FAIT DIVERS - Ce mercredi 10 août est jugé à Evry (Essonne) un ancien professeur de judo qui, en pleine instance de divorce, a engagé un homme de main afin d’assassiner sa femme l'année dernière. Le projet macabre, découvert par la police, a été stoppé à temps.
C’est le procès d’un drame évité qui va s’ouvrir, mercredi 10 août, au tribunal correctionnel d’Evry, dans l’Essonne. Sur le banc des prévenus, un ancien professeur de judo, âgé de 44 ans. Les juges attendent de comprendre comment cet homme, en pleine instance de divorce, en est arrivé à commanditer l’assassinat de sa femme et mère de ses deux enfants. Un projet que seul un tuyau bien placé a permis de faire échouer.
Retour au moment des faits. Mi-2015, le quadragénaire est seul. Voilà un an que son épouse l’a quitté, lassée des crises de jalousie à répétition qui émaillaient le quotidien du couple. "C’est une scène, plus intense que les autres, qui a fait déborder le vase et poussé ma cliente à partir" précise l’avocate de la victime, Karine Rousselot-Weber, interrogée par metronews.
Assassinat maquillé en accident de la route
Une idée germe alors dans l’esprit du mari éconduit. Celle d’un scénario macabre, qui impliquerait de se débarrasser de sa femme en la renversant en voiture, pendant son jogging. Un assassinat maquillé en accident de la route, dont le prévenu ne se sent pas de réaliser la manœuvre fatidique. En peu de temps, il déniche une connaissance capable de s’atteler à la tâche morbide, contre rémunération.
L’emploi du temps de la victime, les repérages sur le terrain, et même 800 euros en petites coupures "nettoyées de son ADN" laborieusement versées à son homme de main afin de louer la voiture qui ferait office d’arme du crime. Il avait pensé à tout. A tout, sauf à la loyauté défaillante de celui qui s’est improvisé, à sa demande, tueur à gages.
Une histoire "trop lourde à porter"
Car celui-ci, par le plus grand des hasards, se retrouve bientôt en garde à vue pour une simple infraction du code de la route. Et devant les policiers, se dégonfle, finissant par avouer avoir été mandaté pour assassiner une femme. Selon une source proche du dossier, interrogée par l’AFP, il assure alors qu’il "souhaite collaborer" avec les forces de l’ordre, car cette histoire est "trop lourde à porter" et qu’il "n’est pas un criminel".
Le mari, en attendant, ne se doute de rien. Et celui qui avouera plus tard s’être inspiré de la télévision pour mettre à jour son plan diabolique, se retrouve alors au cœur d’une intrigue digne des meilleurs polars. Car son homme de main, à qui il continue de fixer des rendez-vous en amont de l’assassinat, est désormais assorti d’un acolyte, qui n’est autre qu’un agent de police infiltré. Sous les yeux de la police, le prévenu réitère sa commande d’assassinat, en précisant aux exécutants de faire marche arrière, au moment du crime, pour s’assurer que leur victime est bien morte. Alors seulement à ce moment-là, ils recevront leur paie : 6000 euros.
La victime encore sous le choc
Le professeur de judo est rapidement interpellé et, devant le juge d’instruction, avoue tout, avant de minimiser ses intentions. Son avocat, François Artuphel, estime auprès de l’AFP qu’il n’a jamais souhaité "aller jusqu’au bout". Qu’il était, pendant la période des faits "en grande difficulté". A présent poursuivi pour délit de "mandat criminel", il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d’amende.
Quant à la victime, dont la procédure de divorce est toujours en cours, elle vit aujourd’hui dans la peur. C’est en tout cas ce qu’affirme son avocate à metronews : "Elle est encore sous le choc. Elle est suivie psychologiquement. Elle pensait que le divorce se réglerait à l’amiable, ce qu’elle a appris pendant l’instruction n’en a été que plus traumatisant pour elle."