Féminicide de Julie Douib : son ex-compagnon condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en appel

Publié le 27 janvier 2023 à 23h50, mis à jour le 28 janvier 2023 à 0h11

Source : JT 20h Semaine

Bruno Garcia-Cruciani a été condamné, ce vendredi 27 janvier en appel, à la prison à perpétuité avec 22 ans de sûreté.
Le meurtre de Julie Douib, en 2019, avait suscité une vague d'indignation dans le pays.
Et avait entraîné l'organisation par le gouvernement d'un "Grenelle" sur les violences faites au femmes.

Le verdict est tombé. Bruno Garcia-Cruciani a été condamné, vendredi 27 janvier par la cour d'assises d'appel de Corse-du-Sud, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Il a été reconnu coupable d'assassinat pour avoir tué, en 2019, son ex-compagne et mère de ses enfants, Julie Douib, à l'Île-Rousse (Haute-Corse). L'homme a également été condamné à un "retrait total de l'autorité parentale". Une condamnation identique à celle prononcée lors du procès en première instance, le 16 juin 2021. 

"La Cour vous condamne à la majorité de huit voix au moins à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans", a indiqué la présidente à Bruno Garcia-Cruciani. La cour a reconnu coupable l'accusé d'assassinat et a écarté l’altération du discernement plaidée par la défense. À l'énoncé du verdict, Bruno Garcia-Cruciani est resté imperturbable dans le box. La famille Douib a, elle, laissé percer son soulagement. 

"Une exécution pure et simple"

Ce verdict signe la conclusion de l'un des féminicides les plus marquants de ces dernières années. Le 3 mars 2019, comme il l'a reconnu auprès des gendarmes, Bruno Garcia-Cruciani s'était présenté chez son ex-compagne armé d'un pistolet Glock 17 équipé d'un silencieux. En garde partagée, leurs deux fils, se trouvaient au domicile. Il avait tiré à trois reprises : une première fois dans la chambre des enfants, blessant la jeune femme au coude gauche. Une deuxième fois sans l'atteindre sur le balcon, où elle s'était enfuie. Une troisième fois, tandis que la victime était au sol, la touchant mortellement au thorax et à nouveau au bras gauche. 

Si l'homme a toujours maintenu que son acte n'était pas prémédité, l'accusation avait assuré le contraire. Lors de ses réquisitions, l'avocate générale Catherine Levy avait estimé que le meurtre de Julie Douib était "une exécution pure et simple", rappelant qu'il avait "traqué" la jeune femme de 34 ans avant de la tuer. Pour souligner encore cette préméditation, elle avait égrainé les recherches sur internet effectuées avant les faits par l'accusé sur la "peine pour homicide" ou comment "partir vivre en Thaïlande". 

Des éléments de préméditation que Me Gilles Antomarchi et Me Jean-Paul Eon, en défense, se sont attelés à démonter. Ils ont aussi défendu la thèse d'un premier tir accidentel, concédant un deuxième tir volontaire mais "pas d'exécution". Quant à la peine de perpétuité requise, "c'est la peine des tueurs en série", s'est indigné Me Antomarchi, dénonçant la pression de "la médiatisation".

"Elle n'a pas été suffisamment protégée"

L'avocate des deux fils du couple avait un peu plus tôt appelé la cour à les "protéger de leur père", décrivant des garçons "terrifiés à l'idée que leur père sorte de prison et vienne les chercher". Bruno Garcia-Cruciani, "un homme dangereux", a "constamment utilisé" ses enfants "comme un propriétaire" et veut "les récupérer pour lui, pas pour eux", a souligné Me Francesca Seatelli, assénant qu'il a fait d'eux "à perpétuité des fils d'assassin, à jamais des orphelins".

Avant que la cour ne se retire, Bruno Garcia-Cruciani a dit vouloir "avoir un mot pour Julie". "J'ai enlevé la vie de Julie", "la mère de mes enfants" et "je demande pardon", "je m'en excuse". Il a également "demandé pardon à la famille Douib", et concernant Lucien Douib, le père de Julie, il a dit : "S'il s'est senti menacé, je m'en excuse". "Je ne suis pas allé pour enlever la vie de Julie", a-t-il aussi répété. Quant à ses enfants, "je serai toujours là pour eux et je les laisserai jamais", a-t-il conclu en s'excusant. Pour Jean-Sébastien De Casalta, l'un des trois avocats de la famille Douib, "c'est le procès d'un féminicide devenu symbole", a-t-il lancé, qualifiant l'accusé de "voleur de vie", "voleur de rêves" et "voleur d'amour"

Trentième féminicide sur les 146 dénombrés en 2019, cet assassinat avait suscité une vive émotion en Corse et hors de l'Île de Beauté. "Elle n'a pas été suffisamment protégée", s'était emportée Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes. Quatre mois plus tard, elle recevait des associations et proches de victimes de féminicides, qui lui réclamaient un "Grenelle" contre les violences conjugales. Organisées le 3 septembre 2019, ces tables rondes avaient débouché sur 46 mesures, dont le déploiement de bracelets anti-rapprochement.


La rédaction de TF1info avec AFP

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