"Chantage à la sextape" : les avocats du maire de Saint-Etienne dénoncent des "accusations ignobles et infamantes"

Publié le 31 août 2022 à 12h27, mis à jour le 31 août 2022 à 12h53

Source : Sujet TF1 Info

Gilles Artigues, ancien premier adjoint au maire de Saint-Etienne, a porté plainte ce lundi pour "chantage aggravé et guet-apens en bande organisée" notamment.
Ce dernier aurait été victime d'un chantage à la vidéo intime filmée, à des fins politiques, par un autre élu de la majorité.
Le maire LR de la ville, Gaël Perdriau, assure "ne pas être au courant" d'un tel projet. Ses avocats envisagent de déposer plainte pour diffamation.

Après Pamela Anderson et Tommy Lee, après Mathieu Valbuena, c'est une autre affaire de chantage à la sextape qui vient d'éclater au grand jour. Et si le nom de la victime est moins connu du grand public, le dossier n'en est pas moins sensible. Cette fois, c'est l'ancien député et premier adjoint à la mairie de Saint-Etienne qui aurait fait les frais de ce type de manœuvre. Selon Mediapart, qui a publié des images compromettantes extraites de la vidéo, les faits remontent à l'hiver 2014. C'est à cette période que l’entourage de Gaël Perdriau, maire Les Républicains de Saint-Étienne, aurait piégé son premier adjoint centriste Gilles Artigues, marié et père de famille, en organisant une soirée intime avec un escort et le filmant à son insu.  La vidéo aurait été tournée par un autre élu municipal de la majorité, Samy Kéfi-Jérôme et c'est d'ailleurs son ex-conjoint, Gilles Rossary-Lenglet qui vient de faire des révélations sur ce dossier. 

Pourquoi un tel piège entre élus municipaux ? Selon nos confrères, il s'agissait de "contenir l’influence de l’élu centriste, dont l’implantation locale était crainte dans la majorité municipale en cas de possible dissidence politique"

" Chantage aggravé, guet-apens en bande organisée…"

Lundi 29 août, huit ans après les faits, la victime, qui a gardé le silence pendant huit ans, a décidé de porter plainte pour "chantage aggravé, guet-apens en bande organisée, détournement de fonds publics et non-dénonciation de faits délictueux". 

Interrogé sur le caractère tardif de la plainte de son client, Me André Buffard a indiqué à l'AFP qu'"au départ Gilles Artigues n’a pas eu conscience de ce qui s’était réellement passé dans cette chambre d’hôtel", ayant notamment le sentiment d’avoir été drogué. Puis, il a cédé au chantage "par souci de préserver sa famille et ses proches". Joint par TF1info ce lundi 29 août, l'avocat ne nous avait pas rappelés dans la soirée. 

"Le parquet de Saint-Etienne a reçu ce jour, 29 août 2022, une plainte de Monsieur Gilles Artigues déposée par son conseil, Maître André Buffard. Cette plainte, annoncée dans l’article publié par Mediapart le 26 août dernier, vise nommément plusieurs élus et notamment Monsieur Gaël Perdriau, maire et président de la Métropole", confirmait lundi à TF1info le procureur de la République de Saint-Etienne, David Charmatz.

Le magistrat ajoute que "conformément aux dispositions de l’article 43 alinéa 2 du code de procédure pénale, et dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, le parquet de St-Etienne a adressé une demande de dépaysement à madame la Procureure générale près la cour d’appel de Lyon aux fins de transmission de la procédure pour compétence au procureur de la République près le tribunal judiciaire de Lyon."

Le maire assure "ne pas avoir vu" la vidéo

Dès samedi, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau avait réagi dans un communiqué. "Je ne souhaite pas faire de commentaire, à ce stade, sur une vidéo que je n'ai pas vue", écrivait-il. Et d'ajouter : "Et dont le contenu, d'après ce que j'en comprends à la lecture de l'article de Mediapart, relève de la stricte intimité de la vie privée des personnes citées et que je n'ai pas à juger.

L'édile assurait également vouloir "bien entendu comprendre tous les tenants et les aboutissants de ce dossier". "Je conteste fermement toute notion de chantage qui serait liée aux décisions que Gilles Artigues a prises récemment au sein de l'équipe municipale et qui ont été commentées", concluait-il. Joint par TF1info lundi 29 août, le service de presse de Gaël Perdriau nous précise que l'édile n'a pas fait de communication depuis et qu'il n'a, pour l'heure, pas sollicité d'avocat dans le cadre affaire. 

Dans un communiqué ce mercredi, les avocats de Gaël Perdriau dénoncent les "accusations ignobles et infamantes" dont fait l'objet leur client. "M. Perdriau est visé depuis le 29 août 2022 par une plainte qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête préliminaire diligentée par le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Lyon. Monsieur Gaël Perdriau conteste l’ensemble de ces accusations", écrivent Me Christophe Ingrain et Julie Pasternak.

"L’autorité judiciaire étant désormais saisie, il souhaite pouvoir s’expliquer dans les plus brefs délais pour porter à la connaissance des enquêteurs la totalité des informations dont il dispose. Elles mettront un terme à la campagne médiatique aussi violente qu’infondée qu’il subit actuellement", ajoutent-ils.  Et de conclure : "La réalité des faits nous conduit à mettre en œuvre les procédures permettant de faire respecter les droits de notre client, et de faire sanctionner, sur le terrain de la diffamation et sur celui de la dénonciation calomnieuse, les graves atteintes à l’honneur et à la probité de Monsieur Gaël Perdriau."

Gilles Artigues dit que cette affaire lui a "pourri la vie"

Dénonçant la "machination" dont il "a été victime", Gilles Artigues a lui remercié ce lundi matin ses "amis" sur Facebook après les "centaines de messages de soutien" qu'il dit avoir reçus depuis la médiatisation de cette affaire. "Elle a pourri ma vie. Cette vie qui est si belle et que j’ai plusieurs fois songé à quitter, tant j’étais désespéré. Beaucoup de choses ont été écrites, certaines fausses et très blessantes pour moi, mon épouse, mes quatre enfants, mes vrais amis…", ajoute-t-il.


La rédaction de TF1 nfo

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