EN DIRECT - Fuite de Carlos Ghosn : passe d'armes entre la justice japonaise, Nissan et l'ex-patron de Renault

Publié le 10 janvier 2020 à 8h58, mis à jour le 13 janvier 2020 à 9h35

Source : TF1 Info

L'INCROYABLE ÉVASION – Carlos Ghosn, qui attendait son procès en résidence surveillée au Japon, a fui au Liban, où il est arrivé le 30 décembre. Dans une conférence de presse, le 8 janvier, il a longuement mis en cause la justice japonaise et l'entreprise Nissan. Suivez les dernières informations.

Ce live est à présent terminé. 

RETRAITE CHAPEAU


Il s'agit de plus de 700.000 euros par an... Et il ne veut pas y renoncer 

PASSE D'ARMES

Nouvelle salve de Masako Mori, qui ne digère toujours pas la fuite de Ghosn : "Les diverses affirmations du prévenu Ghosn ne justifient d'aucune façon sa fuite du Japon". Dans la presse, l'ex-patron a répliqué, jugeant ces déclaration "ridicules" et qualifiant le système judiciaire japonais de "totalement rétrograde".


Son ancien employeur, Nissan, également mis en cause, a ironisé sur la "vacuité" des accusations de Carlos Ghosn.

REACTION

Nouvelle passe d'armes entre Carlos Ghosn et son ancien employeur Nissan, qu'il accuse d'avoir comploter, en collusion avec la justice japonaise, pour arriver à sa perte. Vertement mise en cause par l'ex-magnat de l'automobile, la ministre de la Justice japonaise avait invité fermement Ghosn à s'expliquer devant un tribunal : "Si l'accusé Ghosn a quelque chose à dire sur son affaire pénale, qu'il présente son cas devant un tribunal japonais et qu'il présente des preuves concrètes."

CARLOS GHOSN

La justice libanaise interdit à Carlos Ghosn de quitter le territoire, a appris l'AFP de source judiciaire.

MARINE LE PEN

Carlos Ghosn a reçu le soutien de la présidente du RN, invitée de RTL ce matin, et qui s'est indignée des conditions d'incarcération de l'ex-patron de Renault : "Je m'étonne d'une chose, c'est que face à des conditions de détention et peut-être des droits de la défense, qui ne sont pas aussi corrects qu'en France, qu'a fait la France? Qu'a fait l'aide consulaire qui normalement doit être apportée à tout Français ?"


"Le gouvernement n'a strictement rien fait pour pouvoir prendre attache avec le Japon pour (…) le respect des droits de la défense de monsieur Ghosn qui est un Français", a souligné la dirigeante d'extrême droite. "Je crois que la France l'a abandonné".

QUATENNENS

Sur LCI, Adrien Quatennens a commenté la conférence de presse de Carlos Ghosn : "C'est un justiciable comme les autres mais son évasion particulière n'est pas à la portée de tout le monde. Il a dit qu'il avait besoin de se soustraire à la justice japonaise, dont acte. Quiconque se sent maltraité souhaite le faire, ça dépasse l'entendement, vous pensez forcément à vous échapper."


"L'application des respects des droits de l'homme vaut pour tout le monde, même pour un grand patron responsable d'exactions financières. Nous n'avons pas de principes à géométrie variable et son traitement a été assez dur."


Cela posé, "on a besoin d'en savoir plus sur cette histoire".

LIBAN


Le parquet libanais a convoqué jeudi Carlos Ghosn, après une demande d'arrestation d'Interpol et une requête déposée par des avocats concernant une visite en Israël de l'ancien PDG de Renault-Nissan, a rapporté mercredi l'agence de presse officielle libanaise.


Il a été convoqué à un "interrogatoire qui se tiendra jeudi (...) pour écouter son témoignage au sujet de la notice rouge" communiquée à Interpol par le Japon, où l'homme d'affaires, en fuite, est visé par des accusations de malversations financières, selon l'agence ANI.

RENAULT


Le syndicat CGT de Renault a souhaité mercredi que Carlos Ghosn "soit jugé par les tribunaux français pour" ce qu'il a qualifié d'"exactions en France au sein du groupe Renault et bien sûr aux Pays-Bas, face à ce qu'il a pu faire avec RNBV", la filiale néerlandaise de l'alliance formé avec Nissan. Ghosn "n'a pas fait autre chose aujourd'hui que dire sa vérité, sans possibilité d'une contradiction de qui que ce soit", lors de sa conférence de presse, a critiqué Laurent Giblot, délégué de la CGT Renault.

REPLAY


Revivez l'intégralité de la conférence de presse de Carlos Ghosn. 

La conférence de presse de Carlos Ghosn à BeyrouthSource : TF1 Info

JAPON


Le parquet de Tokyo a immédiatement réagi aux violentes critiques émises par Carlos Ghosn contre la justice japonaise lors de sa conférence de presse au Liban, les jugeant "unilatérales" et "inacceptables". "Les allégations du prévenu Ghosn font abstraction de sa propre conduite et ses critiques unilatérales du système de justice pénale du Japon sont totalement inacceptables", ont écrit les procureurs dans un communiqué mis en ligne, une démarche rare de la part du parquet de Tokyo.

CARLOS GHOSN


Interrogé sur son mariage à Versailles et s'il trouve cela "éthique", Carlos Ghosn a répondu : "Je ne pense pas que c'était un cadeau car j'ai tout payé. J'ai dit je prends vos traiteurs, vos vins, je paye tout. Ils m'ont dit on vous offre la salle. J'ai considéré que c'était une offre commerciale, pas gratuit."

Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur le financement de la cérémonie organisée le 8 octobre 2016.

CARLOS GHOSN


"Le cauchemar a commencé quand j'ai vu le visage du procureur, mon cauchemar s'est terminé quand j'ai vu le visage de ma femme."

CARLOS GHOSN


"A partir du moment où la justice demande à me parler, je me présenterai à la justice française. Je n'ai rien à me reprocher." 

CARLOS GHOSN


Que demande Carlos Ghosn au gouvernement français ? "Rien du tout. Puisque le gouvernement français a dit 'présomption d'innocence' je le crois. Mais quand d'autres ont dit 'présomption d'innocence' et ont un langage corporel qui dit le contraire, je ne suis pas d'accord."

Il fait ensuite référence aux enquêtes en France le visant : "Je ne suis pas inquiet."

CARLOS GHOSN


"En France, au Brésil, au Liban, je pourrais avoir un procès équitable."

CARLOS GHOSN


"La seule façon de résoudre le problème c'est d'aller voir Interpol, défendre le dossier, qu'il enlève le mandat international", déclare-t-il, faisant part des difficultés que peut poser le fait de traverser un pays qui a un accord d'extradition avec le Japon. 

CARLOS GHOSN


Quel sentiment a eu Carlos Ghosn lorsqu'il s'est enfui du Japon, lorsque son entreprise a réussi ? "Quelque part, le 19 novembre 2018, c'est comme si j'étais décédé. Je vivais chaque jour en disant j'ai une vie tout à fait réduite, je ne savais pas si j'allais revoir les gens que j'aime... c'est comme si j'étais mort. Quand vous passez par une période comme ça vous êtes paralysé, anesthésié. Quand j'ai vu que j'étais sorti c'est comme si quelque part je revenais à la vie."

CARLOS GHOSN


Une journaliste française demande à Carlos Ghosn s'il s'en senti lâché par les autorités françaises, qui l'ont peu défendu. Il a répondu, amer : "Vous auriez été à ma place vous vous seriez sentie comment ? Soutenu ? Défendu ? Lâché ? Neutre ? Moi je ne me prononce pas pour l'instant. J'espère que ce n'est pas le cas. Car quand même, je suis un citoyen français. Comme les autres, mais pas au-dessous des autres."

CARLOS GHOSN


Qu'a Carlos Ghosn à dire aux Japonais ? "Vous l'avez dit, j'ai été et je pense que je suis toujours, un homme d'affaires respecté au Japon. (...) Evidemment violer la loi au Japon c'est un problème. Mais ne pensez-vous pas que le fait que le procureur ait violé dix lois japonaises après mon arrestation, c'est aussi un problème ? Quand vous êtes le seul qui devait respecté la loi et que vos adversaires la violent, vous vous dites que ce n'est pas un système équitable. Je pense que les Japonais méritent mieux que ça."

"Mon intention n'est pas de faire du mal au Japon et aux Japonais. Mais pourquoi on me traite comme un terroriste au Japon ?"

CARLOS GHOSN


"J'ai choisi le Liban pour des raisons qui sont plus logistiques", a indiqué Carlos Ghosn, indiquant qu'il aurait aussi pu choisir de se réfugier au Brésil ou en France, dont il possède également les nationalités.

"J'ai confiance en les lois actuelles du Liban, j'ai confiance en le fait que les pratiques en vigueur seront respectées au Liban. C'est ce que j'ai entendu de la part de tous les dirigeants du Liban."

CARLOS GHOSN


"Je ne pense pas que le plus haut niveau de l'Etat soit impliqué", déclare Carlos Ghosn, invité à préciser s'il pensait que le Premier ministre japonais était impliqué dans le "complot" fomenté à son encontre. 

CARLOS GHOSN


"Je ne me considère pas comme un prisonnier au Liban. Je suis très heureux ici. Et je préfère cette prison à celle où j'étais auparavant. Je suis prêt à rester très longtemps au Liban, mais ne considérez pas que je vais me contenter de cette situation. Mais je vais me battre car je dois blanchir mon nom."

CARLOS GHOSN


Que va faire Carlos Ghosn de sa vie ? Va-t-il vivre en fugitif ? "Je suis l'homme des missions impossibles. Quand je suis allé au Japon tout le monde m'a dit que ça serait impossible. Et vous savez ce qu'il s'est passé. Donc je ne crois pas que ma situation soit désespérée. Je vais faire en sorte que la vérité émerge. Ici je suis entouré d'amis, de gens qui sont fiers de moi. Dans les semaines à venir vous pouvez attendre de moi un certain nombre d'initiatives pour réparer ma réputation, mon histoire, ce que j'ai fait, et que tout ce qui est arrivé ne soit pas intégré à cette fausse histoire de dictateur, mais dans la véritable histoire de ce que j'ai fait pour le secteur automobile."

CARLOS GHOSN


L'ancien PDG de Renault-Nissan répond maintenant aux questions des journalistes. 

"Je suis prêt à vous remettre tous les documents que j'ai montré" a assuré Carlos Ghosn à une journaliste française, qui lui demandait s'il était prêt à les fournir à la presse, pour qu'elle puisse les analyser.

CARLOS GHOSN


Carlos Ghosn se défend de ne pas aimer le Japon et les Japonais. "J'ai ressuscité Nissan. Lorsqu'il y a eu le tsunami au Japon, j'ai été le premier étranger à revenir au Japon. Je ne suis pas froid, j'aime le Japon. Et pourquoi le Japon me récompense de cette façon", s'interroge-t-il.

Il ne digère pas non plus qu'on dise de lui qu'il est "cupide" et "un dictateur".

CARLOS GHOSN


"Tout cela est politique. Beaucoup ont essayé de présenter ce dossier comme normal, avec quelqu'un qui a dérapé. Personne n'a dérapé, je suis innocent de toutes les accusations lancées contre moi. J'ai quitté le Japon parce que je voulais la justice. Je n'ai pas fui la justice, j'ai fui l'injustice", déclare Ghosn, ajoutant qu'il allait pouvoir désormais reconstruire sa "réputation".

CARLOS GHOSN


"Quelles sont les conséquences de tout cela ? Qui a gagné à tous ça ? En 2017, l'alliance était le premier groupe automobile au monde. (...) Aujourd'hui il n'y a plus d'alliance." 

CARLOS GHOSN


"La sous-déclaration de la rémunération est le principal chef d'accusation. (...) Dans aucun pays démocratique on ne se retrouve en prison pour ce genre d'accusations, même si elles s'avèrent réelles."

On a cru que "Carlos Ghosn prenait l'argent et le donnait à ses amis. C'est une farce", ajoute l'ancien PGD, qui diffuse sur un écran situé derrière lui des documents en guise de preuves. Des documents fournis à la justice japonaise, précise-t-il.

CARLOS GHOSN


"Lorsque j'ai quitté le Japon, je n'avais toujours pas de date de procès pour le premier chef d'accusation. Quand j'ai demandé à mes avocats combien de temps ça allait prendre, on m'a répondu 'peut-être cinq ans', cinq ans pour aboutir à un procès. La rapidité de traitement des dossiers, c'est un droit de l'homme en matière judiciaire." 

"Plus de 99% de taux de condamnation ça voulait que je n'avais aucune chance de m'en sortir, aucune chance d'avoir une vie normale" avant le procès, explique Carlos Ghosn, qui ajoute qu'il avait le sentiment qu'il allait "mourir au Japon", qu'il y était "pris en otage".

CARLOS GHOSN


"Ils savaient qu'en m'empêchant d'avoir une vie normale ils me braisaient" déclaré Carlos Ghosn, faisant référence à ses neuf mois de séparation d'avec son épouse. "Est-ce que je suis un animal, un objet ? Est-ce que je n'ai pas de sentiments à partager avec ma femme ?"

CARLOS GHOSN


Le patron raconte ses conditions de détention : "30 minutes de sortie par jour", "six jours pendant les fêtes sans aucun contact ou coup de fil", une "douche une fois par semaine", "pas de médicaments autres que ceux donnés par la prison", "personne qui ne parle anglais". 

CARLOS GHOSN


"J'ai été arrêté pour une rémunération qui n'a pas été fixée, n'a pas fait l'objet d'une décision et n'a pas été versée. Dans de nombreux pays ce n'est pas une raison pour arrêter les gens, ce n'est même pas un délit." 

CARLOS GHOSN


Carlos Ghosn explique pourquoi il a été arrêté, parle de "complot", et de règlements de compte internes à Nissan.

L'ancien PDG de Renault-Nissan parle de "collusion entre Nissan et le procureur. Les seuls qui ne le voit pas sont les Japonais".

CARLOS GHOSN


"Grâce aux fuites systématiques d'informations fausses et en étouffant des informations de nature à me disculper, j'ai été présumé coupable aux yeux du monde et soumis à un système dont le seul objectif est d'extraire des aveux. J'ai appris que mon épreuve est le résultat d'un poignée d'individus sans scrupules chez Nissan. Je ne suis pas au-dessus de la loi et j'invite la vérité à éclater au grand jour", continue Carlos Ghosn, évoquant un "système" qui avait pour seul but de le "briser".

Face à cela, "je n'avais pas le choix" ajoute-t-il, faisant référence à sa fuite. "C'était un choix difficile et un risque qu'on ne prend que quand on fait face à l'impossibilité d'un jugement équitable."

Carlos Ghosn estime que le système japonais est encore plus dur avec des étrangers.

"Ils m'ont toujours empêché d'exprimer ma version des faits. Pourquoi ont-ils passé 14 mois à essayer de briser mon esprit et empêché de voir ma femme ?"

CARLOS GHOSN


"Je ne suis pas là pour me poser en victime, je suis là pour mettre en lumière un système qui viole" les principes élémentaires, dénoncer "cette hérésie", ajoute-t-il, parlant aussi d'un "système corrompu et hostile" qui a tout de suite estimé qu'il était "coupable".

CARLOS GHOSN


"Je ne suis pas là pour vous parler de la manière dont je suis parti du Japon, je suis là pour vous parler de la raison pour laquelle je suis parti", précise Carlos Ghosn, qui estime qu'il n'aurait "jamais dû être arrêté". "J'ai besoin de laver mon honneur."

CARLOS GHOSN


"Aujourd'hui est un jour très important pour moi. C'est un jour que j'ai anticipé depuis plus de 400 jours, depuis que j'ai été brutalement extrait de mon monde, ma famille, à Renault, Nissan, et aux 450.000 collaborateurs de ces entreprises. Je n'ai pas eu un seul moment de liberté depuis le 19 novembre 2018. Il est impossible d'exprimer cela, d'exprimer la profondeur de ces privations et le plaisir que j'ai à pouvoir de nouveau être réuni avec ma famille et les personnes que j'aime."

CARLOS GHOSN


Carlos Ghosn débute sa conférence de presse. Il va s'expliquer sur sa fuite du Japon face à des dizaines de journalistes internationaux. Son épouse Carole Ghosn est à ses côtés, ainsi que la patronne de l'agence de communication Image 7 Anne Méaux, qui gère son image et l'a aidée à préparer cette intervention.

VIDÉO - CARLOS GHOSN A QUITTÉ SON DOMICILE


L'ancien PDG de Renault-Nissan a quitté son domicile pour rejoindre le Syndicat de la Presse de Beyrouth, où il tiendra à 14 heures heure française sa conférence de presse.

Les images de Carlos Ghosn quittant son domicile de Beyrouth avant sa conférence de presseSource : TF1 Info

COULISSES

INTERVIEW

RÉACTION


Interviewé sur LCI à la veille de la conférence de presse de Carlos Ghosn, Me François Zimeray a évoqué l'état de son client.


"Il est très tendu, ému et impatient de pouvoir s'exprimer, se justifier et démonter toutes les accusations articulées contre lui depuis tant de temps sans que jamais il puisse avoir accès au dossier", affirme l'avocat de Carlos ghosn.

"Il est très impatient de répondre aux questions qui lui seront posées", affirme l'avocat de Carlos Ghosn sur LCISource : TF1 Info

CAROLE GHOSN


À la veille de la conférence de son fugitif de mari, Carole Ghosn s'est confiée au Parisien et notamment sur sa prétendue participation à l'exfiltration de l'ex-PDG de Nissan.


"Je n'étais au courant de rien (...) J'étais à Beyrouth avec mes enfants pour fêter Noël, quelqu'un m'a appelée pour me dire: j'ai une surprise pour toi. C'était la plus belle de toute ma vie!", a affirmé Carole Ghosn au Parisien.


"Partir était le seul choix possible, alors qu'il voyait son procès reporté indéfiniment et qu'il était maintenu dans des conditions de privation de liberté visant à le déshumaniser. Carlos n'entendait pas plaider coupable pour des choses qu'il n'a pas faites", a-t-elle affirmé.

CAROLE GHOSN

Le mandat émis par la justice japonaise à l'encontre de Carole Ghosn n'a pas de rapport avec la fuite de son mari au Liban. La justice japonaise la soupçonne en effet de faux témoignage dans le volet national de l'enquête sur Carlos Ghosn. En l'occurrence, cette Carole Ghosn est soupçonnée d'avoir menti à la justice japonaise en avril 2019, quand elle avait été interrogée sur ses éventuelles rencontres avec une personne dont le nom n'a pas été cité.

REACTION