RÉACTION - Comme d’autres avocats renommés, Jean Veil a été surveillé par le Parquet national financier, qui a épluché ses factures téléphoniques ainsi que celles de ses collaborateurs dans le cadre de ses investigations sur Nicolas Sarkozy. "La loi a été violée", estime le ténor du barreau.
"Je n’ai pas confiance en la justice" : la déclaration est d’autant plus forte qu’elle ne vient pas de n’importe qui mais d’un ténor du barreau. Invité sur LCI mercredi 1er juillet, l’avocat Jean Veil a commenté les critiques qui pleuvent depuis quelques jours sur le Parquet national financier (PNF), y ajoutant les siennes.
La semaine dernière, Le Point révélait que le PNF a mené des investigations sur plusieurs avocats et magistrats, procédant notamment à l’examen de leurs relevés téléphoniques (fadettes), dans l’objectif d’identifier la "taupe" éventuelle ayant pu informer Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient eux-mêmes sur écoute, dans une affaire de corruption. "C’est une situation tout à fait anormale", souligne Jean Veil, qui fait partie des ténors ayant fait l’objet de ces investigations, sans qu’il ne le sache. "Certains de mes confrères ont déposé plainte, mais comme moi je n’ai pas confiance en la justice, ce n’est pas la peine, ça ne sert strictement à rien", poursuit-il, avant de répéter : "Je n’ai pas du tout confiance dans la justice. C’est comme dans toutes les professions, il y a des gens intelligents, des gens remarquables, et puis il y a aussi des imbéciles."
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"La loi a été violée"
"La loi a été violée, estime Jean Veil. Je ne vois pas comment on peut justifier de prendre nos fadettes, de les examiner pendant quinze jours."
Faut-il alors supprimer le PNF, créé en 2013 dans la foulée du scandale Cahuzac ? "Je pense que oui", répond Jean Veil. "Il y avait autrefois au parquet de Paris une section financière qui faisait parfaitement le travail", fait-il remarquer, qualifiant par ailleurs le PNF d’"espèce de cadeau" donné "à l’opinion publique pour l’apaiser après le scandale Cahuzac".
Ce mercredi, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé avoir diligenté une inspection sur l’enquête du PNF, pour "déterminer l’étendue et la proportionnalité des investigations effectuées et le cadre procédural de cette enquête". Un rapport est attendu pour le 15 septembre.
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