La gendarmerie a lancé mercredi un appel à témoins pour tenter d'identifier une femme percutée en mars par un automobiliste dans l'Eure.Le conducteur a avoué à son ex-femme l'avoir renversée avant de l'achever à coups de pelle.Le corps de la victime reste pourtant introuvable, et son identification à ce jour inconnue.
L'intrigue d'un polar ou le scénario macabre d'un film, c'est ce à quoi fait penser la terrible affaire révélée mercredi matin par le procureur de la République d'Évreux Rémi Coutin et par les enquêteurs de gendarmerie.
À l'occasion d'une conférence de presse, ces deux autorités ont fait part en effet du décès présumé d'une femme circulant à bicyclette dans l'Eure en mars dernier. La victime aurait été renversée par un homme, qui l'a achevée ensuite à coups de pelle avant de dissimuler son corps. Mais huit mois après les faits, la cycliste n'a toujours pas été identifiée, et son corps demeure introuvable. TF1info fait le point sur cette affaire hors norme.
9 mars 2022, date supposée de l'accident
L'accident aurait eu lieu le 9 mars. Ce jour-là, l'automobiliste en cause, un charpentier d'origine polonaise âgé de 46 ans, a appelé son ex-compagne, "manifestement paniqué et sous l'emprise de l'alcool, pour lui dire qu'il venait de tuer quelqu'un" en voiture selon les déclarations de cette femme.
Mais peu après cet aveu glacial, il se serait, selon elle, rétracté.
13 mars, il répète avoir tué la cycliste
Le 13 mars pourtant, ce Polonais aurait à nouveau changé de versions, en renouvelant ses premiers aveux. Il aurait ainsi confié à son ex avoir percuté une femme qui circulait à vélo alors qu’il était ivre. "Cette femme était âgée d’une soixantaine d’années et ressemblait, selon ses termes, à une clocharde", a précisé le procureur de la République.
Il lui avait encore avoué avoir chargé le corps et le vélo dans sa voiture, une Audi A4 noire immatriculée en Pologne, avant de les cacher derrière un talus pour revenir ensuite avec une pelle pour les enterrer. À son retour, comme la cycliste était toujours vivante, il aurait alors fait le choix de l'achever en lui assénant plusieurs coups de pelle.
Le véhicule, découvert calciné le 12 avril sur un chemin, a été déclaré volé par le charpentier le 10 mai.
Mi-mai, la confidente va voir les gendarmes
Deux mois après avoir pris connaissance de ces terribles événements, l'ex-femme de ce charpentier a pris la décision mi-mai d'aller frapper à la porte de la gendarmerie de Dieppe.
Aux enquêteurs qui l'ont accueillie, celle-ci a relaté le sordide récit qu'elle avait entendu deux mois plus tôt. De très nombreuses investigations étaient alors menées par les militaires.
Juin 2022, le suspect interpellé et mis en examen
Le 21 juin 2022, le charpentier polonais habitant de Saint-Pierre-du-Bosguérard (Eure) est interpellé par les gendarmes. Au cours de sa garde à vue, il a livré "deux versions diamétralement opposées" : d'abord celle d'"une blague à son ex-compagne afin qu’elle le prenne en pitié et revienne vivre avec lui" avant d'expliquer qu'il avait "bien percuté une cycliste" mais que "celle-ci s’était remise et avait pu repartir". Il a fini par reconnaître avoir incendié lui-même son véhicule avant de se murer "dans le silence" lorsque les enquêteurs lui demandaient pourquoi. Puis devant le juge d'instruction, l'homme, déjà condamné il y a une dizaine d'années pour conduite en état d'ivresse, a de nouveau affirmé qu'il s'agissait d'une "blague".
Les gendarmes disposent toutefois de nouveaux témoignages à charge. Celui d'abord d'une amie du couple qui avait pris le 9 mars deux photos du véhicule incriminé, dont le pare-brise présentait "un gros impact circulaire avec une marque rouge au centre". Une autre femme, en cure avec le suspect, a, elle aussi, recueilli des confidences de cet homme "pas bien dans sa tête car il avait renversé une vieille dame (...) qu'il avait achevée avant de l'enterrer".
Le 23 juin, le suspect était mis en examen des chefs d’"assassinat, recel de cadavre, destruction de preuves et dénonciations mensongères" et placé en détention provisoire. Il n'a pas formé de demande de remise en liberté.
16 novembre : un appel à témoins
Le mystère reste entier. "Nous nous trouvons face à une situation particulière puisque nous n’avons pas de corps, et nous n’avons pas non plus d’identité quant à la victime supposée", a souligné Rémi Coutin, magistrat depuis 23 ans qui n'avait jamais par le passé été "confronté à une situation de ce genre". Aucune personne n'a en effet fait part d'une disparition inquiétante pouvant correspondre à cette femme et à cette date. Le commandant de la Section de recherches de Rouen, Thierry Jourdren a indiqué avoir "sollicité Europol", aucun rapprochement n'ayant pu être établi avec une personne disparue.
Le parquet et la gendarmerie ont donc décidé de lancer mercredi 16 novembre un appel à témoins avec le peu d'éléments dont il disposait, à savoir l'âge approximatif de la victime (entre 40 et 60 ans), le fait qu'elle portait "un sac à dos noir" ou encore la marque du véhicule du suspect, une Audi A4 noire immatriculée en Pologne.
Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver le cadavre. "La zone de recherche se situe sur la route départementale 80 reliant le Neubourg à Grand-Bourgtheroulde ou sur le réseau secondaire desservant cet axe principal. Ce secteur a été fouillé mais les recherches sont restées vaines", a déploré le commandant de la Section de recherches de Rouen.
Toute personne susceptible de détenir des éléments peut contacter le 07 77 20 64 00.
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