JUSTICE - Le tribunal administratif d'Amiens a rejeté vendredi un recours en référé-liberté demandant la suspension d'un arrêté préfectoral fermant pour six mois la Grande mosquée de Beauvais (Oise) pour des prêches d'un imam faisant notamment l'apologie du jihad armé.
La fermeture est confirmée. Ce vendredi, le tribunal administratif d'Amiens a rejeté un recours en référé-liberté demandant la suspension d'un arrêté préfectoral fermant pour six mois la Grande mosquée de Beauvais (Oise) pour des prêches d'un imam faisant notamment l'apologie du jihad armé.
"La préfète de l'Oise a pu, sans commettre d'erreurs de fait ou d'appréciation, estimer que les propos tenus" dans ce lieu de culte "constituaient des provocations justifiant, en vue de prévenir la commission d'actes de terrorisme, la fermeture", estime le juge des référés dans une ordonnance rendue vendredi ce jour.
La représentante de l'État avait ordonné lundi la fermeture sous 48 heures de cette mosquée -accueillant quelque 400 fidèles- que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait accusé à la mi-décembre d'attaquer le "modèle républicain et la France".
Un imam qui prônait le djihad armé
Invoquant notamment une "note blanche" des services de renseignement, le juge relève que l'imam mis en cause, un jeune converti formé en Arabie saoudite, a "à plusieurs reprises" notamment dans ses prêches "présenté le jihad armé en tant que devoir et valeur de l'islam".
Officiant depuis avril, il a aussi "accrédité l'idée d'une hostilité des sociétés occidentales envers l’islam, légitimé la désobéissance aux lois de la République et prôné la supériorité des règles religieuses sur celles-ci", ajoute le juge.
"Principal prédicateur" de la mosquée, il a également "tenu des propos radicaux incitant à la haine et à la discrimination de certaines personnes".
"Prévenir la réitération des dysfonctionnements constatés"
L'association requérante, "Espoir et Fraternité", qui gère la mosquée, "n'a jamais condamné explicitement lesdits propos", largement relayés sur sa page Facebook, poursuit le juge qui s'interroge aussi sur l'effectivité de la "rupture alléguée des relations contractuelles" avec l'imam. L'association pourra, "lorsqu'elle estimera avoir mis en place un dispositif global de nature à prévenir la réitération des dysfonctionnements constatés", demander l'abrogation de la mesure de fermeture, ajoute le juge.
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Avocat de l'association, Samim Bolaky avait souligné jeudi au cours de l'audience sa volonté de "travailler main dans la main avec la préfecture" et notamment l'engagement de ses responsables à ne plus diffuser de contenus sur les réseaux sociaux avant la désignation d'un modérateur. "Je redis ici que nous condamnons fermement tout ce qui touche au jihadisme", avait pour sa part déclaré son vice-président, Abdelfatah Zouhair. Il avait relevé que les interventions de l'imam mis en cause avait attiré plus de fidèles jeunes à la mosquée.