Une étude des services de sécurité intérieure révèle que dans l'ensemble, les contraventions pour des atteintes à caractère raciste et xénophobe ont reculé en France en 2022.Mais les crimes et délits, les faits les plus graves, ont progressé au cours de l'année passée.En parallèle, l'exécutif a détaillé les mesures qu'il prépare pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme.
Les services de sécurité intérieure dressent un bilan en demi-teinte : les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont dans l'ensemble diminué l'an passé, mais dans le détail, les faits les plus graves ont progressé. C'est ce que révèle une étude du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), qui s'est penché sur les enregistrements des services de police et de gendarmerie en 2022 pour tenter d'évaluer l'ampleur du fléau, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ce mardi.
Les crimes et délits commis "en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion" ont progressé de 5% par rapport à 2021, note-t-il dans un communiqué. Les contraventions, elles, ont en revanche reculé de 12%, si bien que dans l'ensemble, les infractions ont chuté de 4%, après avoir connu une hausse continue depuis 2017, bien que freinée en 2020 par la crise sanitaire.
Paris, la Seine-Saint-Denis et le Bas-Rhin les plus touchés par le fléau
Dans le détail, les forces de sécurité ont enregistré sur l'année passée 12.600 infractions sur le territoire, qui se manifestent dans la majorité des cas par des "injures, provocations ou diffamations". Parmi ces infractions, 6600 relevaient de crimes ou délits et 6000 de contraventions.
Parmi les victimes, on retrouve principalement des hommes, des personnes âgées de 25 à 45 ans et des étrangers ressortissants d'un pays africain. Quant aux territoires où ces atteintes sont les plus nombreuses, "c’est à Paris, et dans une moindre mesure en Seine-Saint-Denis et dans le Bas-Rhin, que l’on dénombre le plus de crimes et délits à caractère raciste enregistrés par habitant", note le communiqué. Le phénomène est en revanche beaucoup moins représenté dans le Gers, en Vendée et à Mayotte.
L'an passé, plus de 3000 personnes ont été mises en cause pour des crimes ou délits "à caractère raciste", des personnes ayant "des caractéristiques beaucoup plus proches de la population générale" que celles inquiétées pour d'autres types d'infractions. Une large part de ces attaques passe toujours sous les radars, puisque selon une précédente enquête, réalisée sur la période 2013-2018, très peu de victimes de ces atteintes à caractère raciste portent formellement plainte : seules 14% de celles ciblées par des menaces et de violences physiques, et 2% de celles soumises à des injures, ont déclaré avoir franchi le pas.
Plan de formation, kit d'outils, référentiel... La réponse de l'exécutif
Pour lutter contre ces atteintes, le gouvernement a inauguré ce mardi un comité de suivi du plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine, déployé jusqu'en 2026, qui avait été présenté en janvier dernier par la Première ministre Elisabeth Borne, indique le gouvernement dans un communiqué. Isabelle Rome, la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, a détaillé sa feuille de route pour l'année à venir.
D'ici la rentrée 2023, "un plan de formation pour les agents de l’État aux enjeux de lutte contre le racisme et l’antisémitisme" sera élaboré, ainsi qu'un "kit pour tous les établissements scolaires, comprenant notamment un catalogue d’outils et ressources pédagogiques" sur la question. Les commissariats et gendarmeries devront aussi bénéficier d'"outils permettant de mieux enregistrer les plaintes et de mieux accompagner les victimes".
À la fin de l'année, un plan de formation pour les 45.000 volontaires des jeux Olympiques et Paralympiques devra être élaboré, ainsi qu'un "kit pratique" pour accompagner les entreprises dans cette lutte. D'ici début 2024, un "kit" sera aussi proposé aux établissements d'enseignement supérieur, tandis qu'un "référentiel pour le baromètre de la diversité dans le cinéma et le spectacle vivant" sera mis sur pied.
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