JUSTICE - Jean-Régis Julien a été jugé pour l'assassinat par balles de son ancienne compagne. La cour d'assises du Gard a aussi ordonné le retrait de son autorité parentale sur leur fils, présent lors des faits.
C'était, selon les termes de l’avocat général, une "exécution". Jean-Régis Julien comparaissait ce jeudi 8 octobre devant la cour d’assises du Gard pour l’assassinat de son ex-compagne, qu’il était suspecté d’avoir abattu, de trois balles dans la tête et devant leur fils. L’ancien policier – radié – et sapeur-pompier volontaire a été reconnu coupable, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, et déchu de son autorité parentale.
Une peine plus sévère que les réquisitions d’Hervé Poinot, qui réclamait 30 ans de prison, 20 ans de sûreté et le retrait total des droits parentaux sur Mathis, 7 ans aujourd’hui. Ces mesures, selon l’avocat général, étaient nécessaires afin de "garantir la protection" de la société et des femmes qui pourraient entrer en relation avec l’homme de 39 ans, connu pour ses nombreuses aventures.
Procès d'un "féminicide"
À plusieurs reprises au cours des audiences, le parquet a demandé au jury de condamner un "féminicide". En 2019, les chiffres officiels faisaient état de 146 meurtres d’une femme par son conjoint, actuel ou passé. "Ce n'est pas un terme juridique tiré du code pénal, ça ne me dérange absolument pas", a reconnu Hervé Poinot. Une position réfutée par la défense : "Ce ne doit pas être le procès du meurtre des femmes, mais du meurtre d’une femme", plaidait Clémence Cottineau.
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Le 27 février 2016, Carine était tuée dans sa voiture sur la rocade d’Alès. Une semaine auparavant, cette éducatrice spécialisée de 24 ans avait porté plainte pour des appels malveillants et des intrusions, de nuit, à son domicile - son ancien compagnon avait appris peu auparavant sa nouvelle relation. Pour l’accusation, le meurtre était prémédité, ce qu’a continué à nier Jean-Régis Julien lors de son procès. Selon son avocate, ses regrets tardifs et ses demandes de remise en liberté dénotent qu’il était "en décalage complet avec la réalité".
Le fils témoin
Un autre enjeu qui se présentait à la cour était le sort de Mathis. Aujourd’hui élevé par sa tante maternelle, il se trouvait à l’arrière de la voiture à la mort de sa mère. Le garçon a "assisté au meurtre de sa mère dans le bruit et la fureur, et reçu des éclats de sang et de cervelle", a rappelé l’avocat général, qui conclut : "Quelque part Jean-Régis Julien a aussi tué Mathis."
"Il vivra le reste de son existence avec ce fardeau", a estimé l’accusation, pour qui l'accusé ne devait pas être en position un jour de lui réclamer une prise en charge financière. Le garçon et sa tante ressentent aujourd’hui de la "peur, de ce que cet homme serait capable de faire s’il sortait", a assuré leur avocate. Une crainte qui a trouvé son écho dans la peine.