La jeune joggeuse retrouvée en Mayenne avoue avoir menti

Mayenne : la joggeuse "a très probablement terriblement souffert et cache autre chose", selon une psychologue

Publié le 12 novembre 2021 à 17h54, mis à jour le 13 novembre 2021 à 16h31
JT Perso

Source : TF1 Info

PSYCHOLOGIE - Si l'adolescente retrouvée en Mayenne a avoué avoir menti sur la cause de sa disparition, n'ayant pas été enlevée, ce mensonge pourrait dissimuler d'autres raisons, met en garde la docteure en psychopathologie Hélène Romano sur LCI.

Si la jeune fille a changé sa version des faits, le mystère reste épais autour des causes de la disparition de cette adolescente de 17 ans disparue lundi 8 novembre au soir puis retrouvée vivante 24 heures plus tard en Mayenne, à Sablé-sur-Sarthe. Après avoir indiqué aux enquêteurs qu'elle avait été enlevée par deux hommes à bord d'une camionnette alors qu'elle était partie courir, elle a finalement avoué vendredi avoir menti sur cette première déclaration. 

Lors d'une audition vendredi par les enquêteurs, elle a indiqué avoir rejoint à pied Sablé-sur-Sarthe et avoir uniquement eu "des blessures d'origine accidentelle", précise dans un communiqué la procureure de la République de Laval, Céline Maigné. 

Elle fera l'objet d'une procédure pour "dénonciation d'infraction imaginaire", a précisé le communiqué. 

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Mais le dossier n'est pas clos pour autant selon Hélène Romano, docteure en psychopathologie, interrogée sur LCI. "Elle a très probablement terriblement souffert et cache autre chose", a-t-elle jugé. D'après la spécialiste, des enfants et adolescents peuvent déformer la réalité des faits dans des situations similaires pour cacher une vérité trop difficile à énoncer. Si elle admet que "ce sont des situations que l’on rencontre assez rarement", "il existe des cas où des enfants ou des adolescents vont mettre en place un scénario", explique-t-elle. 

"Bien souvent dans ces situations-là, ils disent des choses indirectes parce que la réalité n’a pas été exprimée", poursuit-elle, décrivant "des décalages qui sont assez fréquents quand la réalité est juste insupportable à dénoncer". Par exemple, un enfant peut accuser à tort un enseignant au lieu de désigner coupable un beau-père, illustre la spécialiste. 

"Ne pas la diaboliser subitement, violemment"

La psychologue met ainsi en garde contre une tendance à stigmatiser cette jeune fille, la faisant passer rapidement de statut de victime à celui de "mythomane, avec tous les troubles associés", "alors qu’elle est très probablement victime de faits graves qu’elle n’a pas pu énoncer". Elle appelle à "ne pas la diaboliser subitement, violemment"

Hélène Romano craint notamment que ces aveux n'entraînent un "effondrement" pour l'adolescente, puisqu'il existe dans certains cas similaires des "risques de passages à l’acte suicidaire". "Il va être très important de l’accompagner dans les prochains jours et de comprendre ce qu’il l’a amenée à ne pas dire la vérité", préconise-t-elle. 

Quant à la prise en charge de la jeune fille, la psychologue explique qu'elle pourra bénéficier de consultations spécialisées de psychotraumatisme si elle est reconnue "authentiquement comme victime", mais relève que les adolescents accusés d'avoir menti pénalement ne bénéficient d'aucune prise en charge autre que celle que peuvent - ou non - financer les parents. Ces consultations cruciales devraient permettre de découvrir "pourquoi elle a monté cette histoire, ce qu'elle a essayé de dire à travers cette mise en scène"

Dans son communiqué, la procureure de la République de Laval a indiqué que la jeune fille est actuellement "prise en charge par ses parents qui ont été informés de ses déclarations". L'adolescente s'est dite "désolée d'avoir causé une mobilisation importante". L'enquête avait mobilisé jusqu'à 200 militaires qui avaient procédé à des recherches autour de la commune de Saint-Brice, et une enquête pour enlèvement et séquestration avait été ouverte lundi.


La rédaction de TF1info

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