Féminicide "sauvage" de Natacha : son compagnon condamné à 27 ans de prison

Antoine Rondel avec AFP
Publié le 5 septembre 2020 à 10h52
Féminicide "sauvage" de Natacha : son compagnon condamné à 27 ans de prison
Source : AFP

VIOLENCES - Jugé depuis le mardi 1er septembre pour le meurtre particulièrement violent de sa compagne, en juillet 2017, Maurice Patrac a été condamné, vendredi 4 août, à une peine de 27 ans de prison par la cour d'assises de Carcassonne.

Au bout de quatre jours de procès, la cour d'assises de l'Aude a condamné, vendredi 4 septembre, Maurice Patrac à 27 ans de réclusion criminelle pour le meurtre en juillet 2017 de sa compagne Natacha, à qui il a fait subir une "interminable agonie" après des années d'emprise et d'"enfer domestique". Un long calvaire qui se terminera par ce féminicide "sauvage", en juillet 2017, dans un champ isolé, près de Carcassonne.

Sa compagne était sa chose
L'avocate générale

Les journées de procès ont été marquées par le récit insoutenable des violences et brimades subies par Natacha, de l'emprise sous laquelle cet homme de 38 ans l'a tenue pendant leurs dix-huit années de relation, d'où sont nés quatre enfants. L'accusé, alcoolique et consommateur de drogue, était "habité par une jalousie paranoïaque et considér[ait] que sa compagne était sa chose". Déjà condamné pour violences conjugales, sur sa compagne et sur une mineure de moins de 15 ans, fille de cette dernière, la dangerosité de Maurice Patrac était connue de toutes et tous au village d'Alzonne, où les habitants, dont le maire, avait déjà conseillé à Natacha de partir.

Le meurtre s'est noué le 20 juillet 2017, alors que la victime était sortie acheter des médicaments. Ne la voyant pas rentrer, le meurtrier s'est mis à sa recherche, en compagnie de Steven, son neveu, et la compagne de ce dernier. Le trio la retrouvera à Carcassonne peu avant minuit, avant qu'elle ne l'emmène dans un champ pour la battre, à l'aide d'une matraque hérissée de clous. Le supplice se poursuivra au domicile conjugal, où Natacha mourra, dans une mare de sang, tuée à coups de pierre. Maurice Patrac sera arrêté dès le lendemain par les gendarmes, alertés par sa sœur.

Le paroxysme de quelque chose qui dure depuis des années

Au cours du procès, l'emprise, la dépendance et la violence qui ont entouré ce féminicide ont été au coeur des audiences, au même titre que la personnalité de l'accusé. Le meurtre de Natacha, vue comme un "objet" par son compagnon, sera ainsi décrit comme "le paroxysme de quelque chose qui dure depuis des années". L'avocate générale a souligné "non seulement la volonté de tuer, mais celle de faire souffrir". L'avocat de la défense, lui, a plaidé la volonté "de faire peur, de donner une correction, pas de tuer", appuyant sur la personnalité de l'accusé : "Vouloir faire de ce procès un exemple c'est dire que Maurice Patrac avait tous les outils" pour ne pas en arriver là, a-t-il dit, rappelant le "conditionnement familial qui fait ce qu'il est aujourd'hui", fait de parents alcooliques et d'un père violent. 

La peine de 27 ans de prison - le parquet avait requis la perpétuité - a satisfait les parties civiles : "Le plus important était de reconnaître la culpabilité des accusés". Le Collectif 11 de défense des droits des femmes, partie civile, a de son côté jugé "important" que des associations féministes fassent cette démarche, pour "aller dans le sens de ce véritable enjeu de société que sont les féminicides".  Son neveu, Steven Patrac, jugé pour "abstention volontaire d'empêcher un crime", a écopé de quatre ans de prison. Sa compagne, présente au moment des faits mais mineure, sera prochainement jugée pour les mêmes motifs.

Depuis le début de l'année, au moins 47 féminicides se sont produits, selon un décompte mené par l'AFP. En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex, 25 de plus qu'en 2018, selon les derniers chiffres officiels. 


Antoine Rondel avec AFP

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