JUSTICE - Douze membres de la communauté des gens du voyage comparaissent jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour avoir bloqué l'été dernier l'autoroute A1 en Lille et Paris. Compte rendu d'audience.
Le mécontentement d’une décision de justice mérite-t-il le blocage d’une portion d’autoroute pendant près de quatorze heures ? Cette question, la présidente l’a posée à chacun des douze membres de la communauté du voyage renvoyés jeudi 4 février devant le tribunal correctionnel d’Amiens (Somme) pour avoir pris d’assaut l’A1 au niveau du péage de Roye dans la nuit du 28 au 29 août dernier, créant des embouteillages monstres.
Les prévenus qui se succèdent à la barre assument, voire pour certains revendiquent, leur présence sur l’autoroute. "Il fallait le faire", explique Michel, 49 ans, petite moustache noire. En toile de fond, le refus de la justice d’accorder à l’un des leurs une autorisation de sortie de prison , sous escorte, pour aller à l’enterrement de son père. Ce dernier a été tué quelques jours auparavant au cours d’une fusillade dans un camp de Roye par un forcené qui a fait quatre victimes, dont un bébé et un gendarme. Seule une décision contraire en appel, dès le lendemain, avait fait cesser le blocage et les feux de pneus.
Les prévenus ont réponse à tout
"Regrettez-vous l’ampleur que ça a pris ?" demande la présidente. Mickaël, 25 ans, auto-entrepreneur, répond par la négative. "Si la décision avait été bonne dès le départ, il n’y aurait jamais eu ça, explique-t-il. Beaucoup manifestent et bloquent les routes : les taxis, les agriculteurs…" Autre prévenu. Autre question. "Vous trouvez que c’est normal que tout flambe sur l’autoroute ?" questionne la procureur de la République. "Vous croyez que c’est normal de refuser à un enfant d’aller voir son père à l’enterrement ?" lui oppose Dimitri, 37 ans, auto-entrepreneur.
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Interpellés plusieurs mois après les faits, ces proches des victimes de la fusillade du camp de Roye, auraient, selon l’enquête des gendarmes de la section de recherche d’Amiens, été reconnus grâce aux photos de presse ou des reportages de chaînes de télévisions. "La seule image où on me voit, c’est une photo en arrière-plan, à 200, 300 mètres. Ce n’est pas moi", conteste Samuel 31 ans, père de deux enfants.
Préjudice de 500.000 euros
Pour chaque élément de preuve de leur implication mis en avant par le tribunal, les prévenus, la plupart déjà condamnés pour des faits de vols, ont une réponse. La géolocalisation ? "Oui, j’étais à la veillée funèbre pour les victimes. Mais je ne suis pas allé sur le barrage", affirme Dimitri, tout en reconnaissant son rôle de manifestant. Le procès-verbal signé chez les gendarmes qui confirme la participation d’untel aux dégradations ? "Je ne sais ni lire ni écrire ni compter", répond l’un d’entre eux. Une partie des prévenus est poursuivie pour ne pas avoir aidé les pompiers à éteindre le feu. "C’est leur métier, je n’allais pas prendre une bouteille d’eau pour le faire à leur place", rétorque un autre. Rires dans la salle parsemée de proches de la communauté des gens du voyage.
La légèreté avec laquelle ces hommes font face à la justice – la plupart sont seulement poursuivis pour entrave à la circulation –, fait bondir de son siège la représentante du ministère public qui tente de les mettre face à leurs responsabilités : "Vous pensez que vous avez bien agi ? Et si tout le monde faisait la même chose s’il n’est pas d’accord avec une décision de justice ? Le préjudice est de 500.000 euros !" L’avocat de quatre prévenus, Jérôme Crépin, s’emporte dans une plaidoirie avant l’heure. "Je me demande si on a bien mesuré la relation qui existait dans cette communauté entre les vivants et les morts. Et la peine de ces gens-là, leur degré de douleur ? Redescendez à leur hauteur d’hommes", argue-t-il. La présidente tranche : "Le tribunal a bien conscience du contexte." Le procès se poursuit vendredi matin. Le délibéré sera prononcé sans doute dans la foulée. Un important dispositif policier est prévu à l’intérieur et autour du tribunal.
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