En janvier 2022, un cycliste avait chuté au sol après avoir croisé la route d'un poids-lourd.Le conducteur, aidé de son fils mineur, avait ensuite roué de coups l'homme qui circulait à vélo.Poursuivi pour "violences volontaires avec arme par destination", le conducteur était jugé jeudi devant le tribunal correctionnel de Saintes.
Si ce cycliste n'avait pas eu sa caméra, il n'y aurait sans doute jamais eu de procès pour le chauffard. Jeudi, un conducteur de camion comparaissait pour "violences volontaires avec arme par destination", en l'occurrence son camion, devant le tribunal correctionnel de Saintes en Charente-Maritime.
Le chauffeur a été condamné à une peine de trois ans d'emprisonnement dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Saintes. Il a également été condamné à une obligation de soins et à verser à la victime 6.715 euros de préjudices ou de provisions de préjudices. Son permis ayant été annulé, le prévenu écope par ailleurs d'une interdiction de le passer pendant deux ans.
Le tribunal a rendu un jugement conforme aux réquisitions du ministère public contre ce patron d'une entreprise de terrassement, âgé de 50 ans.
Une vidéo devenue virale
En janvier dernier, ce chauffeur avait fait chuter un homme sur son vélo sur une route entre Royan et Sémussac dans le même département avant de le tabasser à l'aide de son fils mineur et de prendre la fuite. Le cycliste, qui avait déjà croisé la route des deux hommes peu avant ces faits, avait eu le réflexe de déclencher sa caméra.
La scène, immortalisée, a permis notamment d'identifier et d'interpeller les auteurs présumés des faits. Mais pas que… La vidéo, particulièrement choquante, avait été publiée sur Youtube et sur les réseaux sociaux, était devenue virale.
"Je vais te mettre une branlée"
Au début de la vidéo, le cycliste a déjà croisé le camion-benne à qui il a fait signe de rouler plus doucement et de se serrer de son côté de la chaussée. En vain, racontera-t-il, puisqu'il est obligé de rouler sur le bas côté herbeux.
Le cycliste reprend sa route, mais entend bientôt le moteur du camion derrière lui. Inquiet, il branche sa caméra. Le camion-benne le double et le serre au point de le faire tomber, puis s'arrête. Le chauffeur et son passager, qui est son fils mineur, descendent du camion. "T'as quoi toi ? T'as quoi à me faire signe de quoi tout à l'heure ? ", lâche le conducteur du poids-lourd au cycliste qui vient de remonter sur son vélo. "Vous vous rendez compte à quelle vit..." Le cycliste n'a pas le temps de finir sa phrase et est roué de coups par les deux hommes. Il chute au sol. Les coups continuent. "Y'a quoi ? Y'a quoi tout à l'heure, enchaine le camionneur. Qu'est-ce que tu viens me casser les coui**** ?"
Le cycliste tente de dire quelque chose mais son agresseur poursuit. "Vitesse de quoi ? Vitesse de quoi ? Je vais te mettre une branlée". La caméra cassée s'arrête. Les deux hommes repartent, laissant le cycliste au sol.
Le cycliste aujourd'hui "vit dans la peur", selon son avocat
Ce court film a permis au procureur de la République de Saintes de poursuivre le chauffeur pour violences volontaires avec arme par destination ayant entraîné une interruption temporaire de travail supérieur à huit jours (30 jours au total).
Pour Téodoro Bartuccio, président de "Mon vélo est une vie", ce genre de faits divers "est régulier. Ça n'arrête pas. (...) Les gens utilisent leur véhicule pour se faire justice". Il entend se servir de cette affaire pour faire évoluer la loi et les mentalités, en plaidant le durcissement des peines contre les chauffards. Dans un communiqué, son association a appelé "les amoureux de la petite reine à venir soutenir la victime, en assistant au jugement en tenue de cycliste".
Le chauffeur encourt trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Il comparait seul, son fils, moins impliqué, ayant fait l’objet d’une mesure d’alternative aux poursuites devant le délégué du procureur.
Le cycliste, selon son avocat cité par l'AFP, vit aujourd'hui dans la peur car ses agresseurs présumés "habitent à côté et passent régulièrement devant chez lui". "D'autant que le chauffeur est connu de la justice et a un casier judiciaire", assure le défenseur.
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