DOCUMENT TF1 - 36 heures à bord du Triomphant, l'un des quatre sous-marins nucléaires français lanceurs d'engins

V. Fauroux - Reportage vidéo : Esther Lefèvre et Frédéric Mignard.
Publié le 11 juillet 2022 à 20h46

Source : TF1 Info

Le Triomphant est l'un des quatre sous-marins nucléaires français lanceurs d'engins.
Un géant de 138 mètres de long qui transporte 16 missiles de 50 tonnes chacun.
Le 20H de TF1 a pu partager la vie de l'équipage durant 36 heures, et c'est rarissime.

L'hélicoptère amène l'équipe de TF1 au point de rendez-vous. Au même moment, sous l'océan, des hommes de l'ombre s'apprêtent à faire surface. Depuis le ciel, dans un sillage d'écume, le très discret périscope apparaît, puis en un coup de barre, le Triomphant se découvre. Un géant d'une longueur de 138 mètres et pesant 14.000 tonnes, ce qui est plus lourd que la tour Eiffel. Son équipage s'entraîne avant le grand départ pour accomplir sa mission invisible, mais ô combien cruciale. 

Une fois à l'intérieur du mastodonte, l'équipe de TF1 découvre le point névralgique du sous-marin : 16 tubes dans lesquels dorment des missiles nucléaires de 50 tonnes chacun. Depuis 50 ans, des sous-mariniers français se relaient en permanence en mer pour être prêts, si besoin, à utiliser ces missiles nucléaires, l'arme ultime. "Ces missiles ont une portée supérieure à 6000 kilomètres avec un chargement de têtes multiples qui vont nous permettre d'atteindre différents objectifs, juste avec le départ d'un seul missile", détaille le second-maître Sébastien Missilier, dans la vidéo du 20H en tête de cet article. 

À bord, pendant deux à trois mois d'affilés, ces 110 hommes disparaissent au fond des mers, réduits au silence afin que personne sur Terre ne puisse les localiser. "Tous les dix jours, on a un message de 40 mots qui est écrit par notre famille, mais on ne doit pas répondre", assure le second-maître Maxime. Aucun dialogue, y compris lorsque le bateau reçoit des ordres. 

Se préparer à toutes les avaries

Puis vient l'heure des exercices grandeur nature. "J'ai reçu l'ordre de faire un lancement simulé de missiles balistiques", lance le capitaine de vaisseau Alexandre Tachon. Autrement dit, l'équipage révise une fois de plus la manœuvre de frappes nucléaires. Le commandant et son bras-droit partent chacun dans leur cabine. Ce sont les seuls à bord qui connaissent l'intégralité de la procédure. "Là, je vais ouvrir les codes d'engagement nucléaire et avec mon second, on va aller les déchiffrer", dit-il. Il s'agit d'authentifier la décision de tir qui appartient uniquement au président de la République. "Si on doit tirer quelque part, c'est l'échec de la dissuasion. C'est qu'elle n'a pas suffisamment dissuadé un pays extérieur de nous agresser", explique le commandant. 

Pour assurer coûte que coûte sa mission de dissuasion, tenir jusqu'à trois mois sans remonter à la surface, l'équipage doit aussi se préparer à toutes les avaries. Ainsi, un instructeur va simuler un départ d'incendie dans un tableau électrique. Le feu, c'est l'ennemi numéro 1 à bord, dans ce dédale de couloirs et de machines. Car l'air peut rapidement être vicié. "Ça nous est déjà arrivé, il faut que l'équipage soit à même de réagir rapidement pour maintenir la mission", souligne le maître principal Loïc.

Une fois l'incendie éteint, il faut prendre en charge un blessé fictif avec mille précautions. "Ce n'est pas évident compte tenu de l'exiguïté des locaux et puis on a un blessé traumatisé, donc on essaie de ne pas aggraver ses traumatismes", avance le médecin major Pierre-Luc. Direction l'hôpital du sous-marin. Le médecin et ses deux infirmiers ont, si besoin, la capacité d'opérer à bord. Là encore, il s'agit de tout faire pour éviter une évacuation et donc d'interrompre leur mission. 

En plus du Triomphant, l'armée française compte trois autres sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. En permanence, l'un d'eux au moins patrouille sous les mers, indétectable garant de la dissuasion nucléaire française. 


V. Fauroux - Reportage vidéo : Esther Lefèvre et Frédéric Mignard.

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