Christelle Maillery : pendant 30 ans, le combat d'une mère pour retrouver l'assassin de sa fille

par Flore GALAUD
Publié le 10 juin 2015 à 8h35
Christelle Maillery : pendant 30 ans, le combat d'une mère pour retrouver l'assassin de sa fille

JUSTICE - A compter de mercredi et jusqu'au 19 juin, Jean-Pierre Mura comparaît devant la cour d'assises de Chalon-sur-Saône pour l'assassinat de Christelle Maillery, une jeune fille sauvagement tuée dans une cave du Creusot. Un procès rendu possible par la détermination de sa mère qui, pendant 30 ans, a tout fait pour que Christelle ne tombe pas dans l'oubli.

"Nous ne sommes pas animés d'un désir de vengeance, mais de vérité", confie son avocat. Pendant près de 30 ans, la mère de Christelle Maillery a mené un des combats les plus durs : celui de tout mettre en œuvre pour retrouver celui qui a sauvagement tué sa fille de 16 ans, un matin de l'hiver 86. Pendant toutes ces années, Marie Pichon a tout affronté : une enquête laissée peu à peu à l'abandon, pour ne pas dire bâclée, et la lenteur de l'appareil judiciaire français. Entourée d'autres mères en deuil, à travers l'association "Christelle", elle a pourtant tenu bon, jusqu'à obtenir gain de cause : l'ouverture du procès de l'assassin présumé de sa fille, Jean-Pierre Mura, à compter de ce mercredi, devant la cour d'assises de Chalon-sur-Saône.

18 décembre 1986, 11 heures : Christelle Maillery rentre de l'école. Arrivée près de son domicile à la cité des Charmilles, au Creusot, elle rencontre son futur assassin. Son corps sera retrouvé plusieurs heures plus tard dans une cave par un locataire. Elle a reçu plus d'une trentaine de coups de couteau, dont le premier a été porté dans le dos. Sur place, les policiers peinent à recueillir le moindre indice. Il faut attendre trois mois pour que l'enquête démarre réellement : un couteau, à l'aiguisage très particulier, est retrouvé sous un buisson, à 150 mètres seulement des lieux du crime. Mais la neige est passée par là, effaçant toute trace de sang ou d'ADN. Les résultats des analyses, tout comme les dizaines d'auditions réalisées, ne donnent rien : le juge d'instruction décide alors, en 1990, de prononcer un non-lieu. Officiellement, Christelle tombe donc dans l'oubli.

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Un accusé obsédé par l'affaire

Mais pas pour tout le monde : Marie Pichon, soutenue par l'association dont elle fait partie, se bat corps et âme pour que l'enquête redémarre. En 2001, c'est l'abattement : les proches de Christelle découvrent que les scellés ont été détruits par la justice, laissant peu de chance au moindre rebondissement. Mais en 2005, l'espoir renaît : la famille embauche un détective privé, qui recueille un témoignage pour le moins surprenant. Celui du petit ami de Christelle, qui confie que juste après le crime, un jeune homme du quartier, Jean-Pierre Mura, 19 ans à l'époque , lui a proposé un "dédommagement" pour "avoir tué sa copine". Une confidence que le petit ami, étonnamment, n'a jamais jugé bon de faire connaître.

On aurait pu croire le dénouement proche. Et pourtant, Marie Pichon devra attendre encore sept ans - et l'agression d'une autre jeune femme - pour que cet homme soit inquiété. Lors d'une perquisition à son domicile, les policiers découvrent de multiples couteaux, au même aiguisage que l'arme du crime. Devenu quadragénaire, l'homme, même s'il nie les faits, est mis en examen pour "homicide volontaire". De nombreux indices l'accablent. On découvre notamment que l'homme était obsédé par Christelle. "Après l'assassinat, il a écrit aux policiers pour dire qu'il connaissait le meurtrier, venait régulièrement au commissariat pour y donner des noms.... Il tenait même un carnet sur cette affaire", explique à metronews l'avocat de la famille de Christelle, Me Didier Seban. Pire encore : on découvre qu'il a multiplié les agressions depuis l'assassinat de Christelle. Souvent sur des jeunes femmes qui tenaient des stations-service. Or "les parents de Christelle tenaient une station-service", précise le défenseur.

Comment les enquêteurs ont-il pu passer à côté de tous ces éléments ? Une certaine amertume aurait pu naître sur le banc des parties civiles. Pourtant, aujourd'hui, c'est surtout le soulagement qui prime. "Dans le cœur des parents, que ce soit vingt ans, trente après, le meurtre reste actuel, et il y a ce besoin de connaître la vérité", poursuit Me Seban. Nous sommes convaincus de la culpabilité de monsieur Mura, et attendons que la justice le condamne. Mais ce qui est beau aussi dans ce combat, c'est que c'est un combat citoyen : celui d'une femme pour que ce genre d'individu ne puisse pas être relâché dans la nature et recommencer". Pour que d'autres mères ne connaissent pas ce que Marie Pichon a vécu.  

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Flore GALAUD

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