Les refus d'obtempérer au cœur de la controverse

Charente : un policier fait feu après un refus d'obtempérer, l'automobiliste tué

par A.S Raphaël Maillochon
Publié le 14 juin 2023 à 12h59, mis à jour le 15 juin 2023 à 10h56

Source : JT 20h WE

Un homme de 19 ans est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à Angoulême après avoir été atteint par le tir d'un policier.
Le fonctionnaire a fait usage de son arme suite à un refus d'obtempérer.
Le parquet d'Angoulême a ouvert une enquête et l'IGPN a été saisie.

À 4h15 ce mercredi matin, une patrouille de police a voulu contrôler un automobiliste près de Saint-Yrieix-sur-Charente, dans la banlieue d'Angoulême. Ce dernier, à la vue des fonctionnaires, a immédiatement pris la fuite. Captant le message d'alerte sur les ondes police, d'autres fonctionnaires ont décidé de se positionner en amont de la course-poursuite. Ils sont ensuite sortis de leur voiture et ont jeté au sol un barrage de type "stop-stick". Mais à la vue des policiers, l'automobiliste ne s'est pas arrêté et a foncé tout droit sur eux, selon plusieurs sources concordantes jointes par LCI-TF1.

L'un des policiers a alors sorti son arme et tiré. Le chauffard, touché au thorax, est décédé sur le coup. Âgé de 19 ans, il était inconnu des services de police. 

L'IGPN ouvre une enquête

Mercredi soir,la procureure de la République d'Angoulême Stéphanie Aouine a précisé que la victime était de nationalité guinéenne. "Ce jeune homme, inconnu des autorités, est visé par une enquête pour 'refus d'obtempérer et violences avec arme', soit le véhicule qu'il conduisait. Le policier, qui a dû être hospitalisé, est l'objet d'une procédure pour 'homicide volontaire' confiée à l'antenne bordelaise de l'IGPN" a-t-elle précisé. 

"Tout l'enjeu de ce dossier (...) ça sera la question de la légitime défense et des conditions dans lesquelles (le policier) a dû avoir recours à son arme", a souligné la magistrate.

Près de 30 000 refus d'obtempérer par an

Ce décès en Charente intervient alors que les syndicats de police dénoncent une hausse des refus d'obtempérer lors des contrôles routiers. Mi-mai, un automobiliste a été grièvement blessé à la tête par le tir d'un policier municipal en Seine-Saint-Denis après s'être soustrait à un contrôle. Une semaine plus tard, un commandant de police était renversé et grièvement blessé lors d'un contrôle routier à Vienne (Isère).

En 2022, 13 personnes ont été tuées par la police dans le cadre de contrôles en France, un record qu'autorités et syndicats attribuent à des comportements au volant plus dangereux, alors que des chercheurs incriminent une loi de 2017 modifiant l'usage de leur arme par les forces de l'ordre. Cinq policiers ont été mis en examen l'an dernier dans le cadre de ces 13 dossiers de tirs mortels sur une voiture en fuite. Les autres ont été libérés sans poursuite à ce stade.

En 2021, environ 27.700 refus d'obtempérer ont été enregistrés par les policiers et les gendarmes, soit une hausse de près de 50% en dix ans, selon les chiffres officiels.


A.S Raphaël Maillochon

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