JUSTICE - Huit manifestants ont déposé une plainte contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement, pour des arrestations jugées abusives lors de la marche contre la loi de "sécurité globale", le 12 décembre.
Ils sont au moins huit participants interpellés lors de la manifestation contre la loi de "sécurité globale" à avoir porté plainte contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement. Âgés de 21 à 50 ans, ils ont tous été relâchés sans poursuites ou relaxés par un tribunal. Ils dénoncent donc des actes arbitraires.
Le 12 décembre dernier, à Paris, 150 manifestants avaient été interpellés.124 d’entre eux avaient fait l’objet d’une garde à vue et près d’une centaine avaient vu la procédure les visant classée sans suite. Plusieurs associations, syndicats et élus avaient alors dénoncé le caractère arbitraire de ces interpellations.
Les manifestants ont donc porté plainte contre X et contre le préfet de police Paris. Ils accusent ce dernier d’"entrave à la liberté de manifestation", de "violences volontaires" par personne dépositaire de l'autorité publique, de "dénonciation calomnieuse" et de "faux en écriture publique".
Des "actes de violences injustifiées"
"Le caractère systématique des interpellations sans raison dans le cadre de bonds offensifs (lorsque les forces de l’ordre chargent les manifestants), eux-mêmes non légitimes, permet de penser que l'utilisation de cette technique résulte d'ordres donnés par l'autorité civile de commandement en complicité avec le procureur de la République" de Paris, ont-ils écrit dans leur plainte.
Selon eux, les forces de l'ordre "chargeaient le cortège et procédaient à des interpellations au hasard", "accompagnées d'actes de violences injustifiées" et revêtant un caractère d'autant plus "abusif" qu'"aucune infraction n'était commise". Et ce, alors que l’important dispositif policier était censé lutter contre toute personne formant un "bloc".
Concernant les gardes à vue, les plaignants dénoncent des "procès-verbaux rédigés par des fonctionnaires de police qui imputaient la commission d'infractions" alors même "qu'aucune suite judiciaire n'était donnée à leur procédure". Le décalage entre le nombre d'interpellations et les poursuites effectivement engagées fait régulièrement l'objet de critiques de la part des défenseurs des libertés publiques. En novembre, le procureur de Paris Rémy Heitz avait indiqué devant l'Assemblée nationale 27% des gardes à vue lors des manifestations des gilets jaunes avaient débouché sur des poursuites.
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Au moins sept autres plaintes de manifestants doivent être déposées prochainement a annoncé leur avocat Me Arié Alimi.