Bastien, 3 ans, tué dans un lave-linge : les parents devant la justice

par Maud VALLEREAU
Publié le 8 septembre 2015 à 7h02, mis à jour le 13 octobre 2018 à 8h14
Bastien, 3 ans, tué dans un lave-linge : les parents devant la justice

DRAME – Le procès des parents du petit Bastien s'ouvre mardi devant les assises de Melun. Une affaire particulièrement difficile dans laquelle le père est accusé d'avoir tué l'enfant en l'enfermant dans une machine à laver et la mère de "complicité de meurtre" et de "violence". La famille était suivie par les services sociaux, qui n'ont rien vu du drame qui se tramait.

Le 25 novembre 2011, Christophe Champenois appelait le Samu parce qu'il avait un "petit souci" : son fils était tombé dans l'escalier. Il lui avait donné un bain pour "apaiser ses douleurs" mais après s'être absenté, l'enfant de 3 ans avait de "l'eau qui sortait de la bouche". Les secours dépêchés dans l'appartement de Germigny-L'Evêque (Seine-et-Marne) n'avaient rien pu faire. Le petit garçon aux cheveux blonds et aux yeux bleus était décédé. Une nouvelle qui avait un peu contrarié Christophe Champenois parce qu'il n'allait plus "toucher les allocations que pour un enfant". Des paroles à peine croyables, rapportées par un pompier venu prodiguer les premiers soins, qui auraient pourtant été prononcées par un père qui venait de perdre son fils.

Des mots qui annonçaient la rudesse d'un procès qui se tiendrait quelques années plus tard. Car l'histoire du petit Bastien est de ces faits divers qui marquent les esprits. De ces dossiers d'instruction dont la simple lecture donne la nausée. Mardi, devant la cour d’assises de Seine-et-Marne, Christophe Champenois, et la mère de l'enfant, Charlène Cotte, s'assiéront sur le banc des accusés. Le premier pour le meurtre aggravé du garçonnet, le second pour complicité et violence. Bastien n'est pas mort noyé comme le couple avait tenté de le faire croire. La vérité sortira de la bouche de sa petite sœur de 5 ans : "Papa a mis Bastien dans la machine à laver car il a fait des bêtises à l'école".

"Il y avait eu plusieurs alertes"

Avec ses mots d'enfant, Maud racontera que son père avait déjà mis Bastien dans la machine pour le punir mais cette fois, il avait appuyé sur le bouton. Son petit frère avait crié durant cinq minutes. Puis s'était tu. Pendant ce temps, avec sa mère, elle faisait un puzzle. Quand son père avait sorti Bastien, il avait une couleur bizarre et ne lui répondait plus. Face aux différentes versions des parents s'accusant mutuellement, la petite Maud sera la seule à ne jamais varier dans son récit aux enquêteurs. L’autopsie révélera la présence d’un "œdème cérébral important et des hématomes pulmonaires", consécutifs aux accélérations et décélérations du tambour. L'histoire de Bastien est ainsi celle d'un enfant martyr que l'on place dans une machine à laver et sur lequel on referme le couvercle. Avant de faire tourner une heure, d'abord en mode essorage puis en mode lavage.

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"On est face à un crime abominable et inédit. Je n'ai pas connaissance d'un tel précédent", commente Yves Crespin, avocat de l'Enfant bleu-Enfance maltraitée, partie civile, pourtant rompu aux affaires difficiles. Quatre ans après les faits, l'avocat espère surtout des réponses "de la part des services sociaux qui n'ont pas été capables d'identifier la situation de danger dans laquelle se trouvait Bastien." Car dans ce procès, la responsabilité de ceux qui n'ont pas su voir sera inévitablement discutée. La famille, sans emploi, et en grande difficulté sociale et psychologique, était suivie depuis 2009. "Elle bénéficiait d'un accompagnement socio-éducatif relativement important, les services sociaux intervenaient régulièrement, et il y avait eu plusieurs alertes préoccupantes", regrette l'avocat.

Le rôle de la mère en question

L'enquête montrera que le garçonnet était violenté et humilié presque tous les jours par ce père qui ne le désirait pas et qui passait ses journées à boire et à fumer du cannabis. Enfermé dans le placard, la bouche scotchée, les mains attachées, laissé au bord d'une fenêtre, ou encore menacé à bout portant avec une arme à feu, comme le rapportera un voisin... Un jour, Bastien montrera la bosse sur sa tête à la travailleuse de l’intervention sociale et familiale. "C'est papa qui m'a fait ça", lui dira-t-il. Questionnée, la mère prétendra qu'il s'est blessé en jouant à l'école. Personne ne cherchera à en savoir plus. Charlène Cotte "aimait son fils, elle ne l'a jamais maltraité", assure son avocate Linda Zaoui-Ifergan, qui décrit une femme battue "alors sous l'emprise de son compagnon violent". Son rôle avait longtemps interrogé les enquêteurs. Dans un premier temps poursuivie pour "non-assistance à personne en danger", la mère de famille sera ensuite accusée de l'homicide puis finalement renvoyée devant la justice pour "complicité de meurtre" et "violence". Accusations réfutées par Me Zaoui-Ifergan. "Elle a tenté de s'interposer, de protéger Bastien, mais elle n'a pas pu, M. Champenois l'a jetée à terre".

Le principal accusé, lui, dit ne plus se rappeler. "Il est prêt à s'expliquer mais sa mémoire est défaillante, développe sa défense Me Jean-Christophe Ramadier. C'est peut-être à cause de sa maladie mais peut-être aussi parce qu'il est incapable de mettre des mots sur ce qui lui est reproché". L'accusé souffre d'un "méningiome", une tumeur au cerveau qui provoque des crises d'épilepsie. Le 24 novembre 2011, veille du drame, le père de famille semblait plus clairement exprimer les choses. Il avait appelé l'assistante sociale en criant que si elle ne faisait rien, "il balancerait Bastien du deuxième étage même s'il doit faire quinze ans de prison". Il était tombé sur le répondeur.

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Maud VALLEREAU

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