JUSTICE - Douze membres de la communauté des gens du voyage comparaissent depuis ce jeudi 4 février devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour avoir bloqué l'autoroute A1 l'été dernier après un refus d'autorisation de sortie temporaire de prison d'un des leurs pour assister à des obsèques. La portion de l'autoroute avait été prise d'assaut mais les gendarmes n'étaient pas intervenus.
Un procès sous haute surveillance, un tribunal cerclé par les CRS et des fouilles renforcées. Douze membres de la communauté des gens du voyage comparaissent ce jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel d’Amiens (Somme) pour des actes de vandalisme sur l’autoroute A1 au cœur de l’été. Ils sont soupçonnés d’avoir bloqué pendant près de quatorze heures le 28 août l'une des routes les plus empruntées d’Europe , créant d’importants embouteillages en ces jours de retours des vacances d’été. La plupart sont poursuivis pour "entrave à la circulation", "dégradations volontaires" et "abstention de combattre un sinistre".
"Vous savez qui on est?"
Tout commence trois jours plus tôt. Un forcené ouvre le feu chez des gens du voyage sédentarisés à Roye. Deux adultes, un bébé et un gendarme sont tués. La contestation commence lorsqu’un juge d'application des peines refuse d’autoriser une sortie sous escorte d’un membre de la famille, alors en prison, pour se rendre aux obsèques. Une soixantaine de personnes convergent alors dans la nuit du 28 au 29 août vers le péage de Roye. Certains, munis de battes de fer, déploient sur la chaussée des poubelles, incendient des pneus, alimentent le feu avec les arbres du bas-côté et immobilisent un poids lourd en travers de ce tronçon d'autoroute pris d'assaut.
Les gendarmes, appelés par les habitants en raison de vols dans des garages du secteur, ne peuvent que constater les dégâts. "Vous savez qui on est ? Vous ferez mieux de nous laisser faire", lance l'un des émeutiers à un gendarme. "Nous, on est des hommes, on n'est pas des Arabes", lâche un autre, selon les propos rapportés par les forces de l'ordre qui justifient leur passivité : "Le rapport de force était clairement en notre défaveur".
L'Etat accusé de laxisme
L'Etat avait été pointé du doigt pour avoir "laissé faire" et la justice pour avoir cédé face à la pression des émeutiers puisque dès le lendemain, 10h30, l'autorisation de sortie sous escorte était accordée au proche des victimes emprisonné. Les critiques s'étaient faites plus virulentes encore quand la presse apprenait qu'aucun individu n'avait été interpellé à la suite de ces événements. Au terme d'une enquête minutieuse, les enquêteurs ont alors épluché les reportages diffusés par les télévisions, les photographies de presse et les images aériennes de l'hélicoptère de la section de recherche d'Amiens. La géolocalisation des téléphones portables a aussi permis aux gendarmes d'interpeller quelques semaines plus tard une dizaine de membres de la communauté du voyage, "tous des proches de la famille des victimes", a rappelé la présidente à l'ouverture de l'audience.
"Il faut comprendre la douleur de ces gens dans le contexte d'un drame qui a marqué la communauté. La décision d'interdire une sortie sous escorte était incompréhensible", a regretté Jérôme Crépin, l'avocat de quatre prévenus, qui ne conteste pas les faits reprochés à ses clients. "La démocratie se passe dans les urnes. Mais la colère est parfois une forme d'expression. D'autant que le préjudice est minime", a-t-il ajouté. La société d'exploitation du péage, la Sanef, a estimé sa perte à près de 500.000 euros. Pendant deux jours, le tribunal va devoir établir, au terme d'un procès annoncé comme "complexe" par le parquet, la responsabilité de chacun des douze prévenus.
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