Emilie König, 37 ans, fait partie des 51 personnes rapatriées de Syrie mardi.Mère de cinq enfants, elle a été mise en examen à son arrivée à Paris pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle et placée en détention provisoire".Qui est cette femme accusée d'avoir recruté pour le groupe État islamique ?
C'est l'une des djihadistes françaises les plus connues. Emilie König, 37 ans, a regagné le sol français mardi aux côtés de 50 autres personnes, dont 35 enfants, après dix ans passés en Syrie.
Accusée d'avoir recruté pour le groupe État islamique (EI) et appelé à commettre des attaques en Occident, la jeune femme originaire du Morbihan était visée par un mandat d'arrêt. Peu après son arrivée dans l'Hexagone, elle a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placée en détention provisoire. Retour sur son parcours, depuis 2012.
Fille de gendarme
Fille de gendarme et dernière d'une famille de quatre enfants élevés seuls par leur mère, Emilie König est originaire de Lorient dans le Morbihan. Elle a suivi une scolarité normale avant de se convertir à l'islam au contact de son premier mari, algérien d'origine, incarcéré pour trafic de drogue. Elle apprend l'arabe, se fait appeler Samra et se voile entièrement. Puis, elle entame sa radicalisation au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, désormais dissous.
Dès 2010, elle est repérée en niqab près de la mosquée de Lorient où elle tente de distribuer des tracts appelant au jihad.
Au printemps 2012, convoquée au tribunal, elle refuse de retirer son niqab et provoque une altercation avec un vigile qu'elle filme et poste sur YouTube.
Accusée d'avoir recruté pour le groupe Etat islamique
Suite à cet événement, Emilie König laisse ses deux enfants en France et part en 2012 en Syrie rejoindre son nouveau compagnon qui sera tué ultérieurement. Elle a donné naissance à trois autres enfants, qui ont été rapatriés en janvier 2021. Elle est accusée d'avoir recruté pour le groupe État islamique (EI) et appelé à commettre des attaques en Occident.
Un enregistrement vidéo diffusé le 31 mai 2013 montrait Emilie König en train de s’entraîner au maniement d’un fusil en Syrie. Dans un autre enregistrement vidéo du 2 juin 2013, elle adressait des messages de propagande à ses enfants. Rentrée en France en août 2013, elle est retournée le 7 novembre 2013 en Syrie, où elle se trouve depuis. Elle téléphone souvent à ses relations en France pour les encourager à commettre des actes violents contre des cibles données (institutions françaises, épouses de militaires français) sur le territoire français.
Détenue en Syrie depuis 5 ans
Emilie König a été capturée en 2017 à Chadadi (est de la Syrie), lors de l'offensive des forces kurdes pour reconquérir les secteurs aux mains des jihadistes. Début 2018, elle apparaissait dans deux vidéos diffusées par les Kurdes. Elle espérait rentrer en France pour retrouver sa famille, suivre une formation en comptabilité, pourquoi pas se lancer à son compte et avoir, confiait-elle, "une revanche un petit peu" sur la vie.
"J'ai pas de sang sur les mains"
Les services de renseignements avaient intercepté ses appels récurrents à attaquer les institutions françaises ou à s'en prendre aux femmes de soldats français. Dans un entretien accordé à l'AFP en avril 2021 depuis le camp de Roj, elle disait vouloir "retourner en France". "Je veux retourner en France, je veux revoir mes enfants, j'aimerais que la France soit conciliante par rapport à ça. J'ai envie de réparer mes erreurs", martelait Emilie König.
"Bien sûr que je regrette, parce que ça a détruit toute ma vie", disait-elle à propos de son ralliement à l'État Islamique, tout en assurant ne pas vouloir être incarcérée. "Je ne vois pas pourquoi j'irais en prison. Je trouve que c'est injuste parce que je n'ai rien fait, je n'ai pas de sang sur les mains", insistait-elle.
Elle dit vouloir retrouver une "vie de femme"
Emilie König fait partie des 16 mères rapatriées mardi en France de camps de prisonniers jihadistes en Syrie, premier retour massif d'enfants et de leurs mères français depuis la chute en 2019 du "califat" de l'État Islamique d'où ont été planifiés les attentats meurtriers du 13 novembre 2015.
À son arrivée en France mardi, la trentenaire a eu une audience avec une juge des libertés et de la détention du tribunal de Paris. "Je suis très fatiguée", a-t-elle soufflé dans le box après l'annonce de son placement en détention. La magistrate, à qui Emilie König avait dit vouloir retrouver une "vie de femme", lui a indiqué que les investigations allaient se poursuivre "pour retracer son parcours".
"Elle a l'intention de coopérer pleinement avec la justice française", a assuré à l'AFP son avocat Emmanuel Daoud. "Elle est rentrée pour s'expliquer et pour tenter le plus rapidement possible, selon une échéance qu'elle ne maîtrise pas, de revoir ses enfants", a ajouté Me Daoud en soulignant qu'elle avait "pleinement conscience d'avoir causé beaucoup de souffrances à sa famille".
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