TÉMOIGNAGE – Pour la première fois, l’équipe de Sept à Huit a réussi à recueillir les confessions de la veuve de Jean-Louis Turquin. Retrouvé abattu le 6 janvier, Jean-Louis Turquin avait défrayé la chronique judiciaire dans les années 1990 après la disparition de son fils.
Qu’est-il donc arrivé à Jean-Louis Turquin ? Son passé l’a-t-il rattrapé ? Dans les années 1990, cet homme mystérieux avait défrayé la chronique. En cause, la disparition de son fils de huit ans. Condamné à 20 ans de prison, il avait finalement réussi à refaire sa vie sur l’île de Saint-Martin aux Antilles. Mais le 6 janvier dernier, il a été retrouvé abattu. Pour la première fois, sa nouvelle femme a accepté de témoigner devant les micros de Sept à Huit.
La nuit des faits
Le 6 janvier dernier, vers minuit, Nadine Turquin rentre chez elle après une soirée passée avec des amis, dans un quartier résidentiel de l’île. Surprise, la porte est ouverte et un certain désordre règne dans la maison. Elle aperçoit un couteau près de la baie vitrée et surtout le corps de son mari, par terre allongé sur le dos.
"J’ai vu du sang par terre et il y avait du verre partout", raconte-t-elle encore abasourdie. Elle se rend compte aussi que des objets ont été déplacés, semble-t-il à l’endroit où Jean-Louis Turquin cachait son argent liquide (plus de 10.000 euros) et ses bijoux. Dans le voisinage, on a bien entendu des bruits, mais tous ont la même version et ont cru à un déménagement tardif (aux alentours de 22h).
Un homme mystérieux et autoritaire
Jean-Louis Turquin avait 68 ans. Sur l’île de Saint-Martin, l’homme était plutôt discret. Lui, le vétérinaire, partageait surtout une passion pour les animaux avec sa femme. Il côtoyait d’ailleurs très souvent Tito, le responsable d’un chenil qui décrit un homme "disponible, très strict mais qui donnait de bons conseils".
Chez ses voisins, le portrait de Jean-Louis Turquin est beaucoup moins laudateur. Geneviève révèle que sa femme était la première victime de son caractère possessif et autoritaire. "Elle était tout le temps humiliée". Une tension au sein du couple qui intrigue bien évidemment la police, d’autant que Jean-Louis Turquin l’avait déshéritée deux mois auparavant. Un froid dans le couple dont elle ne se cache pas : "Je reculais toujours l’échéance de me séparer de lui, je ne voulais pas qu’il soit malheureux. Je peux être suspectée comme n’importe quelle autre personne mais je n’ai pas de mobile".
Les fantômes du passé ?
Si la police n’exclut pas le motif crapuleux ni le braquage qui a mal tourné, elle s’intéresse au passé de l’homme de 68 ans. Ces derniers temps, selon ses "rares" amis, il s’était montré inquiet.
RAPPEL - En 1991, Jean-Louis Turquin avait défrayé la chronique après avoir été accusé du meurtre de son fils, Charles-Edouard. Le corps n’avait jamais été retrouvé, mais la mère avait quitté le domicile un mois auparavant. Surtout, elle lui avait appris qu’il n’était pas le père biologique de l’enfant. En 1997, après plusieurs années d’enquête, il avait été condamné à 20 ans de prison, avec, comme motif principal, la vengeance.
Lors de sa détention, il rencontre Nadine, avec qui il correspond. Cette dernière est convaincue de son innocence. Il l’épousera à Fresnes en 2000. Après dix ans passés en prison, il est libéré pour bonne conduite.
L’enfant toujours vivant ?
Dès sa sortie de prison, Jean-Louis Turquin a une obsession en tête : retrouver son fils. Car il en est persuadé, il est toujours vivant. Surtout, un élément vient corroborer ses dires. Sa mère n’a jamais déclaré officiellement la mort du petit Charles-Edouard, et il y a quelques mois, un proche de la femme aurait demandé à ce que Jean-Louis Turquin le fasse. Une histoire d’héritage selon lui.
Pour ses soutiens les plus proches, il en était même devenu "obsédé" et beaucoup commençaient à se lasser de ses sautes d’humeur.
Parti avec ses mystères
Aujourd’hui, la police se penche sur toutes les pistes. Le calibre des balles retrouvées correspond à celui utilisé par les bandits de l’île, mais aussi à ceux retrouvés sur des scènes de règlements de compte.
Pour son avocat, Jean-Louis Turquin n’avait jamais exclu l’idée de retrouver son fils. "Il était déterminé à aller au bout du combat. Il était prêt à mandater des détectives privés." Il voulait aussi la révision de son procès. Avec sa mort, ce sont les mystères qui ont entouré sa vie ces dernières vingt années qui se sont échappés avec lui.
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