Disparitions d'enfants : en 2022, les fugues représentaient 95% des signalements

Les forces de l'ordre ont recensé 43.202 signalements de disparitions de mineurs en 2022, très majoritairement des fugues. Selon le rapport publié ce jeudi 25 mai par la fondation Droit d'Enfance, qui gère le numéro d'urgence 116.000 Enfants Disparus, si le nombre total des signalements est "en légère baisse" par rapport à 2021, la fondation avance le chiffre choc d'un "enfant signalé disparu toutes les 12 minutes" mais celui-ci ne concerne que marginalement des disparitions jugées inquiétantes. 

En effet, 95% des quelque 43.000 signalements concernent des fugues, un phénomène qui ne recoupe pas de notion juridique mais est généralement appréhendé comme le fait pour un enfant ou un adolescent de quitter son lieu de vie habituel en se soustrayant "à l'autorité des personnes ou de l'institution qui en a la garde", rapporte la fondation dans son rapport, publié à l'occasion de la Journée internationale des enfants disparus.

Ils constituent néanmoins un "véritable espace de mise en danger pour l'enfant", fait valoir Droit d'Enfance. La fondation alerte sur un rajeunissement inquiétant des enfants présentés comme fugueurs : le nombre de fugueurs de moins de 15 ans a augmenté de 3,6% entre 2018 et 2022 pour constituer 37% des signalements de fugues.

Elle relève "un lien croissant", en particulier chez les jeunes filles, entre les cas de fugues répétées et l'exploitation sexuelle, qui avait motivé en partie le lancement du plan national de lutte contre la prostitution des mineurs en novembre 2021. "Les situations de prostitution peuvent préexister à la fugue et en être la raison, ou advenir durant celle-ci par le biais de mauvaises rencontres ou pour trouver des moyens de subsistance", explique à l'AFP Julien Landureau, responsable du plaidoyer de Droit d'Enfance. Les cas de prostitution sont désormais avérés ou suspectés dans un tiers des dossiers de fugues de filles traités par le numéro, qui a ouvert en 2022 1.313 dossiers et reçu 31.897 appels, dont 2.167 ont nécessité la saisie de la cellule de suivi.

 Au chiffre des fugues s'ajoutent 544 enlèvements parentaux répertoriés par les services du ministère de l'Intérieur et 1140 "disparitions inquiétantes". Celles-ci "recouvrent des situations diverses mais s'apparentent le plus souvent à des fugues longues, durant lesquelles le contact avec l'enfant finit par être rompu."