Froid glacial et vive émotion aux Invalides pour la "Génération Bataclan"

Publié le 27 novembre 2015 à 16h00
Froid glacial et vive émotion aux Invalides pour la "Génération Bataclan"

REPORTAGE - Un hommage national a été rendu ce vendredi matin à Paris aux 130 personnes décédées pendant et après les attaques du 13 novembre dernier. Forces de l'ordre, secouristes, personnalités politiques et familles endeuillées étaient réunies à cette occasion dans la cour d’honneur des Invalides.

La température n'excède pas les 0 °C vendredi matin mais, pour ce vibrant hommage rendu aux 130 personnes qui ont perdu la vie dans les attentats survenus il y a deux semaines jour pour jour à Paris, la capitale échappe à la pluie.

Dès 6 heures, de nombreux journalistes venus du monde entier, bien plus sans doute que les 17 nationalités endeuillées par les événements du 13 novembre, se sont retrouvés devant l'hôtel national des Invalides pour assister à l'événement annoncé pour 10h30. La presse est la première à pénétrer dans la cour d'honneur des Invalides, suivie de la garde républicaine, des policiers, militaires, sapeurs-pompiers, personnalités politiques et bien sûr, par les familles. Au total, plus de 2000 personnes sont réunies.

A 10h20, alors que tout le monde a pris sa place, une chaise est encore vide, celle de celui que l'on attend, celle du Président. Dans l'oreillette d'un policier : "Il quitte l'Elysée". Quelques minutes plus tard, François Hollande s'apprête à fouler le pavé de la cour de l'Hôtel National, plus haut niveau protocolaire d’hommage à la nation. Dans l'oreillette du policier : "Descente de voiture". La Garde Républicaine se met au garde-à-vous. Le chef de l'Etat prend place.

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Brel et Barbara

Débute alors une cérémonie très touchante, qui va durer près d'une heure, ouverte et refermée avec la désormais omniprésente "Marseillaise". Entre les deux, les honneurs militaires rendus au chef de l’Etat, la revue des troupes et de la musique, beaucoup de musique. Du classique, bien sûr, mais aussi de la chanson française, soigneusement choisie. Pour accompagner les photos des victimes qui défilent sur grand écran, "Quand on n'a que l'amour" de Jacques Brel interprété par Camélia Jordana, Yael Naim et Nolwenn Leroy puis "Perlimpinpin" de Barbara, chanté par Nathalie Dessay, avec au piano, Alexandre Tharaud. Face à l'assemblée, les sourires de Lola, Romain, Lamia, et de tous ceux qui ont perdu la vie le 13 novembre, au Stade de France, au Petit Cambodge, au Carillon, à La Bonne bière, à La Belle équipe puis au Bataclan. Sont ensuite cités au micro les prénoms, noms et âges des victimes, à l’exception d’un, à la demande de la famille.

François Hollande, tout de noir vêtu, prend ensuite la parole, pour un long discours de quatre pages et 1690 mots. Des mots, le président de la République en a eu pour tout le monde, de très beaux pour ceux qui sont partis, et d'autres pour cette "horde d'assassins qui tué 130 des nôtres". Depuis ce vendredi 13 novembre, "ce jour que nous n'oublierons jamais", il réfléchit à ce texte, qu'il a finalement écrit dans l'avion cette semaine, mardi dans son voyage pour les Etats-Unis et jeudi dans celui qui l'emmenait en Russie avant de le relire une dernière fois ce vendredi matin, entre 7 heures et 10 heures. 

"130 destins fauchés", "130 vies arrachées"

"Aujourd’hui, la Nation toute entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l’on n’entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues, lance le président de la République. Ces femmes, ces hommes, incarnaient le bonheur de vivre. C’est parce qu’ils étaient la vie qu’ils ont été tués. C’est parce qu’ils étaient la France qu’ils ont été abattus. C’est parce qu’ils étaient la liberté qu’ils ont été massacrés". Le chef de l'Etat réitère ensuite sa promesse "solennelle" : "la France mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu’elle agira sans répit pour protéger ses enfants".

Le chef de l'Etat assure que les "terroristes" ne parviendront jamais à "diviser" le peuple français, peuple soudé depuis ces événements tragiques, peuple désormais lié par "la musique. "C’est cette harmonie qu’ils voulaient casser, briser. C’est cette joie qu’ils voulaient ensevelir dans le fracas de leurs bombes. Et bien, ils ne l’arrêteront pas. Et comme pour mieux leur répondre, nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles ; nous continuerons à aller dans les stades, et notamment au Stade si bien nommé, le Stade de France à Saint-Denis" explique celui qui se trouvait le 13 novembre non loin de l'endroit où ont sévi les premiers kamikazes.

Après avoir rappelé la profession des défunts, après avoir souligné leur tranche d'âge - la moitié avait moins de 35 ans -, le président de la République livre ce message plein d'espoir pour cette génération, celle qui succèdera à celle du "Bataclan :" Elle a été frappée, elle n’est pas effrayée, elle est lucide et entreprenante, à l’image des innocents dont nous portons le deuil. Elle saura, j’en suis convaincu, faire preuve de grandeur. Elle vivra, elle vivra pleinement, au nom des morts que nous pleurons aujourd’hui. Malgré les larmes, cette génération est aujourd’hui devenue le visage de la France".

La Marseillaise clôture les hommages. La musique se tait. La cour d'honneur se vide lentement, tandis que le drapeau français disparait de l'écran géant.

 

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Aurélie SARROT

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