"C'est trop dur" : traumatisé, le photographe de Libé blessé par Dekhar renonce à déposer au procès

Publié le 22 novembre 2017 à 14h43
"C'est trop dur" : traumatisé, le photographe de Libé blessé par Dekhar renonce à déposer au procès

Source : AFP

JUSTICE – César S., assistant-photographe de Libération en 2013 et grièvement blessé par Abdelhakim Dekhar, devait déposer ce mercredi matin devant la cour d’assises où est jugé son agresseur pour tentatives d’assassinat. A la dernière minute, ce témoin qui est aussi partie civile, traumatisé par cet événement, a renoncé.

Il devait être le premier à déposer ce mercredi matin à 9h30. L’audience a débuté avec du retard et, finalement, l’avocat de César S. Me Soussen, a annoncé que son client ne viendrait pas.

Le 18 novembre 2013 vers 10h10, ce jeune assistant photographe alors âgé de 23 ans a été blessé dans le hall du quotidien Libération par celui que l’on surnommera plus tard "le tireur parisien" ou le "tireur de Libé". Muni d’un fusil à pompe, l’homme dont on ignorait alors l’identité, lui a tiré une balle dans le dos, à hauteur du thorax. Celle-ci a transpercé le corps de la victime, avant d’en ressortir et de se loger dans le mur. 

César S., dont le pronostic vital a été engagé un temps, a  été hospitalisé deux semaines à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il présentait une "plaie par arme à feu avec orifice d’entrée de 2 cm puis de 6 cm", selon le médecin. Il a été opéré et s’en est finalement sorti, mais avec de graves séquelles physiques et psychologiques. Ce mercredi matin, son avocat Me Soussen a distribué au président de la cour d’assises et aux parties,  la lettre écrite par son client, dans laquelle il "s’excuse" de son absence.

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"C’est au-dessus-de mes forces"

Dans cette missive manuscrite, César S. écrit : "J’ai tout fait pour me convaincre de venir mais c’est au-dessus de mes forces. Depuis maintenant 4 ans, je lutte pour me reconstruire, mes cicatrices et ma douleur dans le bas des côtes me rappellent au quotidien ce que j’ai vécu et ce que je vis."

Il ajoute : "Me retrouver dans cette atmosphère avec l’homme qui a failli arrêter ma vie me tétanise. Certaines personnes ont, je pense, besoin d’affronter cela. Pour ma part la reconstitution a déjà été extrêmement éprouvante  émotionnellement. Depuis huit jours, je dors mal et très peu, je manque d’attention et fais énormément de crises d’angoisse qui sont déjà présentes depuis 4 ans. Assister à cette audience est trop dur à surmonter pour moi." Le jeune homme s’excuse une nouvelle fois avant de signer la lettre de son nom et de dater son écrit. 

Il n’a jamais témoigné

César S. est le seul à avoir été blessé physiquement pas les tirs d’Abdelhakim Dekhar. La doudoune qu’il portait ce matin ce 18 novembre 2013 a "explosé" avec le coup de feu. Plusieurs témoins ont évoqué les plumes et le sang dans le hall d’accueil de Libération, comme la victime qui a marché sous leurs yeux avant de "s’effondrer au sol." A part ses auditions aux enquêteurs et au juge d’instruction, César S. n’a jamais témoigné depuis les faits. Il a même refusé la visioconférence qui lui a été proposé ce mercredi. Me Soussen a fait savoir qu’il l’avait préparé à ce procès, qu’il pensait qu’il pourrait venir. "Finalement il n’a pas pu." 

L’avocat a précisé que son client avait "mis 10 mois pour se remettre de ses blessures physiques". " Et quand il est arrivé au pic du mieux physique, il a commencé à aller beaucoup moins bien psychologiquement", a-t-il précisé. 

Cicatrices et angoisses

César S. a aujourd’hui de grosses cicatrices sur le corps, une ronde dans le dos correspondant à l’orifice de la balle, l’autre devant, verticale et sur plusieurs centimètres, correspondant à l’opération menée par les chirurgiens pour le sauver. En plus de cela, il a des angoisses, des peurs, des difficultés à dormir et il lui est impossible, compte-tenu de ses blessures de prendre l’avion. 

Interrogé par le juge d'instruction sur son sentiment après les faits, César S. avait indiqué : "Je trouve cela plus ou moins injuste. En colère ? Je ne sais pas... La question que je me pose c'est : pourquoi moi ?" 


Aurélie SARROT

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