PROCÈS – Sept prévenus sont jugés depuis mardi dans le cadre du procès d'une filière d'acheminement de djihadistes vers la Syrie. Ce vendredi, alors que les plaidoiries et le réquisitoire sont attendus lundi prochain, les magistrats se sont penchés sur la personnalité des six hommes présents dans la salle.
Ils sont âgés de 23 à 37 ans et n'ont pas le même profil. C'est justement sur la personnalité des prévenus qui comparaissent depuis le mardi 1er décembre et jusqu'au lundi 7 décembre devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme", que les magistrats se sont attardés ce vendredi soir. Cinq d'entre eux sont allés en Syrie, un autre, Younes, est soupçonné d'avoir participé à la filière, sans être allé sur place.
Certains ont un parcours "décousu et instable", des "motivations confuses, indécises et contradictoires", pour deux d'entre eux, un "niveau intellectuel supérieur à la moyenne", et pour certains, une vie familiale particulièrement "complexe". La plupart déclarent être allés en Syrie "pour aider" un peuple en souffrance. Outre Salim Benghalem, considéré comme l'un des bourreaux de Daech et sous le coup d'un mandat d'arrêt international, les six prévenus ont fait part de leur volonté de retrouver une "vie normale".
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"J'allais de mosquée en mosquée""
Le témoignage de Mehdi, 26 ans, a retenu toutes les attentions ce vendredi. Comme pour la plupart des prévenus, son casier judiciaire ne fait état d'aucune mention. Aîné d'une fratrie de trois, titulaire d'un bac STG (Sciences et Technologies de la Gestion), Mehdi est parti en Syrie le 8 juin 2013 et est revenu trois semaines plus tard, le 30 juin. Originaire du Val-de-Marne, il a toujours eu des "petits boulots, dans l'événementiel, le commercial ou en tant que chauffeur livreur", jusqu'à son départ à des milliers de kilomètres de la France.
"Je pense que je me cherchais. J’étais en quête d'un idéal. J'allais de mosquée en mosquée, de professeur en professeur. Internet est devenu la source de mes recherches. J'ai vu l'histoire sur la Syrie. Ça m'a paru comme l'élément idéal pour servir à quelque chose. Je voulais aider des personnes qui, sur place, avaient besoin de moi, qui étaient massacrées", a expliqué Mehdi depuis le box. Le jeune homme est alors parti, avant de découvrir là-bas un tout autre monde. "Je me sentais mal, j'avais besoin de revenir".
"Je ne cautionne pas ces actes de barbarie"
De retour dans l'Hexagone, Mehdi "commence à retrouver la vie qui [lui] plaisait". Il sort, voit des amis, et sa famille, avant d'être interpellé en novembre 2013. Dans une lettre écrite au juge d'instruction un an plus tard, lettre que son avocate Me Maud Touitou a lue à l'audience, Mehdi déclare avoir "pris du recul" par rapport à cet événement. "J'y ai été aidé par l'évolution de la situation en Syrie et en Irak, je vous l'ai dit les yeux dans les yeux, je ne cautionne pas les actes de barbarie, ces assassinats par décapitation. Ca me répugne. Ca ne peut être commis au nom de ma religion", écrit-il à la juge .
Toujours dans sa lettre, celui qui est détenu alors à la maison d'arrêt de Fresnes, dit ne plus "supporter d'être en cellule et en promenade avec des personnes ayant le même chef d'inculpation que lui ." "J'ai fait une demande pour être éloigné de cette forme de vie, a déclaré Mehdi ce vendredi au président du tribunal, Denis Couhé. Tout le monde parle d'Etat islamique..." En mars dernier, son avocate, Me Touitou a demandé son transfert vers un autre établissement pénitentiaire. Mehdi l'a obtenu en août.
"Terrorisme... c'est insultant"
Au psychiatre qui l'a vu en consultation avant de dresser un rapport, Mehdi a confié : "Je ne regrette pas l'intention d'avoir voulu aider des gens mais je regrette d'y être allé... Je n'ai eu que des problèmes.... Le mieux pour aider des gens c'est de passer par des organismes connus. J'ai préféré revenir en sachant que je pourrais être inquiété par la justice plutôt que de rester là-bas... Mais je ne tenais pas à aller aussi en prison avec un tel chef de mis en examen... Terrorisme... c'est insultant". Il conclut en disant : "Je me suis associé avec des gens qui n'étaient pas des terroristes... En tout cas, je ne le savais pas... Et puis le terrorisme, c'est pas un chemin légal même religieusement et puis c'est pas légal par rapport au Coran".
Pour la suite, Mehdi affirme vouloir "rester" en France et avoir "des projets très concrets". "Je voudrais être conducteur d'autocar", a-t-il dit. Le réquisitoire et les plaidoiries sont prévus lundi prochain. Pour les faits qui lui sont reprochés, Mehdi encourt, comme les cinq autres prévenus présents à l'audience, jusqu'à dix ans de prison. Salim Benghalem, lui, encourt le double.
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