Rédoine Faïd face à la justice après son évasion spectaculaire
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EN DIRECT - Procès de Rédoine Faïd : "Mon défi, c'est de rester debout et vivant", affirme le braqueur

Publié le 25 septembre 2023 à 17h09, mis à jour le 26 septembre 2023 à 21h13

Source : Sujet TF1 Info

Le procès de Rédoine Faïd et de onze autres accusés se poursuit devant la cour d'assises de Paris.
Ce mardi, la cour continue d'interroger le braqueur multirécidiviste sur son évasion de la prison de Réau, le 1ᵉʳ juillet 2018.

Ce live est à présent terminé. 

FIN DE L'INTERROGATOIRE DE RÉDOINE FAÏD

Fin de l'interrogatoire de Rédoine Faïd sur son évasion et fin de ce live pour aujourd'hui.

"L'ISOLEMENT, UNE VENGEANCE DE L'ADMINISTRATION PÉNITENTAIRE ?"

Me Leberquier: Si vous étiez une loque, ce que vous devriez être, vous auriez peut-être la sympathie de la cour? 

Rédoine Faïd : Ma vraie carapace à moi, c'est ma dignité. Je suis pas un rebel, j'ai un côté déconneur. On m'a mis dans la tête qu'il n'y avait pas d'espoir avec l'administration pénitentiaire. Mon défi c'est de rester debout et vivant. Depuis le début de mon isolement, c'est la première fois que je vois autant de monde, ça fait plaisir. J'aimerais bien qu'on me traite avec humanité. 

Me Leberquier: "Vous dites que vous voyez des gens, des couleurs. C'est compliqué. C'est à la fois un plaisir d'être avec les autres et en même temps une difficulté d'acclimatation, on vous sent en hyper vigilance, tout d'un coup vous êtes dans la lumière.."

Rédoine Faïd : "C'est extrêmement compliqué. 

Me Leberquier :"Mme Belloubet a dit que vous étiez bien gentil avec vos conditions de détention. Les avocats généraux, c'est la validation de l'isolement. Pourquoi enlèverait-on l'isolement à Rédoine Faïd, c'est une des questions à laquelle va devoir répondre la cour. 

Rédoine Faïd : "Déjà parce que ça fait longtemps, parce qu'on l'a enlevé à des gens qui se sont évadés plus que moi..C'est un traitement personnel."

Me Leberquier: "Vous voulez dire que c'est une vengeance de l'administration pénitentiaire. Vous  leur avez mis la honte deux fois. À partir du moment où c'est un corps blessé, c'est un corps qui se rebelle comme un animal blessé."

LE JOUR OÙ JE VAIS FLANCHER, CE SERA IRRECUPÉRABLE"

Me Leberquier, autre avocat de Rédoine Faïd : "Vous avez dit tout à l'heure: Je ne veux pas crever". Peut-on mettre ça en parallèle avec ce que vous venez de dire: 'Je me suis forgé un caractère"...Vous ne vous autorisez pas une faille."

Rédoine Faïd : "Non."

Me Leberquier:" Une faille et vous tombez. Vous ne pouvez pas un peu pleurer? Votre attitude est contradictoire avec vos souffrances. Vous n'êtes pas un Super man." 

Rédoine Faïd :"Je me suis jamais donné le droit de souffrir. Mais il y a une souffrance. Elle est là, elle est immense. 

Me Leberquier: "Pourquoi vous ne vous autorisez pas ? Pourquoi on a l'impression de voir quelqu'un qui est jeune? Qu'est-ce qu'il se passe? c'est une armure ?"

Rédoine Faïd: "Moi en fait, je cherche à rester vivant. J'ai pas la notice, j'ai pas la méthode pour ça. Je veux pas mourir. Le jour où je vais flancher, ce sera irrécupérable, ce sera une descente sèche. Je suis pas invincible, je suis pas Super Man. J'ai échappé à la mort déjà, j'ai été agressé. On en reparlera. J'aimerais bien de l'humanité, pour ouvrir cette carapace. mais il faut que j'ai confiance et je ne suis pas tombé sur quelqu'un en qui je peux faire confiance. J'ai essayé de trouver cette personne-là pendant toutes ces années en détention et je ne l'ai pas trouvé. Je suis un homme vivant ici, je ne sais pas combien de temps ça va durer. Ce qui est sûr, c 'est que quand ça va basculer, ça va basculer d'un coup."

"UN VIEUX DE LA VIEILLE"

Rédoine Faîd répondant dans une réponse à un avocat des parties civiles sur les méthodes des policiers sur les indics: " Je suis un vieux de la vieille, même si vous me voyez jeune comme ça. "

"DES REMPARTS POUR NE PAS SOMBRER"

Me Violleau: "On vous reproche M. Faïd de ne pas vous agenouiller, de ne pas vous allonger, de lutter quand on tente de vous abattre. Ça peut paraître grandiloquent. Mais parce que vous refusez de vous allonger, vous apparaissez comme quelqu'un d'extrêmement dangereux. Grâce à vos proches, vos lectures, vous avez construit des remparts pour ne pas sombrer"

Rédoine Faïd : "Bien évidemment. Je n'ai pas de problème avec la société, la justice, l'institution policière, l'administration pénitentiaire. Je vais sortir un jour, je l'espère. J'ai juste envie d'avoir une vie normale, de rigoler...Moi je suis vivant, mais j'ai vu beaucoup de gens mourir en prison."

"MALTRAITANCE CARCÉRALE"

Me Violleau: "Vous avez dit que les détenus maltraités en prison étaient des bombes à retardement. Vous allez sortir, quand vous allez sortir, vous serez un danger vous aussi?" 

Rédoine Faïd :  "Moi? Non. Je me suis forgé un caractère. J'ai compris les rouages et les mécanismes de cette maltraitance carcérale qui rend mauvais, qui insuffle de la névrose, qui rend dangereux (certains détenus). J'ai réussi à me préserver de ça." 

"MON ÉVASION, C'EST UN CRIME TERRIBLE POUR EUX"

Rédoine Faïd répète : "Il n'y a aucune trace de sang ou de mention de crime de sang dans mon casier judiciaire". 

L'accusé ne comprend pas pourquoi on l'a mis et pourquoi il reste à l'isolement. "Je suis dans le quartier d'isolement alors que je n'ai pas tué de gens." Il s'agace contre Nicole Belloubet, alors ministre de la Justice. "Pourquoi elle fait ça? J'ai tué personne. Pourquoi? Parce que je me suis évadé, j'ai pris la tangente. C'est un crime horrible pour eux."

"ILS VONT SE VENGER"

Rédoine Faïd sur son interpellation après sa cavale et les suites : "Le monde s'écroule sur vos épaules. Tu sais qu'on va t'enfermer à quadruple tour, qu'ils vont se venger."

"J'ÉTAIS UNE CIBLE, IL Y AVAIT DES APPELS À LA MORT"

Me Violleau, avocate de Rédoine Faïd: "M. Faïd, vous avez profité de votre cavale?"

Rédoine FaÏd: "J'ai profité des reflets de la lumière urbaine de Paris, j'ai eu des moments simples calmes; Mais la cavale c'est une prison sans barreau, on se menotte nous-même, on édicte des règles, avec des choses à faire ou non. C'est pas une partie de plaisir non plus."

Me Violleau : "Vous vous êtes senti traqué. Vous avez dit 6 000 policiers qui vous cherchent..."

Rédoine Faïd : "Pour moi j'étais pas traqué, j'étais une cible. Il y avait des appels à la mort :'Celui-là, on lui promet une fin à la Mesrine'."

"VOUS ÊTES CELUI QUI A PENSÉ ET FAIT L'ORGANISATION DE CETTE ÉVASION?

L'avocat général: Vous êtes celui qui a pensé et fait l'organisation de cette évasion.

Rédoine Faïd : Je vous ai dit monsieur l'avocat général qu'il y avait à l'extérieur des personnes qui étaient aux commandes. 

"VOUS N'ÊTES PAS LE CERVEAU DE CETTE ÉVASION?"

L'avocat général :"Hier, vous avez déclaré sur l'organisation de l'évasion: 'On fait venir mon deuxième gars, il a des connaissances en hélicoptère...". Il reprend tout et finit par : "Vous n'êtes pas le cerveau de cette évasion?"

Rédoine Faïd explique que l'opération est "complexe", qu'il y a "plusieurs véhicules", des "véhicules volés", des "armes à déterrer", une "disqueuse planquée", des "déplacements sur le terrain", il faut "trouver le pilote", "aller à l'aérodrome". Si vous considérez que je suis le moteur de recherche Google 5G qui contrôle depuis une cellule... 

13 PLANQUES PENDANT LA CAVALE

Rédoine Faïd revient sur les aléas de sa cavale. "Ça a été dinguerie sur dinguerie. J'ai dû faire avec. Je suis pas Super man". 

Il explique qu'il a utilisé "13 planques". "Ca m'a coûté énormément d'argent", dit Rédoine Faïd ajoutant qu'il avait 6000 policiers et gendarmes qui le recherchaient. 

POURQUOI NE PAS AVOIR BLANCHI LES AUTRES AVANT?

L'avocat général : "Je m'interroge sur ce silence de 5 ans. Il y a un enjeu humain derrière de savoir qui est impliqué, qui n'est pas impliqué. Pourquoi ne pas avoir blanchi ces autres coaccusés avant? 

Rédoine Faïd: "En effet, monsieur l'avocat général. Est-ce que mes conditions de détention n'auraient pas pu prendre le pas sur dédouaner les autres ? Je me pose la question."

UN SILENCE "TRÈS GRAVE"

L'avocat général : "Hier vous avez insisté pour dédouaner tous ceux dont vous n'aviez pas besoin : Karoune Herizi, LIazid Faïd, Isaac Herizi...Pourquoi est-ce que finalement vous avez attendu 5 ans pour dédouaner tous vos proches?"

Rédoine Faïd: "Monsieur l'avocat général je suis d'accord avec vous. Sachat que je ne l'ai pas fait pour M. Buy (le pilote) alors que c'est un innocent. Le fait que je me sois tu pendant cette instruction c'est très grave. Je suis désolé de voir tous ces gens-là qui n'ont rien à voir dans l'affaire et qui sont aujourd'hui devant la cour d'assises."

L'AUDIENCE A REPRIS

L'audience a repris il y a quelques minutes. L'avocat général continue d'interroger Rédoine Faïd. Il est question de la disqueuse utilisée pour scier les portes de la prison.

"VOUS VOULEZ M'ABATTRE !"

Rédoine Faïd : "Moi, je tue pas, je tire pas, y'a pas de mort, y'a pas d'orphelin."


L'accusé ne comprend pas pourquoi il est à l'isolement, comme son frère, alors que des violeurs, des terroristes et d'autres criminels n'y sont pas.


"Pourquoi vous me mettez là-bas ? Parce que vous voulez m'abattre ! [...] Salah Abdeslam, qui a tué 130 personnes, vous lui retirez son hygiaphone !", s'agace Rédoine Faïd. "Moi, ça fait presque 11 ans que je suis à l'isolement, cinq ans que j'ai touché personne. Ce qu'on m'a fait, c'est un massacre". 


L'accusé est applaudi par plusieurs personnes dans le public. La présidente suspend l'audience. 


Reprise prévue à 14h45. 

KALACHNIKOV, CHARGEURS ET "DISSUASION"

L'avocat général : "Votre leitmotiv, pas de sang versé. On ne tirera pas de balle. L'arme n'est que dissuasive. c'est une vraie arme qui est utilisée non pas par votre gars sûr mais par le gars que vous connaissez le moins bien parmi vos gars sûr. Il a une arme, elle est chargée. Vous dites qu'il a aussi d'autres chargeurs. Pourquoi avoir autant de chargeurs si c'est que de la dissuasion? Une Kalachnikov déjà sans chargeur ça fait peur..."

Rédoine Faïd : "C'est une vraie arme, il y a un double chargeur. Mais je vous l'ai dit, je suis un escroc moi je bluffe. C'est difficile pour vous, vous voulez me faire passer pour un tueur. Mes gars et moi on ne l'a jamais fait, on n'est pas des massacreurs. C'est pas bien ce qu'on a fait, ça a fait des troubles à l'ordre public mais il fallait que j'en passe par là pour m'évader."

IRONIQUE SUR SON ÉVASION

Rédoine Faïd :"Moi Rédoine Faïd qui me suis évadé de Lille-Sequedin, on me met à Réau où il n'y a pas de filin!"

"DANS MA TÊTE J'ÉTAIS DÉJÀ PARTI"

Rédoine Faïd explique que du jour au lendemain, il n'a plus souffert de cette maltraitance infligée en prison car "dans" sa "tête" il était déjà parti, déjà en cavale. "Vous connaissez l'expression : Marche ou crève. Moi je l'ai tranformé en Speedy Gonzalez et je suis parti. Ariba Ariba". 

DE L'ISOLEMENT ET DE L'ÉVASION

Rédoine Faïd explique à l'avocat général qui l'interroge sur son évasion que quand on s'évade, c'est parce qu'on "s'ennuie" en prison. "L'isolement est une punition, mais elle n'est pas vue comme telle c'est une mesure d'ordre et de sécurité. Mais c'est un châtiment éternel, une détérioration physique, psychique, c'est un crime. (...) J'ai voulu me sortir de ce labyrinthe d'ennui (...) J'ai voulu me soustraire de cette maltraitance carcérale."

"JE SUIS UN VOLEUR, JE SUIS PAS UN VOYOU"

L'avocat général: "Vous avez dit hier: 'Ca va peut-être vous faire sourire mais je ne suis pas un voyou, je ne suis pas un truand, je n'appartiens pas au grand banditisme'. Moi déjà ça ne me fait pas sourire..."

Rédoine Faïd : "Je suis un voleur moi. Je pique, je suis un voleur. Quand t'arrêtes de voler dans un supermarché, tu vas voler dans une banque. C'est pas bien de voler dans les banques même si elles nous prennent beaucoup d'argent dans l'année. Je suis un voleur, un magouilleur, un escroc. Quand je braque un fourgon, je sais que je vais pas tuer.  Je suis un voleur, point à la ligne. Je suis pas un truand, je suis pas un voyou, je leur donne des coups de mains. Il y a des braves mecs, il y a des poucaves. J'ai des amis dans le grand banditisme, mais je suis pas un voyou. Je suis un escroc, un arnaqueur."

Rédoine Faïd dit que l'image qui lui colle à la peau de tueur, mec du grand banditisme vient des policiers et des médias mais qu'il n'est pas comme ça. 

AU SUJET DES MENACES SUR LE PILOTE ET SA FAMILLE

Une avocate de la partie civile : "Est-ce vous qui avez eu l'idée des menaces sur la famille du pilote de l'hélicoptère? "

Rédoine Faïd : "Jamais de la vie."

L'avocate : "Qui a eu cette idée?"

Rédoine Faïd : "Il y avait un professionnel dans l'hélicoptère. Après c'était du bluff".

AU SUJET DES ACCUSÉS

La présidente : "Les accusés autres que votre famille, vous avez dit que vous ne les connaissiez pas. "

Rédoine Faïd répond par la négative, sauf pour Mariani qu'il a croisé en prison, Alima A. chez qui il s'est planqué et un autre accusé qu'il aurait préféré ne jamais croiser.

RÉDOINE FAÏD A EU TOUT LE PLAN DE LA PRISON DE RÉAU AVANT SON ÉVASION

L'assesseure : "Avez-vous obtenu des plans de la maison d'arrêt?"

Rédoine Faïd :"Oui"

L'assesseure: "D'où viennent ces plans? "

Rédoine Faïd : "Le tuyau qu'on a sur la porte de service met à disposition de mon gars tout le plan de la prison de Réau."

L'assesseure : "Ca ne relève pas uniquement de votre observation personnelle?" 

Rédoine Faïd : "Non" 

L'assesseure : "On comprend que c'est une personne du personnel pénitentiaire."

Rédoine Faïd : "Je ne peux rien vous dire. Vous comprenez ce que vous voulez."

QUI ÉTAIT AU COURANT?

L'assesseure demande à Rédoine Faïd s'il n'a pas parlé de son évasion pendant l'unité de vie familiales (UVF) (parloir famille) avec ses deux frères Brahim et Rachid les 5 et 6 mai 2018. 

Rédoine Faïd : "Madame, faut être débile pour parler de ça dans un parloir, un UVF, une salle d'attente..."

L'assesseure : "Est-ce qu'il faut être débile pour utiliser un téléphone portable dans sa cellule?" (Rédoine Faïd a révélé ce jour qu'il avait un portable à l'isolement avec qui il échangeait avec son gars).

Rédoine Faïd : "Un téléphone, c'est indispensable. Ce téléphone je l'utilise avec une personne, une personne dédiée. J'ai une confiance absolue en lui. "

L'assesseure: "En UVF, vous pouvez écrire. Vous n'êtes pas obligé de parler. Avec Rachid, il était question d'une évasion. (Rachid Faïd était au courant)..."

Rédoine Faïd : "Vous oubliez que mon frère Brahim était présent pendant l'UVF. Brahim voit un regard conspiratif, il est capable de faire une crise cardiaque."


Brahim Faïd, qui était au parloir avec son frère Rédoine Faïd le jour de l'évasion, a toujours dit qu'il n'était pas au courant de cette évasion. 

L'AUDIENCE EST REPRISE

L'audience vient de reprendre. 

L'assesseure : "Hier vous nous avez dit qu'à part Rachid, personne n'était au courant de votre projet?"

Rédoine Faïd : "Oui."

L'assesseure :" Et vous avez demandé à votre neveu Karoune de bouger les voitures. Vous lui avez donné quelles raisons?"

Rédoine Faïd explique que c'est son "gars" qui a fait l'intermédiaire. Il dit que Karoune sait aussi qui il est, que c'est des voitures volées. Mais assure que Karoune n'était pas au courant pour l'évasion. "On lui a pas donné non plus un avion de chasse à garder". 

L'assesseure :"Deux véhicules volés quand même"

Rédoine Faïd :"Deux véhicules banalisés. Si ça se trouve il (son gars) lui a donné un billet. Je pense que mon pote a dû lui donner un petit billet, je sais pas 400 euros. Je le connais mon gars."

"MON GARS C'EST MON CLONE, C'EST LE MÊME QUE MOI DEHORS"

L'assesseure : "Concernant votre frère Rachid, vous dites qu'il a été contacté par votre gars, que celui-ci l'a 'conditionné".

Rédoine Faïd : "Il l'a motivé mi-mai".

L'assesseure: "Ça prend peu de temps. Vous décidez de changer l'évasion d'explosifs en disqueuse mi-mai (...) Donc votre gars et Rachid (Faïd) se sont rencontrés ?"

Rédoine Faïd : "Bien sûr."

L'assesseure: "Vous n'auriez pas eu plus d'autorité sur votre frère?"

Rédoine Faïd :"Non non, mon frère connaît pas mon gars."

L'assesseure étonnée:"C'est votre ami d'enfance et votre frère ne le connaît pas?"

Rédoine Faïd : "Mon gars c'est mon clone, c'est le même que moi dehors. "

L'assesseure: "Il a le même âge que vous? 

Rédoine Faïd :" Vous voulez pas son nom, son adresse, son téléphone? 


Audience suspendue 5mn.

"VOUS AVEZ UN MAGOT DE CÔTÉ?"

L'assesseure : "Les six personnes qui vous aident à vous évader, vous les rémunérez"

Rédoine Faïd  répond par la négative. 

L'assesseure est étonnée. 

Rédoine Faïd précise plus tard que la cavale par contre lui a coûté très cher. "Ça coûte cher une cavale c'est connu."

L'assesseure: Vous avez un magot de côté ? 

Rédoine Faïd : "Non j'ai des gens qui m'aident."

DÉTONATEURS

L'assesseure : "En forêt, il y avait votre t-shirt, utilisé le jour de l'évasion, avec votre ADN". 

Rédoine Faïd : "Bah ça je vais m'en débarrassais. Au départ, je sais pas que les flics vont débouler. J'allais m'en débarrasser. Quand j'ai su, vous savez ce que j'ai pris? Les détonateurs. C'est le seul truc que j'ai pas laissé. Pourquoi, parce que c'est dangereux. Je suis parti avec. Je me suis dit, je vais l'enterrer moi, pas le mettre dans une poubelle parce que c'est dangereux."

L'assesseure : "Vous me voyez enlever mon t-shirt, remettre ma veste et me trimballer comme ça torse nu? "

DOCUMENT TF1 - Les images des 93 jours de cavale de Redoine FaidSource : JT 20h Semaine

EN CAVALE, RÉDOINE FAÏD ATTEND SON NEVEU AU MC DONALD'S PORTE DE BAGNOLET

Rédoine Faïd sur son neveu Karoune à qui il a demandé de l'aide pendant sa cavale : "Karoune vous lui demandez un truc qui prend un quart d'heure, vous le revoyez le lendemain. Pourquoi j'insiste avec lui, alors qu'il fait dinguerie sur dinguerie. Parce que c'est mon neveu. Je sais qu'il est maladroit, je le paye cher mais je sais qu'il ne va pas me balancer. ...) Karoune c'est pas quelqu'un de professionnel, pas quelqu'un de sérieux, quelqu'un qui flotte un peu dans sa tête. Je l'ai attendu porte de Bagnolet, il est pas arrivé à 19 heures, il est arrivé à minuit. Je l'ai attendu au McDonald's porte de Bagnolet." 

SAC DE COUCHAGE

La présidente : "Le 9 juillet, on trouve dans la forêt le sac de couchage. Vous n'étiez plus dans la première planque ? "

Rédoine Faïd : "Non, je suis parti vite fait. Je suis parti chez quelqu'un d'autres. Après, j'ai préféré aller au clair de lune que d'aller dans l'urbain."

"LES PLANQUES , ÇA M'A COÛTÉ CHER"

Rédoine Faïd précise qu'il a eu plusieurs planques pendant ses trois mois de cavale. "Ça m'a coûté cher. Ma cavale a été extrêmement sensible, ça a été dur. Faut payer les loyers, les intermédiaires. Tu deviens parano, tu te dis que quelqu'un a vu quelque chose, tu dois retrouver une planque..."

EN CAVALE RÉDOINE FAÏD FAIT SES COURSES AU MONOPRIX

La présidente : "Le 10 juillet, vous allez acheter des vêtements. 1140 euros d'effets vestimentaires. Ils sont nécessaires pour ?"

Rédoine Faïd : "Pour s'habiller."

La présidente : "C'était votre argent ?"

Rédoine Faïd : "J'ai des amis qui m'ont aidé"

La présidente : "Vous allez au Monoprix, faites vos courses vous-même : caleçons, rouleaux adhésifs..."

Rédoine Faïd : "Il fallait le nécessaire pour s'habiller".

VÉHICULE BALISÉ OU NON ?

La présidente : On aurait pu tout remettre dans le Kangoo2 et allait ailleurs avec tout l'arsenal

Rédoine Faïd : Bah Madame, j'ai pensé comme vous. Je vais vous dire les choses. C'est exactement ce que je voulais faire. Je suis dans un bois que je connais, je le connais par cœur. On a croisé le chasseur, il n'était pas dangereux le chasseur. Le problème est que ce véhicule était balisé et que tout autour de ce bois-là, il y avait un manège bizarre. Madame, ce véhicule était balisé. 

La présidente: "Il n'y a pas dans le dossier d'éléments qui disent que ce véhicule avait un tracker ou qu'il était balisé. Pourquoi les policiers ne nous auraient pas dit qu'il y avait une balise ou un tracker dans ce véhicule retrouvé brûlé? Quel est l'intérêt?"

Rédoine Faïd : "Il y a eu un loupé Madame. Ça s'appelle un coup d'épée dans l'eau. La personne qui a permis ce balisage bah voilà."

La présidente : "Le Kangoo2 a servi à quoi?"

Rédoine Faïd:"Il fallait faire le tri? Les policiers ont été plus rapide, ça a créé la pagaille".

La présidente: "On trouve dans ce Kangoo2 la puce du téléphone de M.Buy". 

AU SUJET DES VÉHICULES

La présidente interroge l'accusé sur les chargeurs de Kalachnikov. 

Elle poursuit : "Sur l'achat du véhicule Kangoo 2. On sait qu'il a été acheté 1400 euros. On sait que le Kangoo 1 et la Mégane ont été volés. Pourquoi acheter ce Kangoo qui a été utilisé deux jours et brûlé dans la nuit du 7 au 8 juillet ?"

Rédoine Faïd : "Il fallait transporter le matériel". 

La présidente : "Pourquoi ne pas avoir utilisé les autres véhicules ? Pourquoi en racheter un ?"

Rédoine Faïd à la présidente : "Madame, vous êtes sérieuse ? Je vais faire un braquage et garder la voiture trois jours garée en bas de chez moi ???"

LES GILETS PARE-BALLES "ENTERRÉS PENDANT DES ANNÉES"

La présidente : "Sur le reste du matériel nécessaire, par rapport à ce qui a été retrouvé en forêt d'Halatte le 9 juillet, vous dites que cela correspond à ce qui a pu être utilisé."

Rédoine Faïd : "Une partie"

La présidente: "Les talkie-walkie?"

Rédoine Faïd : "Non. Ils ont été acquis mais on ne les a pas utilisés. "

La présidente : "La disqueuse ?"

Rédoine Faïd : "La disqueuse on l'avait déjà depuis pas mal de temps. Mais on pensait peut-être en acheter une autre si mon frère n'était pas à l'aise avec celle-là". 

La présidente : "Les gilets pare-balles"

Rédoine Faïd : "Je les avais déjà depuis pas mal de temps."

La présidente : "Mais vous étiez en détention, ils étaient où ?"

Rédoine Faïd : "Cachés, enterrés, plastifiés. Il n'y a plus qu'à les déterrer. Faut être taré pour mettre ça dans un garage. "Moi, je mets ça dans un endroit où il y a des biches et des oiseaux qui chantent.

La présidente : "Mais comment le gars sûr savait ?"

Rédoine Faïd : "Peut-être qu'il était avec moi en 2013 quand je les ai cachés."

La présidente : "Les fumigènes."

Rédoine Faïd : "Oui, on les avait (...) Tout était enfoui."

UNE ÉQUIPE DE 7 ET UN SEUL NOM

La présidente : "Vous dites qu'il n'y a eu aucune version entre les gars qui sont montés à Lognes et le deuxième posé de l'hélicoptère ?"

Rédoine Faïd : "Non."

La présidente : "Il y avait donc trois personnes dans l'hélicoptère, le cerveau dans la Mégane, un qui s'occupe du Kangoo, deux véhicules, deux conducteurs, ça fait sept personnes. Vous dites qu'il y avait Rachid, il manque six personnes..."

Rédoine Faïd : "Oui". 

HÉLICOPTÈRE

La présidente : "On sait que la Renault Mégane pose un premier individu avec le sac et les armes, ensuite votre frère et un autre à Lognes. Pour aller vous chercher, il faut un hélicoptère à  places nécessaires. "

Rédoine Faïd : "L'hélicoptère pour les simulations, même un trois places aurait suffi. Il fallait juste faire les repères. Il fallait aussi tester le pilote et voir ce que ça donne."

"GREEN LIGHT"

La présidente : "Par rapport à l'équipe de l'évasion, on part au départ sur un baptême classique pour M. Buy. Il y a d'abord un premier posé, quel est le sens de ce premier posé de l'hélicoptère? 

Rédoine Faïd : "Ca c'est mon gars sûr qui décide."

La présidente : "On bascule du baptême de l'air inoffensif à une opération armée."

Rédoine Faïd :" Je vous l'ai dit hier, le green light, c'est le gars dans la Mégane qui donne le green light, qui appelle mon expert en aérien. "

Est confirmé à ce moment que le parloir entre Brahim et Rédoine Faïd est bien en cours à Réau et que l'évasion va pouvoir se faire. 

UN EXPERT EN DISQUEUSE THERMIQUE

Rédoine Faïd : "Mon frère (Rachid) présent à Réau avec une disqueuse thermique, avec 40 ans de bâtiment (c'est son métier NDLR), forcément ça optimise à 100 % les capacités opérationnelles de l'opération." 

BAPTÊME DE L'AIR

La présidente : "Le spécialiste aérien, il intervient plutôt sur la fin? Début juin, quand on fait les baptêmes de l'air?"

Rédoine Faïd :"Fin mai il va déjà discuter avec mon gars sûr (...) Mon frère Rachid Faïd NDLR) grimé pour faire plus âgé va se présenter avec lui à l'héliport pour le baptême de l'air. (Rachid et l'expert en aérien se sont fait passer plusieurs fois pour un père et son fils à l'héliport, faisant croire qu'ils voulaient faire un baptême de l'air pour faire des tests avant l'évasion du 1er juillet 2018 NDLR).

Rédoine Faïd expert que ce son sur le terrain qui prennent les décisions, que lui est coincé dans sa cellule et qu'il ne peut pas donner toutes les directives. 

"VOUS ME VOYEZ DANS MA CELLULE AVEC UN DRONE??"

La présidente: "Quelqu'un a eu recours à des drones?"

Rédoine Faïd : "Rien du tout, c'est un mythe. Jamais on n'a fait recours à des drones. Mes gars ils ont jamais fait ça. Vous me voyez dans ma cellule avec un drone?? C'est dangereux, visible, alarmant. Réau il n'y a rien autour, forcément un drone on le voit, on va le signaler, et on va me tomber dessus. Moi je savais même pas qu'il y avait des passages de drones."

DISQUEUSE ET ARMES

La présidente: "Là votre frère Rachid était au courant des modalités, de l'intervention de chacun?"

Rédoine Faïd : "Oui, mon gars l'a rassuré, il lui a dit :'Nous on s'occupe de tout'. Toi tu n'as qu'à cisailler la porte, couper la serrure. Viens juste pour ça."

La présidente : "Votre frère sait qu'il y a des armes?"

Rédoine Faïd : "Oui. Il sait que mes gars sont armés?"

"LE DEUXIÈME HOMME, l'EXPERT EN AÉRIEN"

La présidente :" Le deuxième homme, l'expert en aérien, il apparait quand dans le scénario? Avant ou après le 17 mai 2018 ?"

Rédoine Faïd répète que l'idée était de faire une évasion à l'explosif jusqu'au 17 mai et qu'ensuite, on est passé à la disqueuse, entre le 17 et le 26 mai. 

RÉDOINE FAÏD AVAIT UN TÉLÉPHONE PORTABLE DANS SA CELLULE

Rédoine Faïd revient sur le débat qu'il avait avec son gars sûr, et qui l'a aidé à préparer son évasion :" Forcément les explosifs venaient dans le débat, il a des portes blindées, des serrures". 

La présidente: "Comment arriviez-vous à échanger avec votre gars sûr?"

Rédoine Faïd: "Bah j'avais un téléphone"

La présidente étonnée: "À l'isolement?" 

Rédoine Faïd: Oui à l'isolement

La présidente: "Comment l'avez-vous eu?" 

Rédoine Faïd: "Bah je l'ai eu. Et même s'il y a des brouilleurs à l'isolement, il y a toujours un endroit où  avec mon gars on pouvait parler." 

L'accusé précise qu'une évasion sans portable, c'est pas possible. Il dit aussi qu'il fallait "être prudent" pour ne pas se faire prendre avec le portable dans la cellule. 

La présidente: "Mais elle est fouillée la cellule... Vous l'aviez depuis quand ce portable?" 

Rédoine Faïd: "Toute la période. J'en changeais aussi..."

La présidente : "Mais vous ne croisiez personne. C'est donc quelqu'un de l'administration pénitentiaire qui vous a donné ce portable..."

Rédoine Faïd ne veut pas dire où il a eu son portable. 

La président: "J'imagine que vous rémunérez la personne pour ce portable." 

Rédoine Faïd : "Échange de bons procédés."

"UN DÉBAT D'IDÉES AUTOUR DE L'ÉVASION"

La présidente : "Le scénario initial comportait des explosifs et un hélicoptère. Le scénario, c'était quoi ?"

Rédoine FaÏd : "C'est un débat d'idées que j'ai avec mon gars sûr. Peut-on rapporter des explosifs pour ouvrir les portes. Mais comme j'ai été transféré à Fresnes, tout ça a été mis de côté. Les discussions ont été interrompues avec le transfert fin février (le 21) à Fleury. Tout ça, c'était mis de côté. Je n'avais pas la certitude formelle que j'allais revenir à Réau bien que je l'espérais". 

"LE GARS SÛR"

La présidente : "Au départ, vous avez dit qu'au départ que vous ne vouliez pas faire appel à votre frère Rachid. Et il y a ce monsieur, cet ami de 30 ans dont vous ne voulez pas nous donner le nom". 

Rédoine Faïd : "Au départ, il y avait mon gars (ce vieil ami dont il ne veut pas dire le nom). Je l'ai mis en contact avec mon frère. 

La présidente : "À quand remonte cette prise de contact avec votre gars le plus sûr."

Rédoine Faïd : "Mon gars sûr, c'était début 2018.  Mais il ne sait pas comment ça se passe au parloir, il a dû demander à mon frère Rachid. Là mon frère Rachid participe quelque part à l'évasion, il a besoin de dire à mon gars comment ça se passe au parloir. Moi, je sais déjà que je vais partir en hélicoptère de Réau. Parce que bien avant d'arriver à Réau, les détenus ils se parlent. Réau, j'avais eu vent qu'à un endroit, il n'y avait pas de filin, il fallait vérifier l'info et effectivement, il n'y avait pas de filin. 

EXPLOSIFS

La présidente rappelle les différentes prisons où a été détenu Rédoine Faïd après 2013 : Fresnes, Fleury, Réau. "Vous avez dit hier qu'il avait été question d'avoir recours à l'explosif et c'est le 17 mai 2018 que vous changez d'avis. Quand avez-vous pensé aux explosifs ?"

Rédoine Faïd, t-shirt blanc, debout dans le box : "En début d'année 2018". 

"MONSIEUR RÉDOINE FAÏD LEVEZ-VOUS"

La présidente demande à Rédoine Faïd de se lever. "Suite à vos déclarations d'hier assez fournies, forcément de nombreuses questions", dit-elle

L'AUDIENCE EST REPRISE

L'audience vient de reprendre. 

ÉCHANGES AVEC LES AVOCATS ET SON FRÈRE

En attendant le début de l'audience, Rédoine Faïd échange avec l'un de ses avocats, Me Leberquier, et avec son voisin de box, son frère Rachid Faïd. 

L'AUDIENCE VA REPRENDRE

L'audience va reprendre dans quelques minutes avec la suite de l'interrogatoire de Rédoine Faïd. Les accuses viennent d'arriver. 

AUDIENCE SUSPENDUE

L'audience est suspendue. Reprise demain à 10 heures avec les questions à Rédoine Faïd.

AU SUJET DES ARMES

Rédoine Faïd répète que son frère Rachid ne voulait pas d'arme et qu'il n'a pas voulu lui en amener une pour sa sortie de prison le 1er juillet 2018. 

La présidente: "Pourquoi on n'a pas voulu vous amener une arme alors qu'une fois dans l'hélicoptère vous vous retrouvez avec une arme?"

Rédoine Faïd indique qu'il y a "des aléas". 

La présidente: "Pourquoi vous vouliez une arme en sortant du parloir?" 

Rédoine Faïd : "Je voulais une arme..."

La présidente : "Mais pourquoi, vous avez dit que vous ne vouliez pas une goutte de sang." 

Rédoine Faïd : "Parce que si je croise un surveillant, comme ça, il se couche." 

"LE SUPER MEC" ET "LE GARS SÛR"

La présidente: "Le super mec 'qui connaît les hélico et qui est armé' et 'qui est derrière le pilote', il est en contact avec 'le gars sûr' non? "

Rédoine Faïd : "Bien sûr, bien sûr". 

UNE ARME DE POING ET UNE KALACHNIKOV

Rédoine Faïd indique que pour l'évasion, il y avait une kalachnikov et une arme de poing. "La AR-15 n'était pas là. Le Uzy n'était pas là."

EXPERT EN HÉLICO

La présidente demande quel est le rôle de l'autre gars, l'expert en hélico le 1er juillet. "C'est lui qui gère Stéphane Buy, je vais pas dire le copilote (...) Il est toujours derrière lui" répond Rédoine Faïd indiquant que ce dernier a toujours une arme de poing ?

"LE GARS SÛR"

Rédoine Faïd a fini sa déclaration spontanée. La présidente lui demande si "son gars sûr", "l'ami d'enfance", "le cerveau" le "super mec qui connaît l'hélico", "l'ami de 30 ans" est bien la même personne. Rédoine Faïd confirme. "C'est lui qui coordonne, qui donne le green light, qui prévient le commando que je suis au parloir". 

Elle rappelle que Rédoine Faïd n'a jamais parlé de tout ça... Et que donc l'audience va s'arrêter pour ce soir pour reprendre demain avec les questions.  

À NOUVEAU PARDON AU PILOTE

Rédoine Faïd : "Je tiens à demander vraiment, sincèrement pardon à M. Buy. Il a croisé mon regard dans l'hélico. Il y a eu un problème dans l'hélico. Mon gars a cru que M. Buy se foutait de sa gueule quand il a dit qu'il y avait un problème technique dans l'hélico. Comme mon gars s'y connait, il a cru que M. Buy lui faisait à l'envers. Alors M. Buy il a pris un coup de crosse, deux coups de crosse."

"MOI J'AI UN TORT, J'AI RECHERCHÉ L'AIR FRAIS"

Rédoine Faïd : "Moi jai un tort, j'ai recherché l'air frais. Voilà, j'ai pris mon frère Rachid avec moi. Je le regrette. Si c'était à refaire, je ne le referais pas. "

"LA LOGEUSE"

Rédoine Faïd  parle d'Alima A. chez qui il a été interpellé après trois mois de cavale : "Ce que j'ai fait quand je suis partie chez elle, c'est dégueulasse. Elle avait un mec, un appart. Trois semaines après elle se retrouve à Fleury-Mérogis avec l'étiquette de la logeuse. La logeuse, c'est Saint-Denis, le Bataclan. Elle s'est quelqu'un qui a croisé mon chemin, ni plus, ni moins. Il faut la laisser tranquille".Il dit qu'il n'était pas dans le lit d'Alima A. quand les interpellations mais qu'il dormait à côté de son lit à elle, par terre.  

"IL Y A EU DES FRICS-FRACS PENDANT LA CAVALE"

Rédoine Faïd: "Il y a eu des frics-fracs pendant la cavale avec les policiers. Complètement irrationnel. Ça n'apparait pas dans la procédure. C'est pas à moi de le dire. Des choses qui ont dû les énerver. 

"MON NEVEU YAZID, QU'EST CE QU'IL FAIT LÀ ?"

Rédoine Faïd : "Mon neveu Yazid il est là. Qu'est-ce qu'il fait là?" (il le montre du doigt dans la salle). "Il a fait 5 ans de prison". "Sur ça là, ils sont partis très loin (les policiers NDLR)". 

Rédoine Faïd : "Mon neveu ISaac, ils en ont fait un braqueur. Mon neveu je vais le mettre dans un hélicoptère ???"

"MON ARME, C'EST LA DISCRÉTION"

Rédoine Faïd explique qu'il s'est planqué pendant sa cavale. "Mon arme, c'était la discrétion", dit-il. "La Porsche 911 et les costards, ça me manque pas. Moi, je choisis la discrétion. Les flics me cherchent, ils mettent la pression aux indics, ils les menacent, ils leur disent :'Je veux quelque chose, tu te démerdes! Et là qu'est ce qu'ils font, ils vont voir Yazid (son neveu). Et lui dans son désœuvrement culturel et social... Il ne voit pas le piège, il est naïf mais il ne craint rien parce qu'il n'a rien à voir? J'ai l'idée de le prévenir : 'Fais gaffe' J'ai peur pour lui, que ces enflures le mettent dans un coffre parce qu'il faut des résultats, il faut me ramener". 

"J'AI DÉCONNÉ DE FOU"

Rédoine FaÏd ne veut rien révéler sur sa cavale: "Qui m'a caché, aidé, nourri, a lavé mon linge? Dans le dossier, j'ai su cloisonner, j'ai su faire les choses. Mon frère Rachid voulait repartir en Algérie. Je lui ai dit non, il voulait me protéger. Mais à un moment, il est tombé malade. (...) À un moment, il ne faut pas que la famille pâtisse de mes conneries. J'ai déconné de fou avec ça. Ils m'entendent là et je veux qu'ils sachent que je m'en veux beaucoup. Je leur demande pardon, je les aime beaucoup."

"JE ME DIS QUE LA CAVALE DEVIENT IMPOSSIBLE"

Rédoine Faïd : "Je me dis que la cavale devient impossible. Si tu vas voir des gens pas de ta famille, ils vont te balancer. Et si tu vas voir ta famille, tu les mets dans la merde."

"MA TÊTE ELLE EST PARTOUT"

Rédoine Faïd : "Je culpabilise. J'ai ma famille qui va être inquiétée. Qu'est ce qu'on va leur faire. Les deux premiers jours, j'ai pas dormi, j'ai pas mangé. Par ma faute, mon frère Brahim était en garde à vue. Je parle avec Rachid. Il m'engueule. Il me dit :'faut vite te casser!'Le problème est que je ne peux pas partir tout de suite. Je peux me cacher. Ma tête elle est partout, dans les ports, les aéroports. Tous les mecs qui font les faux papiers veulent me balancer."

Faïd évoque tous ces gens "manipulés de mains de maître par l'OCLO (Office central de lutte contre le crime organisé NDLR)". "Pendant 5-6 jours j'ai un flottement. Il faut que je circule. Je dois revoir Karoune. Il vient à mon contact. C'est la dernière fois que je l'utilise dans ma cavale."

 "Si je vais pas voir quelqu'un d'autre que ma famille, je vais me faire balancer" ajoute-t-il. Il précise qu'"un flic de la BRI" lui a dit qu'il avait bien fait. "Tout le monde voulait te balancer", lui aurait dit ce policier. 

"DES GENS INCONNUS AU BATAILLON"

Rédoine Faïd :"Mes gars c'est des bandits mais c'est pas des gens qui traficotent dans les discothèques. Moi je vais chez des gens inconnus au bataillon, qu'on ne soupçonne pas."

L'AIDE DES NEVEUX, UN MONDE QUI S'ECROULE

Rédoine Faïd appelle Karoune, son neveu. Il lui dit d'appeler Isaac, son autre neveu. "Je suis dans la précipitation, dans l'énervement. Je devrais pas m'énerver. Je dis à Karoune de me ramener Isaac. Il est content de me voir, moi aussi. Ca fait plus de 10 ans qu'on ne s'est pas vu. On a grandi. (...)"

Ils enterrent le matériel. "Tout le monde a touché le matériel. Moi comme eux. Mon frère Rachid vous a dit: je ne suis pas un professionnel, il y  a mon ADN. Ce qu'il voulait vous dire, c'est qu'il a laissé des traces sur la scène de crime: un mouchoir, la disqueuse... C'est pas son monde, c'est pas son truc. Malgré la vigilance de mes gars, ils n'ont pas empêché ça. Moi là, j'avais pas le temps, les empreintes, pas les empreintes. Pour moi, on enterre le matos. Puis il y a eu un problème, le chasseur (qui découvre les armes), les gendarmes. Mon monde s'écroule, ça déraille."

"4000 POLICIERS ET GENDARMES QUI ME CHERCHENT"

Rédoine Faïd explique qu'il va faire un trou pour planquer des choses mais qu'il a besoin d'aide. "Le matériel il est clean, il n'y a pas d'ADN. Moi je me suis évadé, j'ai pas de cagoule... "L'idée c'est quoi. Mes gars sont montés dans l'hélico, ils m'ont attendu. Je vais pas leur dire de rester. Il y a 4000 policiers et gendarmes qui me cherchent. Il faut aller vite". 

"MOI LES PLANQUES, J'AIME PAS ÇA"

Rédoine Faïd : "Mon neveu Karoune vient. On est deux-trois jours après l'évasion. Mes gars s'en vont. Moi les planques j'aime pas ça. J'aime bien me planquer dans une planque mais j'ai pas confiance. Peut-être l'appartement il est clean mais bon, je préfère aller dans une planque que moi je connais. Bien évidemment, j'ai préparé un plan de fuite pour la cavale. Ça va être une cavale improvisée mais au début ça ne l'était pas. Les aléas... Il y a beaucoup de matériels, qu'il faut que je range ou dont je dois me débarrasser. Moi je suis un mec actif."

L'AUDIENCE REPREND

L'audience reprend après une brève suspension. 

"LA CAVALE NE PEUT SE FAIRE QUE DANS UNE JUNGLE BÉTONNÉE"

Rédoine Faïd : "La cavale comme je l'envisage ne peut se faire que dans une jungle bétonnée, caché dans la foule. Mes gars doivent partir. C'est ça le truc : 'On tape, on fait une frappe et après on se sépare'. C'est pas à eux de faire le ménage. Laissez-moi le matos les gars, c'est à moi de m'en chargé. J'envoie un pneumatique (un message précise-t-il) à mon neveu Karoune."

"LE VÉHICULE ÉTAIT REMONTABLE"

Rédoine Faïd est alors dans le véhicule Enedis avec son équipe, qui a un GPS. "Balise ou pas balise, le véhicule en plus était remontable. Avec une enquête, ils auraient su qu'il était volé. Au lieu de prendre le chemin balisé que j'avais pris lors du braquage du fourgon de Villepinte, je change mon plan." Le parcours change. Le véhicule est brûlé sur ordre de Rédoine Faïd. 

"JE METS MON BRASSARD 'POLICE'"

Rédoine Faïd explique le moment où l'hélico se pose. "On est sorti. Dès qu'il est sorti, il s'est rebellé. Il a eu ce courage, cette force d'esprit."... L'équipe "trace" et est récupérée par un autre véhicule. Le pilote est abandonné avant. "On part, on sort de la zone. On va sur l'A1, un véhicule en escorte. On passe un coup de fil. On trace sur l'A1. Notre gars nous dit : il y a une balise, une puce, un gps. Il l'a su 5mn avant, je ne sais pas. Je dis : 'C'est les flics?' Il me dit :'Non c'est le GPS qui n'a pas été décroché. Je me dis :'Putain de merde'. Je mets mon brassard police". L'équipe traverse Senlis. L'alerte a été donnée et ils doivent éviter tous les contrôles. 

"MOI JE SUIS PAS UN TERRORISTE, JE SUIS UN BRAQUEUR"

Rédoine Faïd indique qu'il a demandé au pilote de "partir, de décoller super vite". Son "gars" guide le pilote. "Mon gars a vu la tour Montparnasse au loin. Il a dit au pilote : 'Vas là-bas'" Quand il voit la tour, il est blanc, il est blême, hyper inquiet. Là, je lui dis: 'Moi je ne suis pas un terroriste, je suis un braqueur. Un moment irrationnel encore. On était bas, à moins de 50 mètres. J'ai l'impression qu'il jouait avec moi. Je lui dis : fais gaffe !"

UN AMI PORTE-BONHEUR"

Rédoine Faïd : "Le plan, c'était de créer un état de sidération, de fulgurance pour que les gens soient tétanisés. Moi je sors, j'arrive jusqu'à la porte et j'ai mon frère Rachid à 20 mètres derrière. Je récupère la disqueuse, il n'en pouvait plus. J'arrive à gauche de l'hélicoptère en stationnaire. Je reconnais mon gars derrière Monsieur Buy (le pilote), je lui fais un signe. Je prends la disqueuse, j'ouvre la porte. Mon gars la prend, la met à l'arrière. Mon frère Rachid est à l'arrière, je le ramène. Je l'aide même à montrer dans l'hélicoptère. Il était comme paralysé, tétanisé. Il monte dans l'hélico, et là le pote de mon gars arrive avec la kalachnikov, je pars à 10 m de l'hélicoptère et je couvre mes gars. Je voulais monter le dernier dans l'hélico". 

Il parle maintenant de son "gars": "Mon gars sûr, je crois que c'est quelqu'un qui m'aime, un ami porte-bonheur, quelqu'un qui a toujours été là pour moi". 

"MOI JE VOULAIS UNE ARME"

Rédoine Faïd  : "Il n'y a qu'une kalachnikov, qu'une arme. Rachid ne veut pas d'arme. Il ne sait pas s'en servir. Vous pensez que mon gars n'a pas essayé de lui en donner une? Il a dit: 'S'il y a une arme, je ne viens pas'. Par contre, moi je voulais une arme, l'AR15, un fusil d'assaut. Et il (Rachid) ne me l'a pas ramenée, et j'étais furieux. C'est pour ça quand je sors, dans le couloir, j'ai des craintes. Je regarde s'il n'y a pas un surveillant. Parce que le couloir il est long. 

"UN BRUIT DE TONDEUSE A GAZON"

Rédoine Faïd: "J'étais tendu ce matin-là. Il l'a vu mon frère Brahim. Il m'a dit : 'Tu t'es embrouillé avec  les surveillants'. J'ai dit 'oui'. Vers 11h20, j'ai commencé à entendre un bruit. Il a cru que c'était une tondeuse à gazon autour de la prison. Moi je savais que c'était pas ça. Le bruit a commencé à se faire plus fort. J'ai pris la table, j'étais focus sur mon évasion. Mon frère me dit :'Qu'est-ce que tu m'as fait. J'ai dit : on est dedans, j'y vais. Brahim je lui ai dit: t'arrête de me casser la tête et tu bouges pas. Il était pétrifié, il a caché son visage. Je suis resté sur cette image je me suis dit qu'il pleurait. Mon frère est arrivé avec la disqueuse. Il a cassé la porte. Irrationnel. Quand Rachid avec la disqueuse, il a la combinaison, la cagoule, les lunettes de ski. Je me rappelle qu'avant de prendre la disqueuse et de couper la serrure, il m'a regardé. C'était des yeux de reproche, genre: 'Qu'est ce que tu me fais?'. J'ai pris la disqueuse on est parti."

"UN GREEN LIGHT, UN FEU VERT"

Rédoine Faïd :"Le jour de l'évasion, le spécialiste de l'aérien se présente avec mon frère pour voir le pilote et l'hélicoptère. Ils décollent, ils partent. Il faut un green light, un feu vert. Comment je peux vous expliquer ça sans me nuire? Il y a qu'un téléphone pour faire ça. C'est le plus rapide. Le problème c'est quand le feu vert part de Réau, il ne peut pas aller directement au coordinateur. Le bornage, pas le bornage. Il faut faire un ricochet, un trois bandes comme au billard. Ca part dans un sens, dans l'autre puis ça arrive, dans la cabine du parloir. Le problème: ça ne se fait pas en une minute'. Il ne faut pas "que la source se fasse coffrer, il ne faut pas de tirs, pas de mort..."

"MES GARS C'EST PAS BLANCHE-NEIGE"

Rédoine Faïd : "Mes gars c'est pas Blanche-Neige, c'est des gens qui ont fait des choses. Ils ont toujours été là pour moi". Faïd explique que beaucoup de gens l'ont aidé dans les braquages, dans son évasion de Sequedin.... "Moi je prends le tarif. Tout seul. Quand tu balances pas bah tu manges". 

"MON FRERE BRAHIM IL EST CLEAN A 200%"

Rédoine Faïd : "Mon frère Brahim il est clean à 200%. Je l'ai mis là-dedans parce que j'ai pas eu le choix". 

"IL Y A EU UNE TENTATIVE D'ÉVASION, ÇA N'A PAS PU SE FAIRE"

Rédoine Faïd : "Il y a eu une tentative d'évasion, l'hélicoptère n'était pas dispo, ça n'a pas pu se faire. C'était le 23 (mai NDLR) je crois." L'évasion est reportée au 1er juillet 2018.  

"Aucune des personnes n'était au courant de l'évasion sauf mon frère Rachid. Et c'est mon gars qui lui a dit". 

VOLEURS DE VEHICULES

Rédoine Faïd : "Les véhicules quand vous les volez. Le voleur souvent il n'y va pas tout seul. Ils y vont à deux, à trois... "

L'ENVIE DE PARTIR

Rédoine Faïd : "Karoune ramène un Kangoo dans des conditions rocambolesques. Ça va dans des histoires de quartiers, il y a un bip dans la Enedis.. Voilà on sort du groupe. Je dois annuler, il y a des problèmes. Mais l'envie de partir elle est là". 

VÉHICULES

Rédoine Faïd : "Mon neveu Karoune (accusé), ça fait dis ans que je l'ai pas vu. Je ne parle pas avec lui. Le contraire d'Isaac, de mes nièces... ... Karoune est le profil idéal pour gérer ça (les voitures). Il va pas balancer c'est le fils à ma sœur. Le problème c'est que ça fait dix ans que je ne le connais pas. (...) Je délègue à une personne de confiance, quelqu'un qui va pas appeler la PJ. Je lui fais pas confiance, j'ai mon gars qui est derrière. Tous les deux jours, il doit bouger les véhicules. Mais il faut pas y aller avec des gants. En plein été, les gens vont se dire : qu'est-ce qu'il fout avec les gants.. (...) Karoune, je lui ai jamais dit que j'allais m'évader, parce que je cloisonne. "

"PASSER À L'ACTION"

Rédoine Faïd : "Comme on savait qu'on allait passer à l'action, j'ai fait rapatrier les véhicules. (...)". Pas si simple, les voitures ventouses attirent l'attention explique le braqueur. "Il y a les commères qui disent: c'est quoi ce véhicule..."

"J'ai l'idée" poursuit Rédoine Faïd qui demande à ce que les véhicules soient gardés à Rantigny.  "C'est la seule nationale dans l'Oise où sur 30 kilomètres, il n'y a pas une seule caméra". 

DES VOLS TESTS

Rédoine Faïd explique les vols tests en hélicoptère avant l'évasion : "La ruse est de faire passer le vol d'hélicoptère comme celui d'un père et son fils pour un baptême de l'hélicoptère. La personne très âgée c'est  mon frère. Un spécialiste aérien vient avec eux. Ils vont, ils volent, ils reviennent, tout s'est bien passé." Il ajoute : "Tout est mis en position, ça se passe bien."

"MON GARS SÛR"

Rédoine Faïd : "Il a fallu aussi une flotte de téléphone portable pour communiquer. Il y avait des gens partout. Le cerveau de tout ça, c'est mon gars sûr, qui connaît tout de Réau et de la région. "Quelqu'un qui maîtrise à 100% le circuit et l'itinéraire". 

"UN PROFESSIONNEL DU BÂTIMENT"

Rédoine Faïd indique qu'il sait utiliser une disqueuse et que son porte aussi. "On aurait pu mettre un petit peu de temps mais ça c'est pas le problème. Le problème comme vous l'a dit mon frère c'est que si le disque dévie, il casse. Il faut alors un professionnel du bâtiment". 

"Mon frère a choisi de m'aider, quitte à déplaire au sien. Ce qui caractérise mon frère, c'est sa générosité", ajoute-t-il. 

"On lui a ramené la disqueuse, il l'a regardée, il a essayé de le faire. Mais il a vu sa femme, ses enfants.Mais quand mon gars a essayé la disqueuse, elle s'est cassée. C'est ça qui a convaincu mon frère Rachid de participer". Rédoine Faïd dit que ses "gars" ont ramené tout le reste : la kalach, les gants, les talkie... "Tout ce matériel est un matériel de professionnel". 

DPS, ÉVADÉ...

Rédoine Faïd : "Il faut un véhicule de fuite. Un véhicule break c'est parfait. Ce sera la Mégane RS. Pour brouiller les pistes dans la fuite, quand vous vous évadez, quand vous êtes DPS, déjà évadé, c'est l'alerte. Quand on se pose, il y a la Mégane et l'autre véhicule. C'est un véhicule mais vous ne l'avez pas madame. Je peux pas vous donner le modèle car je ne sais pas ce qu'il est devenu ce véhicule. Il a été brûlé." Puis arrive la Kangoo et un autre véhicule "écarté du dispositif". Un véhicule prêt pour me récupérer". 

"CONSTITUER LES ÉQUIPES"

Rédoine Faïd : "Une équipe doit prendre l'hélico mais il faut une pause relais pour récupérer les armes avec les armes. Il faut aussi une équipe pour réceptionner mes gars une fois qu'ils m'ont arraché de là. Il faut aussi deux autres équipes, une flotte avec des véhicules pour faire le relais. On blinde, on sécurise. Moi je connais quelqu'un, mon gars connaît quelqu'un. Je lui dis: 'Tu me ramènes des véhicules... banaux, qui n'attirent pas les regards". 

UN EXPERT

Rédoine Faïd explique qu'il  a eu un expert qui connaît parfaitement les hélicoptères, la région, le nombre de litres d'essence qu'il faut dans les engins...

"UN PILOTE M'A DONNÉ SON NUMÉRO"

Rédoine Faïd explique que c'est un pilote qui a donné à Faïd et son équipe le numéro de Monsieur Buy, plote pris en otage pour l'évasion. "Irrationnel, il s'avère que M. Stéphane Buy a une belle-fille avec laquelle je correspondais il y a quelques années. À cause de ça, M. Buy, à cause de moi, de cette action, a dû subir une garde à vue. On a perquisitionné chez lui, mis des menottes, à sa femme, à sa fille, je demande pardon. On a jeté l'opprobre sur lui. Des amis lui ont tourné le dos, ça a engendré des inimitiés, des gens veulent porter plainte contre lui, c'est terrible."

RÉDOINE FAÏD AU PILOTE DE L'HÉLICOPTERE : "MONSIEUR BUY 1000 PARDONS"

Rédoine Faïd au pilote de l'hélicoptère : "Monsieur Buy, mille pardon pour ce qu'il vous est arrivé et c'est sincère. " Le pilote a été pris en otage, frappé... "Tout le monde connaît ses qualités de pilote, il n'a pas besoin de moi. Mais pas un millième de haine dans son visage, dans ses mots, pas un murmure de ressenti. Avec mon frère Rachid, on est minuscule face à vous. Je vais assumer ce  que j'ai fait, je vais payer ce que j'ai fait pour essayer de réparer ce que je vous ai fait."

"RAMEUTER LA TROUPE"

Rédoine Faïd : "Il y en a un qui prépare le chantier et après on rameute la troupe et on passe à l'opération."

"J'AI MES GARS"

Rédoine Faïd explique qu'il connait des gens qui ont tenté de s'évader mais ça n'a pas marché. Il ne donne pas les noms. Il indique qu'il s'est tourné vers son frère Rachid pour s'évader, et ses "gars". "Je suis d'une exigence extrême. L'opacité, le secret, c'est mon truc. Moi je n'ai confiance en personne. Je suis sans pitié. Je ne parle pas dans les parloirs, les salles d'attente. Je suis tout seul en cellule, je suis seul. Même le codétenu à côté, je lui dis rien. J'envoie à mon frère un ami de 30 ans, j'ai pas besoin de Karoune Herizi, d'Isaach.. Je veux des armes, des explosifs, des voitures, je les ais. J'ai pas besoin de Jacques Mariani, qui a fait 11 ans de prison, qui sort, avec sa femme, avec sa mère. Faut faire un enculé pour lui demander quelque chose et le ramener dans la merde. Je n'ai jamais fait ça et je ne le ferai jamais, même dans la merde. J'ai mes gars". 

BIEN CONNAÎTRE LES LIEUX

Rédoine Faïd debout dans le box, avec son fidèle t-shirt vert foncé sur le dos, s'exprime beaucoup avec ses mains : "J'avais un autre problème. Mon gars là dehors, il ne connait pas l'intérieur, les grilles...  Il y a trois zones de parloir à Réau. Je n'en connais qu'une. Si quelqu'un vient, il ne faut pas qu'il se perde, il n'y a pas le temps, c'est important. Moi mes gars m'ont dit :'Il n'y a pas de problème.."

"ÇA DEVAIT ÊTRE FAIT AUX EXPLOSIFS"

Rédoine Faïd rappelle qu'il s'est évadé à l'explosif de Sequedin. Puis revient sur Réau. "Dans cette cour où on veut poser l'hélicoptère, il y a une porte qui donne au parloir. Si on a un moyen de péter cette porte...(...) Bien évidemment  j'ai pensé aux explosifs, je connais. Mais quand je me suis évadé de Sequedin, c'était pas pareil. Ici à Réau, il y avait des familles, des surveillants, c'était trop risqué. Jusqu'au 17 mai, je vais être précis, ça devait être fait avec des explosifs mais mi-mai on a changé d'avis. "

"PAS DE COUP DE FEU"

Rédoine Faïd précise qu'il ne voulait pas de coup de feu pendant son évasion :" respect de la vie". Je vous l'ai dit, moi j'ai mes limites, tuer, blesser, ôter la vie à quelqu'un, moi je préfère rester en prison.. Il y a un fourgon avec 10 milliards dedans, il faut tuer 3 convoyeurs, moi je n'y vais pas. (...) Pour l'évasion, il fallait des armes, mais pour faire peur, comme pour les braquages". 

TOUTES LES FAILLES DE LA PRISON DE RÉAU

Rédoine Faïd explque que depuis toujours il a des amis sur qui il peut compter, du matériel: disqueuses, kalachnikov, AR15... 

Il convient que la prison de Réau est ultra-sécurisée mais que.... "Il y a une faille qui a été repérée. Une faille irrationnelle. Toute la devanture, il n'y a pas de filin. Je ne sais pas pourquoi, ils n'en ont pas mis. J'ai eu du mal à y croire. Ça a mis du temps à rentrer dans ma tête. Deuxième atout : le bâtiment du parloir est juste à l'entrée. Il fallait juste vérifier que l'hélicoptère puisse entrer et se poser. Vous l'avez vu, c'est la moitié d'un terrain de foot, il y a archi la place de rentrer."

"POUR M'ÉVADER DE PRISON, JE COPIE LES AUTRES : MESRINE, VAUJOUR, PAYET..."

Rédoine Faïd : "Pour m'évader de prison, moi je copie les autres. Je vais pas dire mes maîtres mais je visionne un peu toutes les évasions qu'il y a eues avant moi : Jacques Mesrine à la Santé, Pascal Payet et la disqueuse, Jacques Mariani, paix à son âme, Michel Vaujour. (...) Je fusionne un peu tous ces modes opératoires et j'apporte ma touche personnelle". 

DE LA SÉDUCTION

Rédoine Faïd : "L'évasion est une séduction, la liberté aussi est une séduction". 

"MOI JE NE SUIS PAS ROBIN DES BOIS"

Rédoine Faïd : "L'idée c'est de partir sans faire de dégât. Moi je ne suis pas Robin des Bois. Il n'y avait plusieurs manières de s'évader de Réau, je ne les dirai pas. J'ai choisi celle-là. Je vais pas dire pas faire du mal... Forcément quand vous venez avec des armes, il y a le bien, le mal. Je dis le mieux possible. Pas une goutte de sang ne sera versé. Moi je suis un braqueur, mais j'ai mes limites. Il y a des zones où je ne veux pas aller. Je ne suis pas prêt à tout."

"LA VOLONTÉ FERME D'AGIR"

Rédoine Faïd: "J'ai peur aussi (de l'évasion). Ça fait peur, on peut se faire attraper. SI tu fais une tentative, tu peux te faire tuer. C'est pour ça qu'il y a beaucoup de gens qui ne s'évadent pas. (...) Le plus important c'est de retrouver la sérénité. Je n'étais pas en détresse mais j'étais extrêmement tourmenté. Quand je me retrouve au quartier d'isolement de Réau, je suis dans un grand laboratoire du temps qui passe pas. Je sais pas comment je vais faire, comment je vais m'y prendre mais j'ai la volonté ferme d'agir. 

"LA LIBERTÉ EST CE POURQUOI JE VIS"

Rédoine FaÏd : "Dorénavant, la liberté est ce pourquoi je vis. Je ne cesserai d'être libre que lorsque je cesserai de vivre."

"L'ÉVASION C'EST UNE SÉDUCTION"

Rédoine Faïd : "Moi un jour je me suis retrouvé dans cette cellule. C'est quoi l'issue? C'est une question de survie aussi. Vous vous dites : "pourquoi je ne me barrerai pas? C'est la mort ici. Le suicide vous guette, la folie aussi. L'évasion, c'est une séduction, une solution mauvaise mais qui fait rentrer un espoir dans ton environnement. Elle t'empêche de te tuer, de devenir fou. Quand tu commences à penser comme ça, tu commences à changer. On fait beaucoup plus de sport..."

"CAUSE À EFFET"

Rédoine Faïd à la présidente : "Je dois parler de ma détention. Il y a un lien de cause à effet. Je peux pas vous prendre et on va direct en évasion dans l'hélicoptère". 

L'accusé cite maintenant André Malraux.. Puis en vient aux "motivations de son évasion" mais revient  avant avec ces jeunes à qui l'on a imposé des conditions de détention horribles: "125 suicides" l'année dernière dit-il. "Personne n'ose qualifier de suicide le suicide au trou." 

"RENDRE FOUS CES JEUNES"

Rédoine Faïd: "Un jeune quand on l'enferme sans visite (...) Il n'y a rien. Quand vous croisez son regard, sa tristesse, son amertume. Y a-t-il quelqu'un dans notre société qui va admettes qu'il ne faut pas les rendre fous ces jeunes". 

La présidente rappelle à l'accusé qu'un jour sera consacré aux conditions de détention, le 30 septembre, et qu"aujourd'hui il doit être question des faits.

"DES BOMBES À RETARDEMENT"

Rédoine Faïd : "Ceux qui considèrent que cette injustice ne les concerne pas parce qu'ils ne franchiront jamais ces murs. Je dis qu'ils se trompent. (...) L'agressivité qu'il y a dans les centres de détention à l'isolement ou au mitard, c'est grave. Il faut la nommer.(...)  Le système carcéral français reverse dans la société des gens brisés. Des gens auxquels on a inculqué de la haine, de la rage. En somme, des bombes à retardement."

"TOUT EST FAIT POUR VOUS BRISER"

Rédoine Faïd sur ses désirs d'évasion : "J'ai fait cette connerie en 2013, je me suis évadé, je me suis fait prendre". Il assure qu'au départ il ne voulait pas récidiver. Il raconte que quand il a été pris après son évasion en 2013, on l'a remis dans des conditions de détention atroces. "Tout est fait pour vous briser". 

"UNE MACHINE À BROYER"

Rédoine Faïd explique que l'isolement, c'est 23 heures par jour dans une cellule. Il compare à l'attente dans une salle d'attente où 30 minutes peuvent sembler déjà très longues.Il parle des cris des détenus.."C'est une machine à broyer", "c'est un dispositif pour vous broyer."

QUARTIER D'ISOLEMENT À FRESNES

Rédoine Faïd évoque le quartier d'isolement à Fresnes "C'est un bâtiment médiéval construit il y a plus d'un siècle, rien ne vous amène à la modernité d'aujourd'hui. Si vous avez l'occasion de visiter le quartier sur Youtube..."

Et de continuer:" Vous avez l'impression dans une réserve, une cave, une réserve de magasin au sous-sol. Pas de douche, des toilettes à la turque ou européen. Si on vous met à gauche, il y a la lumière du jour, si on vous met à droite, il y a de l'obscurité tout le temps. (...) Il y a des rats, des cafards. La fenêtre il faut la fermer tous les soirs sinon le rat il rentre. 

Rédoine Faïd évoque aussi le froid dans la cellule." Vous êtes seul de chez seul, vous ne voyez personne.

ENVIE DE PARTIR

"Tâche bien difficile que vous m'accordez de m'exprimer sur ce dossier" commence Rédoine Faïd dans sa déclaration spontanée. L'accusé parle d'une "OMA" (ordonnance de mise en accusation désorientée). "Je me dois d'expliquer la genèse de tout ça, qu'est-ce qui a provoqué l'envie de partir?, commence l'accusé qui souhaite parler de ses conditions de détention. 

RÉDOINE FAÏD ENTENDU

Rédoine Faid est entendu. Il reconnait les faits qui lui sont reprochés pour le 1er juillet 2018. La présidente les énumère : "l'évasion", "la destruction de l'hélicoptère", "le recel de vol du véhicule Renault Mégane"..."Oui madame" répond l'accusé à chaque fait exposé. 

Vingt jours après le début de son procès, il doit être interrogé ce lundi sur cette date spécifique du 1ᵉʳ juillet 2018. Ce jour-là, Rédoine Faïd s'est évadé de la prison de Réau (Seine-et-Marne). Munis d'une disqueuse thermique, fumigène et d'un hélicoptère, avec à son bord un pilote pris en otage, ses complices l'ont fait sortir de l'établissement "dans le calme", selon plusieurs témoins, sans un coup de feu et sans faire de blessés. 

Cinq ans plus tôt, le braqueur multirécidiviste s'était évadé de la prison de Lille-Sequedin (Nord), encore une fois avec des complices, en utilisant des explosifs et en prenant quatre surveillants en otages.

Rédoine Faïd est jugé depuis le 5 septembre 2023 aux côtés de onze autres accusés. Son procès doit durer jusqu'au 20 octobre. 


Aurélie SARROT

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