SOCIÉTÉ – Depuis le samedi 1er mai, les habitants du quartier de Stalingrad (19e arrondissement de Paris), sont les témoins de scènes incroyables de tirs de mortiers. Le fait d'habitants excédés par le trafic de stups, selon la police. Témoignage d'une habitante qui a filmé certaines scènes.
Julie vit dans le quartier de Stalingrad, dans le Nord-est de la capitale, et plus précisément aux abords de l'avenue de Flandre. Tous les soirs depuis le 30 avril, les riverains assistent à des tirs de mortiers à l'encontre de personnes qui se trouvent sur le bitume. Selon la police, ces heurts opposeraient riverains et toxicomanes du crack qui se bagarrent, crient et laissent des accessoires nécessaires à la consommation de drogue sur place.
Julie, qui a immortalisé certaines de ces scènes, détaille à LCI les événements dont elle a été témoin. "Dans la nuit de vendredi à samedi et de samedi à dimanche, on a été réveillés en pleine nuit par des tirs. On avait vraiment l'impression que des gens tiraient avec des armes dans la rue, c'était très impressionnant", se souvient-elle. "Quand on a regardé par la fenêtre, on s'est rendu compte que c'était des tirs de mortiers. Il semblerait que ce soit [...] les riverains et [...] qu'ils étaient lancés à l'encontre des toxicos qui étaient sur la place, devant ce bâtiment de la Cramif (Caisse régionale d'assurance maladie d'Ile-de-France, ndlr)".
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"Ça aurait pu être dramatique"
Selon plusieurs policiers parisiens, les tirs seraient lancés par des habitants qui sont à bout. De quoi ? De voir chaque soir des dealers se livrer à du trafic sous leur fenêtre. D'autres pensent que les tirs sont l'œuvre de dealers, qui veulent garde leur territoire. "Rien ne prouve que ce sont des riverains qui tirent sur des trafiquants, mais en tout cas, on le voit sur les vidéos et de ce que j'ai pu constater moi de ma fenêtre, c'est que les tirs proviennent d'un hall d'immeuble et que la personne qui les tire est bien dans un hall dont elle ne sort pas. Tout porte à croire que c'est effectivement une personne qui habite dans cet immeuble et qui a décidé de régler le problème par elle-même ", relate Julie.
Julie comprend l'exaspération, mais ne veut pas d'une solution pire que le mal. "La solution est à débattre parce que c'était assez effrayant et ça aurait pu être dramatique. Je crois qu'il n'y a pas eu de blessé ni pire, donc tant mieux. Mais ça aurait pu".
"Il y a certaines rues qu'on évite"
Selon Julie, cela fait "des mois et des années que ces gens sont là et qu'ils agressent". "Il y a un sentiment d'insécurité qui est croissant dans le quartier. Donc je me mets à la place de ces personnes. On dort plus. On est constamment réveillés par des cris, par des bagarres. La journée, il y a certaines rues qu'on évite. On change de trottoirs parce qu'on est avec nos enfants et on croise des gens en train d'allumer des pipes à crack ou en train de se piquer. Il y a certains jardins d'enfants qu'on est obligés d'éviter. [...] Il y a une ambiance qui est tellement sombre dans ce quartier depuis des mois, voire des années que, même si je ne valide pas cette réaction qui me semble dramatique, je la comprends".
Jusqu’où laisserez-vous faire @GDarmanin @prefpolice @olivierveran ? Démanteler la Colline de Stalingrad/Flandre/Éole, sanctuaire national du crack, est la seule issue pour reprendre le contrôle de la situation ! https://t.co/InhLiHpkZ1 — François Dagnaud (@FrancoisDagnaud) May 1, 2021
François Dagnaud, maire du 19e, est bien au courant de la situation. Il demande d'ailleurs des mesures et des renforts depuis des mois sur le secteur. Il a une nouvelle fois interpellé le ministre de l'Intérieur samedi dernier sur les réseaux sociaux notamment.
Le parquet de Paris, lui, a ouvert ce mardo une enquête préliminaire du chef de "violences avec arme". Les investigations ont été confiées à la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne.