JUSTICE – Le procureur a requis ce mercredi une peine de 5000 euros d'amende à l'encontre du rappeur Nick Conrad, 35 ans. Ce dernier était jugé pour "provocation directe à commettre des atteintes à la vie" après la diffusion en septembre 2018 de son clip "Pendez les Blancs". La décision sera rendue en mars.
Il est apparu chic et soigné. Grand fin, manteau gris et noir, veste grise, chemise blanche, pantalon noir, cravate et chaussures noires vernies, Nick Conrad était presque méconnaissable. Ce rappeur inconnu au bataillon jusqu'en septembre dernier, date de la diffusion de son clip "Pendez les Blancs ", était jugé ce mercredi pour provocation directe à commettre des atteintes à la vie".
A l'audience, et comme il l'avait fait à l'époque de la polémique autour du morceau, il a répété qu'il voulait "inverser le rôle des Blancs et des Noirs" et qu'il n'avait pas imaginé que les gens puissent prendre cela au "premier degré". Le procureur, pour qui l'artiste a " a outrepassé les limites autorisées de la liberté d'expression dans ce genre singulier qu'est le rap " et qui n'a pas donné "d'explications" convaincantes, a requis à son encontre une peine de 5000 euros d'amende assortie d'un sursis.
"Références cinématographiques"
Avant que cette peine soit requise, Nick Conrad, dont le casier judiciaire est vierge, a tenté d'expliquer pendant un moment sa démarche et de justifier son modus operandi ? Né dans le 12e arrondissement de Paris en 1983, le rappeur domicilié aujourd'hui à Noisy-Le-Grand a raconté à la barre avoir été à maintes reprises victime de racisme en raison de la couleur de sa peau.
Après sa formation en hôtellerie restauration, il a poussé les portes de nombreux hôtels sans pouvoir obtenir un emploi. Il est finalement passé par 'une agence d'Intérim". Jusqu'en septembre, il travaillait comme réceptionniste dans un hôtel 5 étoiles de l'avenue de l'Opéra. Après l'affaire "Pendez les Blancs ", il a perdu son emploi et est depuis au chômage.
"J'ai été surpris des réactions, je me suis dit que des gens n'allaient pas apprécier mais que beaucoup allaient pouvoir trancher, qu'ils comprendraient. Dans le clip il y a de grandes références cinématographiques", a insisté le rappeur à l'audience convaincu que personne ne prendrait ses paroles au premier degré. "Get out" de Jordan Peele et "American history X" de Tony Kaye ont ainsi été cités à plusieurs reprises et deux extraits ont été visionnés à l'audience, extraits dans lesquels apparaissent deux acteurs noirs tués violemment par des blancs.
"Je voulais inverser les rôles pour que les gens se rendent compte que ça pouvait être choquant de voir des choses comme ça, a-t-il poursuivi. L'esclavage c'est une histoire américaine, jusqu'en 1960 environ, mais j'en souffre quand même. J'en souffre dans mon quotidien par répercussion (...) Il y a plein de choses dans ma vie qui m'ont donné envie d'écrire ce morceau".
"Charge violente" envers les Blancs
"J'attendais beaucoup des débats. Je n'ai jamais douté qu'il y avait une infraction mais j'attendais autre chose des explications du prévenu. Je n'ai pas tout compris, a indiqué le procureur au cours de son réquisitoire. Ce que j'ai compris c'est son ressenti fort. Je n'ai pas compris ce que Nick Conrad voulait qu'on comprenne de son message. Si ce n'est que la question du racisme et de l'inversion le taraude"
Pour le représentant du ministère public, "il n'y a pas d'éléments de distanciation. C'est l'ensemble de l'oeuvre qui est violente (…) Le propos n'est jamais nuancé à l'intérieur de la chanson. Il y a une charge violente envers une population identifiable et stigmatisée : les Blancs".
Le tribunal a plusieurs fois questionné le rappeur sur le discernement du public devant un clip si réaliste. Comment être sûr que des internautes n'y verraient pas "un appel à la violence", a ainsi demandé le président, citant ensuite un passage de la chanson appelant à tuer "des bébés blancs". "Je compte sur le fait que ce soit trop gros pour être vrai", a répondu le rappeur qui se dit prêt à réécrire des paroles comme celles-ci.
Réaction (suite) de #NickConrad après l’audience cc @LCI pic.twitter.com/gfbNIjkLnn — Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) 9 janvier 2019
Les avocats de Nick Conrad Me David Apelbaum et Me Chloé Arnoux ont plaidé la relaxe, faisant valoir notamment la liberté d'expression et citant les relaxes d'autres rappeurs dans des affaires similaires, comme Orelsan ou Sniper. La décision sera rendue le 19 mars 2019 à 13h30.
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