TERRORISME - Vingt-neuf hommes et femmes ont été placés en garde à vue ce mardi dans une affaire hors-norme. Tous sont soupçonnés d'avoir financé des djihadistes grâce à une technique inédite et presque imparable.
Elles sont considérées comme les petites mains du terrorisme. Vingt-neuf personnes ont été placées en garde à vue ce mardi à la suite d’une vaste opération de police menée par plusieurs centaines d'agents de la police judiciaire, de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et du Raid. Des hommes et des femmes qui sont soupçonnés d'avoir financé des djihadistes, via une technique inédite et presque imparable.
L'enquête a démarré le 24 janvier dernier, bien loin du Moyen-Orient, dans des bars-tabacs ici en France. Les suspects y achetaient des coupons de cryptomonnaie d'une valeur comprise entre 10 et 150 euros. Le buraliste leur remettait alors un QR Code, lequel sert habituellement à être offert à un proche pour le dépenser en boutique. Les suspects, eux, le transférait à deux djihadistes français basés en Syrie. Pour ne pas éveiller de soupçons, le réseau avait mis en place une combine.
La chaîne logistique qui avait été mise en place rendait l'argent presque intraçable.
Renaud Lifchitz, consultant en sécurité informatique chez Digital Security.
L'argent transitait dans un premier temps vers la Turquie, où il était transformé en Bitcoin. Pour brouiller les pistes, le réseau avait créé plusieurs centaines de comptes. La monnaie virtuelle repartait ensuite en Syrie pour y être convertie en dollars, avant d'arriver entre les mains de combattants affiliés à Al-Qaïda. "La chaîne logistique qui avait été mise en place rendait l'argent presque intraçable. Tout était absolument légal dans les moyens qui ont été utilisés", souligne Renaud Lifchitz, consultant en sécurité informatique chez Digital Security.
Au cours des investigations, les enquêteurs ont pu identifier les deux djihadistes français à l'origine de ce réseau, Mesut S. et Walid F., tous deux âgés de 25 ans, indique le communiqué. "Ayant rejoint ensemble la Syrie en 2013, ils sont suspectés d’être des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) affilié à Al-Qaïda et sont visés par un mandat d’arrêt" depuis leur condamnation par défaut à 10 ans d'emprisonnement en avril 2016, détaille le Pnat.
Parmi les personnes interpellées, figurent quelques proches de de femmes et d'enfants de jihadistes détenus en Syrie.
Ce qui a suscité la colère du collectif Familles unies, qui regroupe des proches de Français détenus dans des camps en Syrie et défend le droit d'envoyer de l'argent à "leurs filles ou leurs belles-filles" afin de les aider à "survivre".
Environ 150 adultes et près de 300 enfants français sont détenus en prison ou dans des camps en Syrie et en Irak. Dans celui d'Al-Hol, dans le nord-est syrien, où s'entassent des dizaines de milliers de déplacés, 371 enfants sont morts en 2019. Jusqu'ici, la France n'a rapatrié que 28 mineurs, surtout des orphelins ou les enfants des rares mères qui acceptent de s'en séparer.
Pour le collectif Familles Unies, qui réclame le rapatriement en France de leurs proches, ces aides étaient "connues des services de police depuis des années" et les familles avaient "toujours été transparentes là-dessus". "On est en train de refuser de rapatrier ces enfants et d'interdire aux familles de leur apporter un minimum d'aide", a réagi auprès de l'AFP Me Marie Dosé, avocate de plusieurs gardés à vue.
Le Pnat a précisé que parmi les 29 personnes entendues en garde à vue, "seulement six sont suspectées à ce stade des investigations d'avoir envoyé de l'argent à des personnes se trouvant dans des camps". Elles ont été entendues sous ce statut "pour des raisons tenant aux nécessités de l'enquête".
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