RÉACTION - Peu après l'annonce, par l'Élysée, de la grâce totale de Jacqueline Sauvage par François Hollande, la présidente de l'Union syndicale des magistrats, Virginie Duval, a qualifié sur LCI cette décision de "consternante". Elle y voit un moyen de "faire plaisir à l'opinion publique".
Si Jacqueline Sauvage, condamnée à deux reprises à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent, peut passer son réveillon en liberté, c'est parce que François Hollande l'a bien voulu. En exercant, comme la loi l'y autorise, son droit de grâce, le président de la République a rendu sa liverté à la sexagénaire, à qui la justice avait refusé deux fois une libération conditionnelle.
Ce droit de grâce, hérité des rois de France, est considéré par certains magistrats comme une atteinte à la séparation des pouvoirs. Pour la présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM) Virginie Duval, "le président ne respecte pas la justice".
Grâciée mais pas amnistiée
Interrogée sur LCI peu après l'annonce de la grâce, Virginie Duval a qualifié cette décision du président de "consternante". "Le président s'affranchit de la séparation des pouvoirs et du respect des décisions de justice", poursuit-elle.
Cette grâce n'équivaut cependant pas à une amnisitie, car la condamnation à 10 ans de prison restera inscrite sur le casier judicaire de Jacqueline Sauvage et celle-ci reste coupable, aux yeux de la justice, d'avoir tué son mari Norbert Marot de trois coups de fusil dans le dos, le 10 décembre 2012.
"On voit donc que c’est plus les médias qui rendent la justice que le droit"
Virginie Duval, présidente de l'Union syndicale des magistrats
"On a deux cours d'assises qui ont pris la même décision", argumente la présidente de l'USM, en ajoutant que "des commissions d'applications des peines ont refusé la libération conditionnelle à deux reprises."
Pour la présidente de l'USM, cette décision a été prise pour "faire plaisir à l'opinion publique". Sur LCI, elle a opposé la pression de cette opinion publique et des médias qui s'exerce sur le président de la République à l'impartialité des juges et des jurés, "qui ont suivi toute l'affaire et qui connaissent parfaitement les faits".