Euthanasie : l'ex-urgentiste Bonnemaison rejugé pour 7 cas "d'empoisonnement"

Publié le 12 octobre 2015 à 7h07
Euthanasie : l'ex-urgentiste Bonnemaison rejugé pour 7 cas "d'empoisonnement"

JUSTICE - En 2014, le parquet avait fait appel de l'acquittement de Nicolas Bonnemaison, accusé d'avoir abrégé la vie de plusieurs patients en phase terminale dans un Centre hospitalier de Bayonne. L'homme de 54 ans va donc être rejugé à partir de ce lundi, devant la Cour d'assises d'appel d'Angers. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Après le Parlement, la question de la "fin de vie" de nouveau devant la justice. L'ancien urgentiste Nicolas Bonnemaison, acquitté à Pau en 2014 pour avoir abrégé la vie de plusieurs patients en phase terminale, est rejugé à partir de ce lundi par la Cour d'assises d'appel d'Angers, pour sept cas "d'empoisonnement".

Passible de la réclusion criminelle à perpétuité, l'ancien urgentiste bayonnais, âgé de 54 ans, avait été acquitté "de la totalité des faits" en premier ressort par les jurés de la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau, à l'issue d'un procès très éprouvant pour tous ses protagonistes.

Le médecin n'informait pas la famille

Au nom de l'accusation, l'avocat général avait requis cinq ans de prison, avec sursis possible sur l'intégralité de la peine, tout en reconnaissant que Nicolas Bonnemaison n'était "pas un assassin, pas un empoisonneur au sens commun de ces termes". La Cour, de son côté, avait estimé que le Dr.Bonnemaison avait agi, en 2010 et 2011 dans son unité du Centre hospitalier de Bayonne, dans un "contexte bien spécifique". Il s'agissait de patients âgés, incurables, dont les traitements avaient été arrêtés, et même s'il n'a informé ni soignants ni famille, "il n'est pas démontré" qu'il avait "l'intention de donner la mort aux patients", au sens pénal du terme.

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Durant ce procès, Nicolas Bonnemaison avait pour sa part reconnu avoir injecté des produits létaux à ses patients, estimant avoir agi "en médecin comme je le conçois", "jusqu'au bout du bout". "On vit des choses fortes avec les patients en fin de vie, des choses qui marquent le médecin", avait-il déclaré. Le Parquet général de Pau avait toutefois jugé "nécessaire" de faire appel après l'acquittement, d'où le retour de Nicolas Bonnemaison devant une Cour d'assises, cette fois celle du Maine-et-Loire, jusqu'au 24 octobre.

Il travaille toujours dans le même hôpital

Bien qu'acquitté, Nicolas Bonnemaison a été radié de l'Ordre des médecins en juillet 2014, radiation confirmée quelques mois plus tard par le Conseil d'Etat. Un recours contre cette décision a été introduit auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme. Depuis mai toutefois, il a retrouvé "un poste non médical" dans un service administratif du même hôpital. 

Si aucune famille des sept victimes, décédées entre mars 2010 et juillet 2011, n'a porté plainte, deux d'entre elles se sont toutefois constituées parties civiles : Yves Geffroy, fils d'André Geffroy, et les époux Iramuno, fils et belle-fille de Catherine Iramuno. André Geffroy, 92 ans et Catherine Iramuno, 86 ans, étaient décédés en février et avril 2011 après que le Dr.Bonnemaison leur eut administré de l'hypnovel - une molécule qui calme l'anxiété, accélère l'endormissement et favorise le relâchement musculaire - sans en informer les familles. Des faits dénoncés ultérieurement par des soignants de l'unité où ces patients sont décédés. Aujourd'hui, les époux Iramuno ont fait savoir par le biais de leur avocate qu'ils attendaient de ce procès en appel "des explications et une condamnation".

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La rédaction de TF1info

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