin de son passage à l'acte. Sur ce point précis, les enquêteurs s'interrogent également sur la raison pour laquelle il n'était pas présent à son domicile.
L’enquête déterminera si l’homme de 29 ans avait des complices. Selon les premiers éléments, il semble toutefois qu’il ait agi seul, dans la précipitation. En témoigne notamment l’absence de moyens logistiques mobilisés lors de sa cavale en solitaire. A noter que sa mère, son père, deux de ses frères ainsi qu’un ami sont à cette heure toujours en garde à vue. En l'absence de complicité évidente, reste la question éventuelle du mentor. On pense alors à son frère aîné, lui aussi fiché S pour radicalisation et interpellé en Algérie, a appris Le Parisien.
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