Disparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace

Disparition de Lina dans le Bas-Rhin : retour sur neuf jours d’enquête

Publié le 2 octobre 2023 à 13h59, mis à jour le 4 octobre 2023 à 11h43

Source : JT 20h WE

Le 23 septembre 2023, Lina, 15 ans, a quitté son domicile de Plaine pour rejoindre la gare Saint-Blaise-la-Roche, où elle devait prendre le train pour Strasbourg.
L’adolescente s’est volatilisée sur la route D350.
Elle est recherchée depuis.

Une disparition, de nombreuses recherches, des auditions, des témoignages à vérifier et toujours rien. Le samedi 23 septembre, Lina, 15 ans, a disparu dans le Bas-Rhin. Depuis, anonymes et gendarmes sont à pied d’œuvre pour tenter de la retrouver.

Neuf jours après les faits, TF1info revient sur la chronologie de cette enquête ouverte pour "disparition inquiétante" et qui a basculé dimanche dans une dimension criminelle avec l'ouverture d'une information judiciaire pour "enlèvement ou séquestration de plus de sept jours", malgré l'absence apparente de piste sérieuse.

Samedi 23 septembre, Lina était "heureuse"

Le samedi 23 septembre, dans la maison de Plaine, commune de 1000 habitants où Lina, née le 10 août 2008, vit seule avec sa mère, la journée commence bien. "Elle s’est dépêchée, elle m’a dit 'je vais prendre ma douche, je me prépare'", se souvient Fanny, la maman de Lina. "Je suis allée la voir dans la salle de bain, c’est le dernier moment où je l’ai vue. Elle était heureuse, elle était enthousiaste. Le programme était fait. Voilà. Elle devait rejoindre Tao (son petit ami, ndlr) à Strasbourg. Ils devaient aller manger au restaurant et faire les magasins et rentrer à la maison le soir", se souvient-elle en larmes face à la caméra des journalistes de "Sept à Huit"

Vers 11h, Lina quitte la maison pour prendre le train. Elle doit alors emprunter la D350 à pied, comme elle a l’habitude de le faire, selon sa maman, avant de rallier une piste cyclable sur la dernière partie du trajet. La gare est à 30 minutes de marche environ. Mais ce jour-là, jamais Lina n’est montée dans le train de midi qui devait la conduire à Strasbourg.

Ne la voyant pas arriver en gare, Tao tente de joindre Lina. Elle est sur répondeur. Il appelle la maman de Lina, qui cherche dans la maison, va jusqu'à la gare, puis finit par donner l'alerte en contactant la gendarmerie aux alentours de 14h. La jeune fille n’étant pas connue comme fugueuse, les militaires partent immédiatement à sa recherche et une enquête pour "disparition inquiétante" est ouverte et confiée à la section de recherche de Strasbourg, co-saisie avec le groupement de gendarmerie du Bas-Rhin.

Dimanche 24 septembre, les recherches se poursuivent

24 heures après la disparition de Lina, les recherches se poursuivent sur le terrain. Militaires, hélicoptère et brigade cynophile sont mobilisés. En vain. Un cousin de Lina lance un appel à témoins sur les réseaux sociaux avec la photo de la jeune fille.

Lundi 25 septembre, un appel à témoins est lancé

Alors que les recherches, débutées le samedi, se poursuivent sur le terrain, avec notamment un hélicoptère équipé de caméras thermiques, des drones et une brigade cynophile, un appel à témoins officiel est lancé avec un signalement précis de la jeune fille.

La procureure de la République de Saverne, Aline Clérot, confirme que la jeune fille n'est "pas montée dans le train" en direction de Strasbourg et qu’elle "n'était pas connue pour avoir fugué jusqu'alors". Une première battue citoyenne est organisée ce jour-là pour tenter de retrouver Lina, encadrée par les gendarmes. 

Mardi 26 septembre, un téléphone coupé et des témoins

Trois jours après la disparition de Lina, une nouvelle battue est organisée. Par ailleurs, outre les coups de fil passés à la gendarmerie suite à l’appel à témoins lancé, deux témoignages retiennent particulièrement l’attention des enquêteurs. "L'enquête a permis de vérifier plusieurs éléments : deux témoins ont vu Lina sur le trajet de la gare entre 11h15 et 11h30", explique ce jour-là la procureure de la République de Saverne à l’occasion d’une conférence de presse. "Elle cheminait à pied. Sur son itinéraire, aucune trace sur la chaussée ou sur le bas-côté n'a été observée à cette heure, évoquant la survenance d'un accident de la route dont elle aurait été victime."

Un des témoins qui dit avoir vu Lina le samedi 23 septembre dans la matinée s’appelle Jean-Marc Chiron. C'est l'ancien maire de la commune de Plaine. Il explique qu’il faisait, ce jour-là en fin de matinée, le trajet dans les deux sens, entre le village de Plaine et son domicile. Il assure avoir croisé Lina, vers 11h15-11h30, "en train de marcher sur le bord de la route" dans un sens, mais explique qu’elle n’était pas là quand il a fait le trajet inverse.

Ce mardi 26 septembre, la procureure précise également que le téléphone de Lina "n'a pas été retrouvé au moment où je vous parle, il a cessé d'émettre à 11h22 le jour de la disparition sur le secteur des recherches. Aucune activité bancaire sur son compte n'a été constatée depuis la disparition de la jeune fille". "Nous n'écartons toujours aucune piste et poursuivons activement les investigations qui s'imposent", insiste-t-elle alors. 

Mercredi 27 septembre : plusieurs plans d'eau sondés

Une opération de sondage des deux plans d'eau, dont l’étang du Breux, situés dans la zone potentielle de disparition de la jeune fille, est menée par la compagnie fluviale de Strasbourg. Cette unité engage 10 personnels dont sept plongeurs. 

Par ailleurs, 15 militaires de la gendarmerie effectuent un nouveau ratissage sur le terrain. 

Ce même jour, une cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) est mise en place dans la commune de Plaine "afin d'assurer le soutien nécessaire aux habitants éprouvés par la disparition inquiétante d'une jeune fille de la région". L'association d'aide aux victimes SOS France Victimes 67 coordonne le dispositif. 

Jeudi 28 septembre : de nouvelles battues

De nouvelles battues mobilisent 80 gendarmes à Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin) et dans le village voisin de Saulxure, de 9h30 à 16h. "Aucune trace ou indice n'ont été découverts aujourd'hui", déclare le commandant Antoine Jouclas, de la compagnie de gendarmerie de Molsheim, à l'issue des opérations.

Vendredi 29 septembre : une "opération coordonnée d’envergure"

La procureure de Saverne, Aline Clérot, annonce dans un communiqué qu’une "opération coordonnée d'envergure", menée par la section de recherches de Strasbourg et le groupement de gendarmerie du Bas-Rhin, est en cours dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Lina. Cette opération se tient en "plusieurs points de la zone potentielle de disparition de Lina", dans le Bas-Rhin, et "porte sur des informations utiles à l'enquête qu'il convient de vérifier", ajoute la magistrate. Les services de gendarmerie procèdent à des investigations nombreuses dont des actes de police technique et scientifique sur plusieurs véhicules, sur différentes communes, ciblés par l'enquête.

Ces nouvelles vérifications interviennent suite au témoignage d'un deuxième homme prénommé Robert. Le témoin en question est un octogénaire domicilié dans la région, qui dit avoir vu la jeune fille le samedi 23 septembre, jour de sa disparition dans une voiture et en compagnie d’un homme. Selon cet homme qui a témoigné sur LCI-TF1, les deux étaient dans une voiture "grise" ou "bleue" foncé. Lina était côté passager et lui aurait fait un "coucou" de la main. Ce témoin indique qu’il connaissait la jeune fille du magasin Proxi, où elle était en stage depuis deux semaines. La jeune fille suivait également depuis la rentrée un CAP service à la personne section vente. 

Samedi 30 septembre : des ossements retrouvés…

Les services de gendarmerie procèdent, une semaine jour pour jour après la disparition de Lina, à des actes de police technique et scientifique sur le bas-côté de la chaussée situé sur un point de la route départementale 350. Ce jour-là, des ossements sont découverts par un homme venu sur le terrain pour participer aux recherches. "Ils ont été identifiés formellement par un médecin légiste de l'Institut Médico-Légal de Strasbourg comme de nature animale", annonce finalement la procureure de la République de Saverne dans un communiqué. 

Dans le même temps, les recherches se poursuivent, notamment dans une maison de Plaine, le domicile d’un professeur de musique, déjà visité par les gendarmes la veille.

Dimanche 1er octobre : une dimension criminelle

Les gendarmes, notamment une équipe cynophile sont de nouveau à pied d'œuvre dans la maison d’un professeur de musique de Plaine, âgé d'une quarantaine d'années. Des techniciens de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) sont présents. Les deux voitures du professeur sont saisies pour une expertise à la recherche d’une éventuelle trace ADN de Lina. Les résultats seront connus d’ici à quelques jours Sans être placé en garde à vue, le professeur a été auditionné par les gendarmes. Rien ne permet pour l'heure de le rattacher à la disparition de Lina. 

Au total, six véhicules pouvant correspondre à la description de l’un des témoins ont été vérifiés pendant le week-end. Mais cela n'a rien donné. 

Ce 1er octobre, le parquet de Saverne, jusqu'alors compétent, se dessaisit au profit de celui de Strasbourg, qui a ouvert une information judiciaire "des chefs d'enlèvement ou séquestration de plus de sept jours", font savoir les procureures de Saverne, Aline Clérot, et de Strasbourg, Yolande Renzi, dans un communiqué. "L'enquête menée dans le cadre de la disparition inquiétante de (...) Lina (...) n'a pas permis de retrouver la jeune fille après plus de sept jours révolus d'investigations approfondies", écrivent encore les deux magistrates. Deux juges d'instruction strasbourgeois cosaisis vont désormais diriger les investigations, ont-elles précisé. La disparition de Lina prend une dimension criminelle

Lundi 2 octobre : "des investigations de longue haleine"

La rédaction de LCI-TF1 a pu rencontrer le témoin octogénaire qui assure avoir vu le 23 septembre dernier, jour de la disparition de Lina, une voiture de type Clio et de couleur bleue ou gris foncé, dans laquelle selon lui se serait trouvée l'adolescente aujourd'hui portée disparue. Devant nos caméras, il a déclaré que le jeune fille, qui portait une doudoune blanche telle que décrite dans le signalement fait par les gendarmes, lui aurait fait un "coucou" de la main. Selon lui, au volant du véhicule transportant Lina se trouvait un individu de sexe masculin. La voiture roulait à allure normale sur la Route des Princes, une perpendiculaire de la D350, en direction de Plaine. 

Les investigations se poursuivent. Dans un communiqué, le parquet de Strasbourg dit s'attendre à "des investigations de longue haleine. À ce stade, il n'a été réuni aucune charge contre quiconque, aucune piste n'étant écartée ni privilégiée".


Aurélie SARROT

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