TERRORISME - Un policier a été tué et deux autres blessés jeudi soir dans une fusillade, dont l'auteur a été abattu, sur les Champs-Elysées à Paris. Cette attaque, revendiquée par Daech dans la soirée, bouleverse la campagne présidentielle, à quelques jours seulement du scrutin.
"Les gens couraient, se bousculaient et se cognaient aux tables", témoigne une jeune femme de 39 ans. Elle qui dînait tranquillement jeudi soir dans une brasserie des Champs-Elysées a assisté à la fusillade visant les forces de police sur "la plus belle avenue du monde". Revendiquée par le groupe Etat Islamique, le bilan de l'attaque est lourd : un policier a été tué et deux autres grièvement blessés par les coups de feu tirés par l'assaillant, lui même abattu.
Que s'est-il passé ?
En ce jeudi début de soirée, les boutiques n'ont pas encore baissé leurs rideaux sur les Champs-Elysée qui est comme toujours, très fréquentée. Aux alentours de 21 heures, un individu gare sa voiture - une Audi 80 grise - à auteur d'un fourgon de police au 104 avenue des Champs-Elysées, au niveau du magasin Marks & Spencer. Armé d'un fusil d'assaut de type Kalachnikov, l'homme, extrêmement déterminité selon les premiers élements de l'enquête, sort de sa voiture et vise les fonctionnaires.
"Il a ouvert le feu sur le car de police à l'arme automatique, a tué l'un des policiers et à essayé de s'en prendre aux autres en courant", a rapporté une source policière. "C'est une arme de guerre, une arme automatique qui a été utilisée", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henri Brandet. Les policiers ripostent alors et abattent l'assaillant .
Personne ne comprenait ce qui se passait, "surtout les touristes étrangers", a raconté une jeune femme encore secouée par l'attaque. Avant même que la fusillade ne soit revendiquée par l'organisation djihadiste Etat islamique, la moitié haute de l'avenue, vers l'Arc de Triomphe, a été désertée. Des dizaines de voitures de police, des cars de CRS et autres secouristes ont ensuite bloqué l'avenue, après que touristes et badauds ont pris la fuite dans la confusion.
Qui est l'assaillant ?
"L'identité de l'attaquant" qui a tué un policier et en a blessé deux autres jeudi soir sur les Champs-Elysées "est connue et vérifiée", a annoncé le procureur de la République de Paris, François Molins. S'il s'est refusé à donner l'identité de cet homme, en raison des nécessité de l'enquête, il s'agirait d'un certain Abu Yussef le Belge, selon le groupe Etat Islamique.
"L'auteur de l'attaque des Champs-Elysées dans le centre de Paris est Abu Yussef le Belge, et c'est un des combattants de l'Etat islamique", a ainsi écrit Amaq, l'agence de propagande de Daech. Né en décembre 1977 à Livry-Gargan, le suspect - l'homme à qui appartenait la carte grise de la voiture utilisée - était selon nos informations fiché S et défavorablement connu de la DGSI, notamment pour (déjà) des faits de violences envers des policiers. Il y a seize ans, lors d'une course-poursuite en Seine-et-Marne, cet homme aujourd'hui âgé de 39 ans avait ouvert le feu sur les policiers avant d'être neutralisé. Durant sa garde à vue, il était parvenu à s'emparer de l'arme d'un des policiers avant de le blesser et de finalement être maîtrisé.
Radicalisé, l'assaillant présumé était visé par une enquête antiterroriste pour avoir manifesté son intention de tuer des policiers. Il avait été arrêté le 23 février, avant d'être remis en liberté par la justice faute de preuves suffisantes, selon des sources proches de l'enquête. Il avait déjà été condamné en 2005 à quinze ans de réclusion pour tentatives d'homicide volontaire sur un policier, un élève gardien de la paix et le frère de celui-ci, en Seine-et-Marne. Une perquisition était en cours jeudi soir au au domicile de cet homme domicilié à Chelles en Seine-et-Marne.
Qui sont les victimes ?
Yannick S. un fonctionnaire de police, a été abattu en plein coeur de Paris. Deux autres policiers ont été grièvement blessés, l'un deux ayant été déclaré en état d'urgence absolue, avant que son état de santé ne soit déclaré stable en cours de soirée. Les policiers ont été pris pour cible par des tirs peu avant 21 heures alors qu'ils se trouvaient dans leur car stationné au 104 avenue des Champs-Elysées.
Durant l'attaque, l'agresseur a été abattu "en riposte" selon le ministère de l'Intérieur, et une touriste - dont la nationalité n'a pas été dévoilée - a été touchée au genou par un projectile. La fusillade a été décrite comme brève" mais avec "beaucoup de tirs", selon Choukri Chouanine, gérant d'un restaurant situé dans la rue adjacente de Ponthieu.
Quelles conséquences sur la campagne présidentielle ?
Cette fusillade qui survient à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle jette évidement un trouble sur le scrutin. Marine Le Pen, François Fillon et Emmanuel Macron ont annulé leurs déplacements de campagne prévus vendredi, tandis que Jean-Luc Mélenchon a maintenu son programme.
Le candidat socialiste Benoît Hamon a pour sa part annulé sa rencontre avec des apprentis fixée vendredi à Evry mais a maintenu son discours à Carmaux, terre de Jean Jaurès. "Cet attentat à trois jours de l'élection vise les forces de l’ordre, notre démocratie et la République. Cela signe la volonté d'empêcher notre démocratie de fonctionner", a déclaré le candidat socialiste.
Enfin, Nicolas Dupont-Aignan se rendra en Seine-Saint-Denis puis dans l'Essonne comme prévu, alors que Philippe Poutou tiendra bien un meeting à Annecy.
Quelles zones d'ombre ?
Nous le savons depuis jeudi soir. Daesh, via son organe de propagande Amaq, s'est empressé de revendiquer l'attentat sur les Champs-Elysées. Mais cette revendication n'est pas sans poser de questions. En effet, dans son communiqué, l'organisation Etat islamique mentionne l'acte d'un certain "Abu Yussuf Al-Baljiki", sous-entendu "le Belge".
Or, les forces de l'ordre en ont à présent la certitude : l'assaillant qui a été abattu, Karim C, âgé de 39 ans, était un Français originaire de Seine-Saint-Denis... et non un Belge. Un temps recherché dans la soirée du jeudi, un homme recherché par la police belge dans le cadre des attaques s'est depuis rendu aux autorités. Le parquet a ensuite démenti, "à l'heure actuelle, tout lien entre l'évènement et la Belgique". S'agit-il d'une erreur de Daesh, ou d'un surnom donné pa extension à Karim C, en référence à d'éventuels déplacements antérieurs en Belgique ? Difficile de le savoir. Autre hypothèse, développée par un journaliste spécialiste de l'EI : "al balgiki" aurait aussi pu être utilisé pour "déjouer la surveillance".
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