Cold case résolu en Isère 36 ans après : la famille de la victime entre "soulagement" et "tristesse"

Publié le 13 mai 2022 à 13h36, mis à jour le 13 mai 2022 à 17h07

Source : JT 20h Semaine

Un homme de 56 ans a été mis en examen pour "enlèvement, séquestration et meurtre", 36 ans après la disparition d'une jeune femme de 25 ans à Pontcharra dans l'Isère, a annoncé jeudi le parquet de Grenoble.
"Un soulagement" mais aussi de "la tristesse" pour la famille de Marie-Thérèse Bonfanti, qui avait aussi deux enfants en bas âge.

Trente-six ans après les faits, il a fini par craquer. Déjà soupçonné de l'enlèvement et du meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 à Pontcharra dans l'Isère, Yves Chatain avait été placé en garde à vie puis relâché faute de preuve.  Cette fois, il a été mis en examen pour "enlèvement, séquestration et meurtre".  

"Aujourd'hui, je suis soulagé mais triste aussi, parce que j'apprends la vérité sur ce qu'il s'est passé sur ma sœur, déclare Eugène Saia, frère de la victime à TF1. On va pouvoir faire un deuil en toute dignité de ma sœur". 

Revenant sur la résolution de ce crime, trente-six ans plus tard, Thierry Bonfanti, le mari de la victime, explique  avoir "été en prison pendant 36 ans". "Lui, le suspect a choisi d'aller en prison, c'est bien, parce qu'il va terminer sa vie comme ça", commente-t-il, ému, sur TF1. 

Un cri "long et dégressif"

En effet, à l'issue de plusieurs heures de garde à vue débutées dimanche 8 mai 2022 et achevées en milieu de semaine, ce même homme a finalement reconnu avoir tué cette femme âgée de 25 ans et mère de 2 enfants. "M.Chatain a expliqué avoir eu le 22 mai 1986 une altercation verbale avec Marie-Thérèse Bonfanti, sa voiture gênant le passage de la sienne. ll est ensuite rentré à son domicile. Elle est allée le retrouver chez lui pour lui demander de s'excuser de son comportement. Il l’a alors saisie par le cou à deux mains et l'a tuée par étranglement. Il a chargé le corps dans le coffre de sa voiture, roulé quelques kilomètres et l'a déposé en pleine nature. Yves Chatain n'a pas donné d'autre mobile pour expliquer son geste", a détaillé Boris Duffau, procureur adjoint de la République de Grenoble, jeudi au cours d'une conférence de presse. 

Le 22 mai 1986 en début d'après-midi, Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, s'était rendu en voiture au 1140 avenue de la gare à Pontcharra pour y livrer des journaux à une personne. Cette adresse correspondait à une maison dans laquelle six logements étaient mis en location. Une autre maison d'habitation, desservie par le chemin de Renevier occupée par le propriétaire des logements loués, était accolée à ce bâtiment. 

Vers 15h30, la jeune femme a été aperçue par une voisine près de son véhicule avec un paquet de journaux en mains, se dirigeant vers l'entrée des locataires. C'est la dernière fois qu'elle a été vue.  C'est son mari, Thierry Bonfanti, qui, inquiet de ne pas la voir rentrer en début de soirée, avait signalé la disparition de son épouse.

Les enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie de Grenoble avaient rapidement entendu deux agents SNCF travaillant à la gare située à proximité. Ils avaient rapporté avoir entendu, vers 15h30, le cri d’une personne qu’ils avaient qualifié de "long et dégressif ", et provenant de la maison où se trouvait garé le véhicule de la victime.

Trois suspects à l'époque, dont le mis en cause

À l'époque, les enquêteurs s'étaient intéressés à trois personnes. Le premier, Thierry Bonfanti, mari de la victime, avait été placé en garde à vue le 29 mai 1986, soit une semaine après les faits. La vérification de son emploi du temps l'avait finalement totalement disculpé. Le deuxième, le destinataire des journaux apportés par Marie-Thrérèse  Bonfanti, avait, lui aussi, été entendu. Il avait également été mis hors de cause, se trouvant au moment des faits à la maternité de Chambéry avec sa femme.

Enfin, le troisième, Yves Chatain, 21 ans à l'époque et propriétaire de la maison située 1140 de l'avenue de la gare et du logement mitoyen. Il avait bien éveillé les soupçons, son profil et son passé judiciaire suscitant l’attention des enquêteurs. En effet, en 1979, alors qu'il n'avait que 14 ans, il avait agressé une femme sur son vélo. En avril 1985, il s'en était pris à une automobiliste en l'étranglant. Pour ces faits de violence, il avait été condamné à 8 mois de prison avec sursis et 5000 francs d'amende. Placé en garde à vue le 29 mai 1986, le couple Chatain avait finalement été mis hors de cause.

L'enquête avait ensuite fait l'objet d'un non-lieu en novembre 1987. Elle a été rouverte en 2020 notamment grâce à "la persévérance des familles" et à la "volonté" des enquêteurs, a déclaré jeudi Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble lors d'un point-presse.

Le corps de la victime n'a pas été retrouvé

Désormais, les investigations doivent se poursuivre sur commission rogatoire du juge d’instruction. Il va s'agir notamment de tenter de retrouver le corps de la victime, qui, malgré les indications du mis en cause, demeure introuvable. 


Aurélie SARROT

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