PROCÈS - Ce vendredi se tenait au tribunal de Bobigny le procès de six jeunes hommes originaires de Chelles (Seine-et-Marne), accusés d’avoir voulu prendre part au lynchage de Roms après que des rumeurs d’enlèvements d’enfants en Ile-de-France avaient été partagées sur les réseaux sociaux. Jusqu'à sept mois de prison ferme ont été requis. La décision est mise en délibéré au 14 juin.
Des fausses informations qui mènent au tribunal. Six jeunes hommes vivant à Chelles, en Seine-et-Marne, étaient jugés ce vendredi 31 mai pour de supposées violences contre des Roms. Des lynchages survenus en mars dernier, alors que des rumeurs d'enlèvements d'enfants avaient entraîné une vague de violences contre cette communauté.
Six mois de prison avec sursis ont été requis contre deux des prévenus, dont le casier judiciaire est vierge, cinq mois de prison ferme contre trois autres, déjà condamnés pour violences en réunion, et enfin sept mois de prison ferme contre le sixième. En attendant la décision, qui sera rendue le 14 juin prochain, revivez cette audience dans les conditions du direct dans le fil ci-dessous :
Ce live est à présent terminé.
* Pour les réquisitions : la procureure a requis : cinq mois de prison ferme pour les trois prévenus - et non pas deux comme dit précédemment - déjà condamnés pour des violences #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 15:23:11 +0000 2019
* Pour les réquisitions : la procureure a requiert : cinq mois de prison ferme pour les trois prévenus - et non pas deux comme dit précédemment - déjà condamnés pr violences en réunion #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 15:12:40 +0000 2019
Les prévenus n'avaient pas d'avocat, ils ont assuré leur défense tout seul. La décision est mise en délibéré au 14 juin à 13h. L'audience est levée! #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 14:51:40 +0000 2019
RÉQUISITIONS
La procureure requiert : - 6 mois de prison avec sursis pour les deux prévenus qui n'ont pas de mention sur leur casier judiciaire vierge - 5 mois de prison ferme pour les deux prévenus déjà condamné pr violences en réunion - 7 mois de prison ferme pour Souleymane S. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 14:42:45 +0000 2019
Les cinq associations qui se sont constituées partie civile s'accordent pour dire que, derrière les faits, se trouvent des préjugés racistes. ''Ce ne sont pas des rumeurs, mais des messages de haine'', a estimé l'avocate de la LICRA. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 14:30:16 +0000 2019
L'avocat de La Voix des Roms rappelle qu'aucune victime n'est présente, car elles ont ''peur des représailles''. ''L'anti-tsiganisme est un fléau méconnu. Il est tellement banalisé qu'il n'apparaît plus.'' #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 13:38:44 +0000 2019
Eberhard Y. explique avoir voulu ''intimider'' les Roms car ils ''cherchaient à savoir'' si les rumeurs étaient avérées. C'est lui qui a été interpellé avec une brique dans la poche. ''Pour [se] défendre'', a-t-il avancé lors de son audition. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 13:09:00 +0000 2019
Ali K. est le plus ''proche'' de la rumeur. C'est un ami qui lui confie que son petit frère a failli être enlevé. ''Je croyais la rumeur à moitié. Mais quand j'ai entendu ça, j'ai paniqué.'' #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:55:57 +0000 2019
Avocat de SOS Racisme : "Pourquoi avoir fait cette vidéo ?" Réponse de Souleymane S. au tribunal :"Je voulais amuser la galerie.'' Étonnement de la part des cinq associations portées partie civile. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:45:37 +0000 2019
Aujourd'hui, c'est un tout autre ton qu'il utilise. Tête baissée, il dit regretter d'avoir fait ''n'importe quoi''. ''On a fait un amalgame dont nous-mêmes (les Noirs) sommes victimes.'' #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:41:37 +0000 2019
La présidente répète les propos de Souleymane S. le soir des faits. Dans une vidéo snapchat, avec en légende ''ce soir c'est la guerre'', il dit :"On va les enculer (...) les condés ne font rien. Réveillez-vous.''#Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:38:46 +0000 2019
Alors que la présidente lui demande comment il comptait ''en découdre'', Souleymane S. revient sur ses propos tenus lors de l'audition. Comme ses compagnons, il dit maintenant avoir ''voulu discuter''. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:34:41 +0000 2019
Les trois premiers prévenus ont parlé d'une ''bêtise'', assurant avoir voulu ''discuter''. Par contre, Souleymane S. a avoué lors des auditions qu'il voulait ''en découdre''. ''Quand il s'agit d'enlèvements, je suis prêt à tout.'' #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:31:06 +0000 2019
Selon lui, ils se sont rendus au camp pour ''discuter'' avec les Roms. L'avocate de la LLICRA, également partir civile : ''Vous avez voulu discuter avec eux à 1h du matin ?" #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:26:56 +0000 2019
L'un des prévenus dit lors de son audition avoir ''réagi à chaud''. Mais dans son téléphone, un message : "Prends ta gazeuse." ''Elle est dans ma voiture'', répond l'intéressé. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:19:24 +0000 2019
La présidente : "Vous croyez n'importe quoi dans la vie monsieur ?" Nathan N. répond qu'il avait vu ''des vidéos'', ''des femmes en pleurs''. ''Donc vous croyez tout ce qu'on vous montre'', conclut la présidente. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:05:31 +0000 2019
Ils ont tous reconnu les faits. Nathan N. s'est rendu deux fois à Clichy-sous-Bois. Il a avoué lors de sa première audition avoir voulu les ''menacer verbalement''. Et estime même que cela partait d'une ''bonne action''. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 12:04:37 +0000 2019
Les six prévenus, originaires de Chelles (Seine-et-Marne), comparaissent libres. #ChasseAntiRoms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) 31 mai 2019
Les jeunes hommes ont entre 23 et 27 ans, ils sont poursuivis pour ''participation à un groupement formé en vue de commettre des violences''. Les faits remontent au 26 mars dernier à Clichy-sous-Bois. #Roms — Felicia Sideris (@felicia_sidx) Fri May 31 11:49:10 +0000 2019
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Ils voulaient "casser du Rom"
Le 25 mars, vers 20h, une soixantaine de personnes attaque un pavillon où se trouvent des familles de la communauté Rom. Munis de pelles, de pierres et de bâtons, pour se faire justice dans ce squat à Clichy-sous-Bois. Ils sont poussés par une légende urbaine qui, depuis quelques jours, enflamme les réseaux sociaux : des Roms kidnapperaient des enfants à bord d'une camionnette blanche. Face à cette menace totalement infondée, ils s'attaquent donc à cette minorité, malgré les forces de l'ordre et les médias qui martèlent que ces informations sont fausses.
Au sein de ces vengeurs des réseaux sociaux, six individus originaires de Seine-et-Marne. Partis de Chelles pour se rendre à Bobigny, leur objectif était "de casser du Rom", comme le dénonçait le procureur de la République lors de leur comparution immédiate le 23 mars. Une équipe formée de personnes "ordinaires" mais avec "un fond de racisme", comme le décrivait alors le magistrat. A l'époque, leur avocat avait plaidé la "crise de bêtise fulgurante aiguë". Car la plupart d'entre eux travaillent ou poursuivent des études. Selon L’Express, présent lors des comparutions immédiates, la majorité d’entre eux vivent encore chez leurs parents. Diplômés au moins du bac, ils sont décrits comme des "hommes au mode de vie 'stable'". C'est pourquoi le président du tribunal avait demandé à l'un d'eux : "Comment un manager s'embarque dans une telle histoire?" Une question à laquelle ils devront répondre ce vendredi. Âges de 23 à 27 ans, ils seront jugés pour "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences".
En avril, trois individus ont déjà été condamnés à des peines allant jusqu'à dix mois de prison ferme. Parmi eux, un homme qui avait lâché son chien contre des Roms le soir des faits. Dans sa décision, le tribunal avait alors expliqué, en s’appuyant sur les témoignages concordants de trois policiers, que cette agression relevait d’une "envie d'en découdre presque bestiale". Si aucun Rom n'a déposé plainte, car, terrorisés, ils avaient quitté la ville, l’association La Voix des Roms, qui a recensé 38 agressions après la propagation de cette rumeur, s'est constituée partie civile. Elle réclame "l'élaboration et la mise en oeuvre rapide d'un plan national de lutte contre l'anti-tsiganisme profond qui gangrène notre société".