Bagarre filmée au Blanc-Mesnil : une plainte déposée contre les policiers de la BAC

C'est une vidéo devenue virale en quelques heures et qui enregistre plusieurs centaines de milliers de vues. Sur les images de cette séquence tournée au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), deux fonctionnaires de police interdisent l’accès au hall d'un immeuble aux autres jeunes présents et tentent d'empêcher la personne qui immortalise la scène de le faire pendant une bagarre entre un policier de la BAC et un homme.

"Mais c'est quoi ça. (...) Tu me parles de pas filmer", dit celui qui a le téléphone en main et qui fait la vidéo du garçon et du fonctionnaire de police qui échangent des coups dans le hall. Le policier pousse l'appareil du jeune avec sa main. "Touche pas à mon téléphone ! Moi, je te dis sinon je vais rentrer avec toi dans l'immeuble et je vais te casser ta bouche", menace l'homme qui filme. Ce dernier tente ensuite de pénétrer dans l'immeuble pour venir en aide au garçon et dit à l'un des policiers : "Prends ton collègue". Le fonctionnaire lui répond : "Bah vas-y toi, éteins ton film". Un autre policier dit :"C'est bon les gars". La vidéo s'arrête.

Suite à la diffusion des images sur les réseaux sociaux, la préfecture de police a annoncé, mardi soir via un tweet, que" le préfet de police saisissait l'IGPN aux fins d'établir les circonstances dans lesquelles les faits montrés par ces images se sont produits".

Mais trois jours après les faits, et alors que la vidéo multiplie les vues, le parquet de Bobigny n'a toujours pas ouvert d'enquête, ce que dénonce l'avocat du jeune garçon qui a eu maille à partir avec la police. 

"Le procureur n'a pas ouvert d'enquête préliminaire. Il n'a rien fait du tout", dénonce Me Yassine Bouzrou, avocat de jeune homme qui s'est bagarré avec le policier, auprès de TF1info. "La plainte a été envoyée jeudi au parquet de Bobigny. Elle vise des faits de 'violences par personnes dépositaires de l'autorité publique' contre les trois policiers, car outre celui qui frappe la victime, les deux autres empêchent les personnes d'intervenir. La plainte vise aussi des 'injures à caractère raciste', mon client est noir de peau, et un 'faux en écriture publique' puisque les policiers ont fait une main courante révélée par RTL après cette intervention et qui raconte n'importe quoi."

Selon Me Bouzrou, tout aurait dégénéré après que son client, "un jeune homme âgé de 20 ans, tout mince", a demandé aux policiers pourquoi "ils multipliaient les contrôles d'identité". "Il dit que le policier lui a ensuite proposé de faire un 'tête-à-tête' dans le hall d'immeuble en lui disant 'viens dans le bâtiment, je vais te niquer ta race'. Mon client dit qu'il ne voulait pas, et que le policier l'a isolé dans cet espace, qu'il a fermé la porte et qu'il a dit à ses collègues de ne laisser personne entrer. Là, le policier a commencé à le tabasser, à le rouer de coups. Mon client a tenté de se défendre."

L'avocat précise que son client a "une mention à son casier judiciaire" mais qu'il n'a "jamais fait de prison". "Ça n'est pas du tout un profil de délinquant", insiste-t-il.  Blessé au visage et au nez, le jeune garçon doit voir les médecins ce vendredi. "Il saignait abondamment. Il va passer des radios, car il y a un gros soupçons de fracture au nez."

La robe noire tient aussi à rapporter les propos qu'un témoin aurait entendu de la bouche d'un des policiers : "On ne risque rien, le procureur est notre ami." Une autre source indique que le policier qui aurait porté les coups serait nouveau à la brigade anti-criminalité, mais qu'il travaillait déjà au Blanc-Mesnil et que les habitants du secteur le connaissent.

Joint par TF1info ce vendredi, le parquet de Bobigny nous indique n'avoir "pas encore reçu de plainte" : "Aucune enquête pénale n'est ouverte pour l'instant."