JUSTICE – Les avocats des parties civiles du procès des attentats de janvier 2015 ont débuté jeudi leurs plaidoiries, qui doivent se poursuivent jusqu'au 3 novembre.
"Une réponse au terrorisme." Près de deux mois après l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015, les robes noires se succèdent depuis jeudi pour plaider pour les plus de 200 personnes qui se sont constituées parties civiles dans le dossier des attentats de janvier 2015. Dix-sept personnes ont perdu la vie au cours de ses attaques perpétrées sur trois jours, d'autres ont été physiquement blessées, psychologiquement marquées par la perte d'un proche, leur présence sur ou à proximité des sites, et ne s'en remettront peut-être jamais.
"Ce procès est une réponse au terrorisme dont on n'entrevoit toujours pas le début de la fin", a estimé Me Claire Josserand-Schmidt, avocate de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), au premier jour de ces plaidoiries, alors que la ville de Nice venait d'être frappée à nouveau par une nouvelle attaque. "Ce procès est pour l'Histoire, histoire qui en réalité n'en finit jamais de se répéter", a-t-elle ajouté citant les récents attentats perpétrés en France, celui du 25 septembre, rue Nicolas Appert à Paris, au cours duquel deux personnes ont été blessées, et l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire à Conflans-Sainte-Honorine, trois semaines plus tard.
"L'immense dignité des victimes"
"Ce procès, c'est le procès de la liberté fait à la terreur islamiste. Nous nous garderons en mémoire l'immense dignité des victimes Vos proches étaient des dessinateurs, des journalistes, des policiers, des agents d'entretien, des individus nés juifs. Ils sont été assassinés lâchement, méthodiquement", a plaidé l'une des avocates de la Licra, Me Galina Elbaz. "Le bras armé du terrorisme mène une guerre à notre cervelle, à l'intelligence. C'est la haine du mécréant à l'état brut."
"Aucune victime n'a choisi d'être ici", a fait remarquer Me Josserand-Schmidt aux onze accusés présents à l'audience. Ces victimes, certaines ont assisté aux audiences, d'autres n'ont pas trouvé la force de le faire. Certaines ont témoigné, en larmes souvent, revivant à la barre ces scènes vécues le 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo ou à proximité, le 8 à Montrouge, le 9 à l'Hyper Cacher. Des amis des défunts se sont également succédés devant les magistrats pour faire part du vide abyssal laissé par la perte d'un être cher.
"Vous avez demandé à chaque victime ce qu'elles attendaient de ce procès", a rappelé Me Antoine Comte à la cour. "Chloé Verlhac vous a répondu : 'J'ai besoin de comprendre les dysfonctionnements, les levée de surveillance parce que je vais devoir les expliquer à mes enfants'. Vous n'avez pas fait ce choix." Me Comte et les familles des victimes de Charlie Hebdo qu'il représente avaient demandé à ce que soit entendu Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, mais la cour "a estimé que ça n'était pas nécessaire", a souligné l'avocat. "On avait entendu Mme Hidalgo. Elle a montré de l'empathie, mais quel rôle politique et décisionnel avait-elle ? Quand je vous ai demandé d'interroger la seule personne au coeur du pouvoir décisionnel, vous n'avez pas voulu le faire."
"Le bal des hypocrites"
Aux questions sans réponse, s'ajoutent pour les victimes le comportement des personnes poursuivies aujourd'hui. "Il y a eu deux actes dans ce procès. Le premier, où tout a été évoqué, puissant et profond, digne et courageux. Instants d’émotion, de sincérité et d’amour. Et il y a eu le second, qui fût le bal des hypocrites, des cris, des grands gestes et de la lâcheté… Visage pleutre de ce terrorisme qui ne revendique pas, qui n’assume pas", a souligné Me Caty Richard. "Lâcheté ou 'Taqiya', le résultat est le même : il offre aux victimes l’image désolante de comédiens qui surjouent un rôle de voyou pour échapper à leur responsabilité de base arrière, base arrière de ces kamikazes à la mode, islamistes qui tuent jusqu’à leur mort."
"Sigolène Vinson s'est mise à nue devant vous, elle vous a livré tous les détails, les flaques de sang, les matières organiques, des éclats d'os comme des paillettes. J’aurais aimé que les accusés se mettent à la hauteur de Sigolène Vinson. Au lieu de ça, ils ont la mémoire qui flanche", a regretté Me Isabelle Guttadauro, l'avocate de cette rescapée de l'attentat de Charlie Hebdo pour qui les accusés ont été des "maillons de l'entreprise terroriste". "Ils ne se sont pas réveillés un matin armés jusqu'aux dents avec la fée Carabosse (...) C'est AQPA, Daech et le grand banditisme qui se prennent par la main pour une danse macabre et ce sont des amis qui savent et ne disent rien."
Les plaidoiries des avocats des parties civiles doivent reprendre lundi à 9h30. Le réquisitoire du parquet national antiterroriste (Pnat) est attendu mercredi après-midi et jeudi. La défense plaidera ensuite jusqu'au 11 novembre. Le verdict est attendu le 13 novembre.
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