La commission d'enquête de l'Assemblée nationale visant à faire la lumière sur les circonstances de la mort d'Yvan Colonna suit son cours.Une surveillante de la prison d'Arles, qui avait signalé des comportements inquiétants du futur meurtrier, s'est défendue de tout manquement, révèle un compte-rendu ce lundi.
Un an après le décès d'Yvan Colonna en prison, l'enquête sur les circonstances de ce drame qui avait choqué l'opinion se poursuit. Le 4 avril dernier, une surveillante de la prison d'Arles a été interrogée par l'Assemblée nationale, indique l'instance dans un rapport paru ce lundi. À cette occasion, elle a confirmé avoir entendu la phrase "je vais le tuer" dans une conversation de trois détenus, dont Franck Elong Abé, futur agresseur.
Elle a aussi constaté que ce dernier "vidait sa cellule". "Depuis plusieurs semaines, j'avais remarqué que le comportement de la personne détenue, Elong Abé, avait changé. En effet, ce dernier diminuait le nombre d'objets dans sa cellule et lorsque je lui ai fait remarquer, il m'avait répondu qu'effectivement, il faisait du vide", a-t-elle écrit dans l'un de ses rapports après les faits (elle a rédigé deux comptes-rendus : le 11 mars puis un second plus détaillé le 21 mars).
Des informations seulement transmises à l'oral ?
L'intéressée a toutefois expliqué ne pas avoir consigné ces propos dans le logiciel de suivi individuel des détenus, "précisément parce que je ne savais pas qui avait parlé, ni de qui il parlait". Cela expliquerait pourquoi ces informations étaient absentes des données transmises par l'administration pénitentiaire après le meurtre. Un paradoxe qui avait fait se questionner les députés quant à la "possible tentative d'effacement de ces données" sensibles.
En revanche, la surveillante affirme en avoir "rendu compte" oralement à son supérieur hiérarchique, qui avait fait passer au sien. "Quelles certitudes aviez-vous que l'information" a bien été transmise ?, ont questionné les députés, s'étonnant de l'absence de trace écrite de cette menace "assez grave" alors que d'autres éléments "plus insignifiants", comme "un don de paquets de pâtes" entre détenus, y figurent. "Le premier surveillant est revenu me voir pour me dire qu'il avait transmis les informations. Je respecte l'ordre hiérarchique", écarte simplement la professionnelle.
J'ai peut-être mal validé ou fait une mauvaise manipulation
La surveillante
En revanche, pour ce qui est de la seconde information sur le "changement de comportement" de Franck Elong Abé, elle soutient avoir fait une observation écrite alors que le président de la commission d'enquête, Jean-Félix Acquaviva, député nationaliste de Haute-Corse, pointe qu'elle ne figure pas dans "l'extraction du logiciel". "Vous êtes vraiment sûre de l'avoir mentionnée ?", a-t-il insisté face à la surveillante qui a, dans un premier temps confirmé, avant de nuancer. "J'ai peut-être mal validé ou fait une mauvaise manipulation", a-t-elle ainsi reconnu assurant toutefois l'avoir signalé oralement à sa hiérarchie.
Le rapport final de la commission dans cette affaire est attendu au mois de mai prochain. Pour rappel, le 2 mars 2022, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à Arles pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé par Franck Elong Abé, qui purgeait plusieurs peines pour des faits de nature terroriste. Celui que l'on surnomme le "berger de Cargèse" a succombé à ces actes de violence. De son côté, son meurtrier présumé est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
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