VICTIME - La compagne de Manuel T., 41 ans, blessé par un projectile lors de la manifestation des Gilets jaunes à Paris, samedi 16 novembre, a confirmé qu'il avait perdu l'usage de son œil gauche. Le couple entend porter plainte, en s'appuyant sur une vidéo filmée ce jour-là.
La vidéo, comme beaucoup d'autres, illustrant des blessures de Gilets jaunes, a fait le tour des réseaux sociaux. Lundi 18 novembre, elle affichait en quelques heures plusieurs centaines de milliers de vue. Place d'Italie, samedi 16 novembre, la situation est tendue. Un homme discute à l'écart du chaos avec d'autres manifestants, à proximité du centre commercial Italie 2, quand un projectile vient soudainement le heurter violemment à l'œil gauche.
La suite de la scène est aussi filmée : des manifestants et des "street medics" le mettent aussitôt à l'abri alors qu'il se tient le visage, ensanglanté. La compagne de cet homme, Manuel T., a confirmé ce mardi qu'il avait définitivement perdu l'usage de son œil, alors qu'une enquête de l'IGPN doit dire si le projectile a été tiré par les forces de l'ordre.
"Le tir était destiné à blesser quelqu'un" selon sa compagne
"Je l'ai vu tout de suite mettre ses mains sur son œil et du sang gicler de partout... On ne l'a pas vu arriver. En général, c'est lancé en hauteur, on a le temps d'évaluer où ça va tomber. Là, c'est arrivé droit dans son œil, on n'a rien pu faire. Pour moi, c'était destiné à quelqu'un", a affirmé à l'AFP la compagne du manifestant de 41 ans, Séverine D.
"Physiquement, il a très mal. En plus de son œil, il souffre énormément de maux de tête. Et moralement... il est comme on peut l'être quand on vient d'apprendre qu'on n'aurait plus l'usage de son œil gauche", a-t-elle ajouté devant la presse, à la sortie de l'hôpital Huriez de Lille. "Il a un gros sentiment d'injustice. Depuis un an qu'il était dans la rue quasiment tous les samedis, il n'a jamais rien cassé, jamais participé à des débordements, toujours été tranquille et là, il se fait éborgner..."
L'IPGN saisit par le préfet de police et le parquet de Paris
Le projectile qui a touché Manuel T. semble être une grenade lacrymogène des forces de l'ordre. Ce lundi, le préfet de police de Paris avait annoncé qu'il allait saisir l'IGPN, "à la demande du ministre de l'Intérieur", après la diffusion de la vidéo. De son côté, le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour "violence par personne dépositaire de l'autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours" et a également confié les investigations à la police des polices.
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"Évidemment, on va porter plainte, il est hors de question de laisser passer ça", a encore précisé Séverine D. "Il y a déjà eu assez d'éborgnés qui n'ont rien pu prouver. Là, on a la preuve, on ne peut pas dire qu'il était en train de faire quelque chose qu'il ne fallait pas, il était tranquille, il s'est fait blesser alors qu'il ne le méritait pas".