Ce mardi, Nicolas Sarkozy est entendu sur la rétractation par Ziad Takieddine de ses accusations de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.Il est soupçonné d'avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes pour décrédibiliser le dossier libyen.Cette affaire sera jugée à partir du début 2025.
L'ancien président une nouvelle fois face à un juge. Nicolas Sarkozy est entendu ce mardi au tribunal judiciaire de Paris par un juge d'instruction dans l'enquête sur la rétractation par le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine de ses accusations de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, ont constaté des journalistes de l'AFP, une information confirmée par TF1info. "Nicolas Sarkozy est actuellement entendu en interrogatoire de première comparution par les magistrats instructeurs dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en mai 2021" après la rétractation de Takieddine, a confirmé à l'AFP une source judiciaire.
"Sa convocation porte sur les chefs de recel de subornation, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers", a précisé cette source. Cet interrogatoire était initialement prévu du 12 au 14 septembre mais avait été repoussé.
Une affaire en trois épisodes
La justice s'intéresse à trois évènements spécifiques dans cette affaire. D'abord deux qui se sont déroulés fin 2020. L'interview du sulfureux intermédiaire franco-libanais à Paris Match et BFMTV, ainsi qu'une lettre adressée aux magistrats instructeurs français. Les enquêteurs ont récemment chiffré le montant de cette opération présumée à au moins 608.000 euros.
Une troisième phase, début 2021, aurait également cherché à obtenir une preuve que le "document libyen", publié pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et prouvant un financement de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d'euros, était un faux. Ou encore à obtenir la libération d'un des fils de Mouammar Kadhafi, détenu au Liban, dans l'espoir que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Sarkozy.
Sarkozy nie les faits
L'ex-chef de l'État est suspecté d'avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes qui auraient tenté d'escroquer la justice pour le disculper dans le dossier libyen, qui sera instruit à partir du début 2025. Nicolas Sarkozy a fermement réfuté toute participation aux faits incriminés pendant 12 heures d'audition mi-juin devant les enquêteurs financiers de l'Office central contre la corruption (OCLCIFF).
Selon la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l'appréciation qu'en fera celui-ci, Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire mis en examen ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier tout en excluant un procès le concernant.
Outre Nicolas Sarkozy, la justice soupçonne au moins huit protagonistes d'avoir participé, à des degrés et moments divers, à cette opération. Michèle Marchand, dite "Mimi" Marchand, figure de la presse people et proche de Brigitte Macron, est parmi les mis en cause.