Corse : des heurts en marge d'une manifestation de soutien à Yvan Colonna, 102 blessés

Léa LUCAS avec AFP
Publié le 13 mars 2022 à 18h49, mis à jour le 15 mars 2022 à 11h00

Source : JT 20h Semaine

Une énième manifestation en soutien à Yvan Colonna s'est tenue ce dimanche à Bastia, en Corse.
En dépit de plusieurs appels au calme, de nouveaux débordements ont été observés.
102 personnes ont été blessées dont 79 membres des forces de l'ordre.

"Etat français assassin". Ce slogan, repris massivement par quelques milliers de manifestants ce dimanche à Bastia - en soutien à Yvan Colonna, militant indépendantiste condamné pour sa participation à l'assassinat du préfet Erignac, puis agressé dans sa prison d'Arles le 2 mars dernier et laissé dans le coma -, a donné le ton de cette nouvelle journée de contestations.

Rapidement, la colère a pris de l'ampleur, notamment lorsque le cortège, parti du Palais de Justice, est arrivé à la Préfecture. Des échauffourées ont alors éclaté entre les forces de l'ordre et quelques 200 à 300 manifestants cagoulés, vêtus de noir et pour certains équipés de masques à gaz ; les premiers répondant avec des gaz lacrymogènes aux cocktails molotov.

Après une heure, la manifestation a viré à "l'émeute", selon le procureur de Bastia, avec un bilan final de 102 blessés dont 79 membres des forces de l'ordre. "Des émeutes ont lieu à Bastia depuis 16h30", a déclaré à l'AFP en début de soirée le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, "et les violences se poursuivent". "Un incendie a été déclenché à l'hôtel des impôts" par les émeutiers avant d'être éteint par les pompiers, a-t-il ajouté. 

L'appel officiel à la manifestation était pourtant sobre, demandant "la vérité et la justice pour Yvan, la liberté pour les patriotes et la reconnaissance du peuple corse". Mais pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et ancien avocat d'Yvan Colonna, présent dans le cortège, "il faut aller aujourd'hui au delà des slogans". "La colère et l'indignation s'expriment", a-t-il concédé au départ de cette marche. "Ce qui compte c'est que le peuple corse tout entier est mobilisé contre l'injustice, l'exigence de vérité et au-delà pour une véritable solution politique" entre l'Etat et la Corse.

300 cocktails Molotov retrouvés avant la manifestation

Juste avant le début de la manifestation, et en dépit de nombreux appels au calme ces dernières 48 heures, des indices ont laissé présager ces débordements. En effet, le procureur de Bastia, Arnaud Viornery, a indiqué plus tôt dans l'après-midi avoir découvert "environ 300 cocktails Molotov (...) dans un espace public" de la ville.

Aussi, par mesure de sécurité, les rues avaient été fermées, ainsi que les banques et les distributeurs bancaires protégés par des panneaux en bois, aux abords du palais de justice de Bastia.  De même pour les conteneurs à poubelles enlevés des rues de la ville, car ils sont souvent réquisitionnés par certains manifestants pour allumer des feux sauvages.

Dimanche dernier déjà, près de 4000 manifestants à Corte

Si la mobilisation dimanche était "énorme", selon Gilles Simeoni, les chiffres étaient de 7.000 manifestants pour la préfecture, contre 10.000 selon les organisateurs du rassemblement. Pour la manifestation de Corte il y a une semaine les chiffres étaient respectivement de 4.200 et 15.000 personnes.

Pour rappel, ces démonstrations de violences ont débuté dès le lendemain de l'agression d'Yvan Colonna à la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône) le 2 mars dernier. Puis, les saccages et altercations avec les forces de l'ordre se sont intensifiées toute cette semaine, dont le point culminant a été atteint mercredi soir dans le palais de justice d'Ajaccio. Des manifestants s'y sont introduits dans le but de tout détruire voire de l'incendier.

Ce vendredi, le Premier ministre Jean Castex a ainsi tenté d'apaiser la situation en annonçant la levée du statut de "détenu particulièrement surveillé" (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du "commando Erignac" encore détenus sur le continent. C'est ce statut qui bloquait le rapprochement des trois hommes dans une prison corse. Mais ce geste du gouvernement n'a visiblement pas réussi à éteindre les tensions sur l'île de beauté.


Léa LUCAS avec AFP

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