Condamnés pour la mort d’Eric Lang en Egypte : "Ce ne sont pas eux qui ont assassiné mon fils"

par Maud VALLEREAU
Publié le 15 mai 2016 à 16h41

JUSTICE – Six détenus ont été condamnés à sept ans de prison dimanche pour avoir battu à mort le Français Eric Lang, dans une cellule, en 2013. Un écran de fumée pour la mère de la victime qui estime auprès de metronews que les responsables ne sont pas derrière les barreaux.

Six détenus ont été reconnus coupables d'avoir frappé à mort le Français Eric Lang en 2013 et ont été condamnés dimanche par un tribunal du Caire à sept ans de prison. "Une fumisterie" pour la mère de la victime qui estime que les véritables coupables ne sont pas derrière les barreaux. "Ce ne sont pas ces garçons qui ont assassiné mon fils, j’en suis certaine. La seule bonne nouvelle de ce verdict, c'est qu'ils ne sont pas condamnés à mort", nous confie Nicole Prost, désabusée par ce qu’elle considère être un simulacre de justice.

Le 6 septembre 2013, son fils âgé de 49 ans avait été arrêté à un barrage de police au Caire pour un défaut de passeport. Le lendemain, la justice avait ordonné sa remise en liberté. Mais l'enseignant français, installé en Egypte depuis vingt ans, ne sera jamais libéré. Son décès sera annoncé une semaine plus tard à sa famille. Selon l'acte d'accusation lu par un greffier dimanche, Eric Lang a été roué de coups dans sa cellule par six codétenus. Sa famille estime, elle, que la complicité des policiers, si ce n'est leur responsabilité, doit être engagée. "Ce n’est pas possible que les commissaires ou les policiers présents ce jour-là n’aient rien entendu, avait expliqué Nicole Prost dans une interview accordée à metronews le mois dernier.  Eric a été torturé. Comment, face à un tel déchaînement de violences, n’ont-ils rien vu, rien entendu ?"

"Nous voulons une enquête française"

La mère et la sœur d'Eric Lang, qui ont porté plainte contre deux commissaires de police et le ministre égyptien de l'intérieur pour "séquestration" et "non-assistance à personne en danger", pointaient notamment les incohérences du dossier. "Les deux autopsies pratiquées sont contradictoires. Celle de l’Egypte dit qu’Eric est mort d’une commotion cérébrale. Celle du CHU de Nantes, qu’il a eu les pieds ligotés et a été tabassé à mort", développait Nicole Prost. Une contradiction qui a également été mise en avant par les avocats des condamnés dans leurs plaidoiries. Eric Lang a été battu à mort avec une barre de fer et un câble électrique, a affirmé la défense qui entend faire appel, soulignant que le meurtre ne pouvait être ainsi que l’œuvre des forces de l’ordre.

La police égyptienne a déjà été accusée par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir torturé à mort des détenus. L'affaire Lang aurait, selon une source diplomatique, fait l'objet de "discussions" durant la visite de François Hollande à son homologue égyptien al-Sissi en avril. "Mais cela n'a pas été plus loin, la situation n’a pas changé", commente sa mère, qui doit être reçue en juin par la juge nantaise en charge de la procédure française. "La seule chose que nous attendons, c'est une vraie enquête de la part de la France. Jusqu’ici, la France nous a abandonnés. Nous demandons simplement la vérité", conclut-elle, la voix tremblante d'émotion.

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Maud VALLEREAU

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