Depuis plus d'une semaine, policiers et CRS occupent jour et nuit la place Gabriel-Péri, où trois policiers ont été agressés, le 20 juillet dernier.Drogues, violences... comment la situation de ce quartier, situé au cœur de Lyon, s'est-elle à ce point dégradée ?L'équipe du 20H de TF1 a rencontré les habitants de ce quartier.
Les policiers font désormais partie du décor. Depuis une semaine, des CRS et policiers occupent jour et nuit la zone du quartier de La Guillotière où se concentrent les violences. En cause ? Mercredi 20 juillet, trois policiers qui tentaient d'interpeller l'auteur présumé d'un vol à l'arraché dans le quartier de Lyon (Rhône) ont essuyé des jets de projectiles et autres coups de la part de plusieurs individus. Deux d'entre eux ont été blessés. Mais le problème ne date pas d'hier. Pour répondre aux troubles, la commissaire du secteur avait déjà créé, il y a quelques mois, une unité de police uniquement dédiée à La Guillotière. Impossible toutefois de faire totalement fuir les trafiquants, enracinés dans le quartier.
En effet, cela fait plusieurs décennies qu'ils y vendent des cigarettes de contrebande et du cannabis. Mais depuis quelques années, les policiers sont confrontés à une nouvelle drogue. "Nous avons manifestement une personne qui souhaitait vendre un certain type de médicaments qu'on trouve assez largement sur cette place", explique Vanessa Mazière, responsable de la division centre de Lyon, alors que les policiers viennent d'interpeller un suspect. "C'est utilisé comme produit psychotrope", ajoute-t-elle à l'équipe du 20H de TF1. Des antiépileptiques à effets hallucinatoires à forte dose. Son usage dans le secteur coïncide et expliquerait en partie, d'après les policiers et les associations locales, la flambée de violence dans le quartier.
Car ces dernières années, les bagarres, les vols à main armée et les agressions se sont multipliés. Il y a deux semaines, des policiers en civil ont été attaqués. Les riverains subissent ces actes au quotidien. Chaqib vit ici depuis six ans. En rentrant le mois dernier, il a reçu un coup de couteau d'un inconnu qui lui a valu 22 points de suture. "Il est venu derrière moi et m'a frappé avec un grand couteau. Je ne sais pas pourquoi il m'a frappé comme ça, je ne le connaissais pas", explique-t-il. Comment la situation de ce quartier, situé au cœur de Lyon, s'est-elle à ce point dégradée ?
"Le quartier s'est littéralement transformé"
Les troubles ne concernent pas toute La Guillotière, un quartier apprécié et tranquille. Les violences se concentrent sur une seule zone : sur la place Gabriel-Péri. Cela fait des années que des populations issues de l'immigration font vivre ce quartier. Des Maghrébins, des Africains et des Asiatiques arrivés en France dans les années 1950 cohabitent ensemble, sans histoire. Les commerçants bordant la place sont unanimes, les problèmes ont commencé il y a environ trois ans. "On se retrouve avec des populations avec lesquelles nous n'étions pas confrontés jusqu'à présent. À savoir, des personnes qui viennent en France sans papiers, qui sont complètement désocialisés, qui vivent en dehors des règles", explique Mohamed Ainine, gérant de la société Born to phone. "Les problèmes ont commencé depuis l'arrivée des ces jeunes sans papiers, avant l'épidémie de Covid-19", renchérit Yasmina, gérante de la boutique Lion Phone. "Depuis le quartier s'est littéralement transformé."
Ces individus, majoritairement de jeunes Algériens, seraient moins d'une cinquantaine, et dépendants à la drogue, pour la plupart. D'après une association, ils n'ont pas de travail et ne parlent quasiment pas le français. Ils vivent du vol et du trafic de drogue. "Ce sont des clans : ceux qui viennent d'Alger, ceux qui viennent de Sétif, ceux qui sont de Constantine, ceux qui sont d'Annaba. Chacun essaie de gagner son beurre de la journée. Celui qui n'a pas vendu assez de cigarettes va chercher à manger", explique un habitant historique du quartier, qui a souhaité garder l'anonymat. Le 26 juillet dernier, en réponse à l'agression des trois policiers, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, avait annoncé la présentation "à la rentrée de septembre" d'une loi pour lever "toutes les réserves" législatives empêchant l'expulsion du territoire des étrangers délinquants.
Pour le moment, la présence permanente des policiers les a dispersés. Ce dispositif va être maintenu au moins jusqu'à mi-septembre. Mais que va-t-il se passer ensuite ? Les riverains ont peur qu'une fois la police partie, les troubles recommencent comme avant.
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