Marseille : que montre la vidéo ayant entraîné l'éviction du directeur de la PJ de la zone Sud ?

Publié le 7 octobre 2022 à 17h37, mis à jour le 7 octobre 2022 à 17h46

Source : TF1 Info

Éric Arella, patron de la police judiciaire de la zone sud, a été démis de ses fonctions vendredi.
Cet événement intervient au lendemain d'une action coup de poing à Marseille pour protester contre la réforme de la police judiciaire.
Venu en discuter, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a été confronté à une "haie de déshonneur" de dizaines de policiers.

Masque noir sur le visage, t-shirt "Non à la DDPN" (Direction départementale de la police nationale, ndlr) sur le dos pour certains, regards noirs pour tous. La venue de Frédéric Veaux jeudi à Marseille (Bouches-du-Rhône) n'a pas fait l'unanimité chez les policiers.

Présent dans la cité phocéenne pour une réunion sur le thème de la réforme de la police judiciaire, le directeur général de la police nationale (DGPN) a été confronté à la sortie de celle-ci à une "haie de déshonneur" formée par plusieurs dizaines de fonctionnaires en colère. Accompagné d'Éric Arella, alors encore directeur de la police judiciaire de la zone sud de la France, le patron de la police française a traversé ce couloir dans une ambiance glaciale, contournant même une policière assise au sol sur son chemin, et lançant quelques "bonjour" au milieu des agents en colère. 

Déjà plusieurs actions en France

Avant cette action coup de poing, quelque 200 officiers de la police judiciaire avaient manifesté devant l'Évêché, l’hôtel de police de Marseille, pour protester contre cette réforme. Portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et Frédéric Veaux, celle-ci prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. 

Des policiers spécialisés en trafic de stupéfiants ou sur des homicides pourraient ainsi se retrouver à traiter, au milieu de leurs enquêtes, des cambriolages ou des rodéos urbains. Impensable pour la majorité des policiers qui ont déjà fait plusieurs actions et vidéos en France depuis le début de la semaine, comme à Montpellier mardi. Le mouvement de protestation ne s'arrête pas là. 

Nouvelles manifestations ce vendredi

Ce vendredi, suite aux manifestations de ses effectifs, Éric Arella a été démis de ses fonctions. Avant de quitter son bureau, applaudi par des centaines de policiers qui lui ont fait une haie d'honneur. Dominique Abbenanti, actuellement attaché de sécurité à Alger, va le remplacer.

"Comme pour toute réforme, il y a des discussions, il peut y avoir des désaccords. Mais une telle déloyauté n’est pas acceptable", indique à TF1info l'entourage du directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, qui a lui-même ordonné le départ d'Éric Arella "Les résultats à Marseille sont par ailleurs mauvais avec des niveaux records d’homicides alors que les effectifs ont été considérablement renforcés."

"C’est une honte, on lui fait porter le chapeau. Il a toujours été loyal. Et ce sont la quasi-totalité des responsables qui sont contre cette réforme", voulue par le gouvernement, a indiqué à l'AFP une source de la PJ à Marseille. "On lui reproche le coup de force des officiers hier", a commenté une autre source policière locale, évoquant un homme "très respecté". 

Dans la foulée, plusieurs manifestations sont organisées pour dénoncer le limogeage d'Éric Arella. L'une d'elle est prévue notamment à 17h devant l'hôtel de police de Versailles où de très nombreux policiers sont attendus. Idem à Marseille où les enquêteurs ne comptent pas en rester là.

Une "décision inquiétante" pour les magistrats instructeurs

Dans un communiqué ce vendredi, l’AFMI (Association française des magistrats instructeurs) dénonce une "décision hâtive et manifestement prise en réaction à l’accueil réservé au DGPN par les fonctionnaires de police de ce service". Pour elle, cette décision "est inquiétante et significative d’un mode de gestion autoritariste, qui ne tolère aucune manifestation d’opposition et interdit tout réel débat interne". 

L’AFMI réaffirme par railleurs "son positionnement critique vis-à-vis de la réforme de départementalisation de la police nationale, maintient que ce projet présente un risque clair de disparition du travail d’enquête portant sur les affaires pénales de haute intensité et met en péril l’avenir de la police judiciaire".


La rédaction de TF1info

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