Creuse : le médecin de Gabin, bébé de 22 mois mort de faim et de déshydratation, jugé ce jeudi

Publié le 4 juin 2020 à 12h46
Creuse : le médecin de Gabin, bébé de 22 mois mort de faim et de déshydratation, jugé ce jeudi
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JUSTICE - Jean-Louis V., médecin généraliste âgé de 62 ans, est jugé ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Guéret pour "non-assistance à personne en péril". Il lui est reproché de ne pas avoir alerté et porté secours à Gabin, 22 mois, mort de faim et de manque de soin le 7 juin 2013 après son admission à l'hôpital à Aubusson dans la Creuse.

En novembre dernier, les parents trentenaires du bébé ont été condamnés par les assises de la Creuse à 17 ans de réclusion criminelle pour "privation de soins ou d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans". Six ans plus tôt, au printemps 2013, leur fils, Gabin, 22 mois, était décédé à l'hôpital. Admis aux urgences le 7 juin de cette même année, en état de "déshydratation extrême" et "de mort apparente", l'enfant n'avait pu être réanimé malgré 40 minutes de massage cardio-respiratoire. Gabin ne marchait plus et ne pesait que 5,8 kg, soit le poids d'un nourrisson de 3 mois...

Ce jeudi, c'est le médecin de famille, Jean-Louis V., 62 ans, généraliste, qui comparait le tribunal correctionnel de Guéret pour "non-assistance à personne en péril". Il lui est en effet reproché de ne pas avoir alerté sur la situation de cet enfant qu'il avait vu sept fois entre janvier 2012 et avril 2013. Le dernier rendez-vous remontait à un mois et demi avant la mort du petit garçon. 

"On pouvait lui compter les côtes"

A l'audience il y a huit mois, l'avocat général avait volontairement évoqué, devant les parents de Gabin qui comparaissaient libres, certains détails, bien souvent insoutenables, pour témoigner de la souffrance de l'enfant.  "Sur le constat de sa mort, on peut lire que Gabin était d’une saleté extrême. Il sentait l’urine. Il avait le bout de la verge nécrosée. Il était d’une maigreur extrême, on pouvait lui compter les côtes", avait-il insisté.

Convoqué comme témoin lors du procès aux assises à l'automne dernier, le médecin de la famille avait concédé une "erreur d'appréciation" mais a dans le même temps assuré n'avoir "jamais constaté un quelconque signe de danger et de péril sur cet enfant". 

Il avait également fait valoir ses 38 ans de services assurant à l'audience n'avoir jamais rien vu d'"alarmant" à l'examen de l'enfant. Il avait expliqué également ne pas "déshabiller le petit garçon complètement à chaque fois pour ne pas trop le perturber". Quant au carnet de santé qui n'était pas systématiquement annoté, Jean-Louis V., avait répondu que " les parents ne l'avaient pas toujours sur eux".

Jusqu'à 7 ans de prison

Exaspérée et incrédule, la présidente de la cour d'assises avait rappelé encore une fois l'état de santé du petit garçon. Un bébé qui n'avait "que la peau sur les os" avec des "yeux sui sortaient de ses cavités" et qui ne "marchait pas". Pour elle, il est impossible que le médecin n'ait pas vu. Même constatation pour les experts venus à l'automne à la barre. Ces derniers avaient évoqué une "situation de négligences et de carences extrêmement sévères", comme causes de la mort. Le médecin "aurait dû l'adresser à un centre de pédiatrie", avait assuré le docteur Caroline Rey-Salmon, pédiatre légiste devant la cour.

Jean-Louis V., encourt lui sept ans de prison et 100 000 euros d'amende.


La rédaction de TF1info

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