Ukraine : la droite et l'extrême droite face à leurs contradictions sur Poutine

Publié le 26 février 2022 à 17h56, mis à jour le 26 février 2022 à 21h56

Source : JT 20h Semaine

Marine Le Pen et Eric Zemmour, admirateurs de Vladimir Poutine, ont dû condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Valérie Pécresse, plus ferme, doit, elle, faire face à une indulgence vis-à-vis de la Russie du côté d'une certaine frange des Républicains.

Des anciennes positions désormais difficiles à porter. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a révélé les contradictions à droite et l'extrême droite sur la politique menée par Vladimir Poutine. Des incohérences qui ressortent d’autant plus que la campagne présidentielle est écrasée par l’actualité internationale. 

Jeudi, la condamnation a été unanime. Les uns après les autres, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Valérie Pécresse ont pris position contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, appelant à ce que l’attaque cesse immédiatement. Ces déclarations fortes n’ont cependant pas manqué de faire réagir.

Eric Zemmour disait rêver d'un "Poutine français"

Quelques jours plus tôt, Eric Zemmour déclarait à Europe 1 à propos de la crise ukrainienne : "Je suis sceptique, je pense qu’il y a beaucoup de propagande, d’agitation des services américains pour hystériser cette histoire." Précédemment, en septembre 2020, il déclarait sur CNews voir en Poutine "l’allié qui serait le plus fiable", rêvant même d’un "Poutine français", en septembre 2018. Il a finalement concédé jeudi avoir "cru que Vladimir Poutine ne franchirait pas cette ligne rouge". 

Ce rétropédalage ne l'a pas empêché de reprendre à son compte les justifications de Vladimir Poutine de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Lors de son meeting vendredi à Chambéry, il critiquait "l’expansion ininterrompue de l'Otan à l’est" et assurait que les sanctions économiques seraient "inefficaces" et toucheraient les "intérêts" français.

Les incohérences de Marine Le Pen

Même gêne du côté de Marine Le Pen, souvent pointée du doigt par ses adversaires pour sa proximité avec le pouvoir russe. La candidate avait été reçue en 2017 par Vladimir Poutine pendant la campagne présidentielle. Et en 2014, le Rassemblement national avait eu recours à un prêt russe de neuf millions d’euros que le parti est toujours en train de rembourser. "Je ne le crois pas du tout, je ne vois vraiment pas ce que les Russes feraient en Ukraine", martelait-elle le 7 février, sur Franceinfo. 

Jeudi, à la suite de la condamnation de l'invasion, Marine Le Pen a appelé la France à "prendre l'initiative d'une réunion diplomatique". Deux jours plus tôt, elle avait pourtant dénoncé "l'échec diplomatique" français initié par Emmanuel Macron et qui avait tenté d'organiser un forum entre Vladimir Poutine et Joe Biden.

Valérie Pécresse, gênée par François Fillon

L’équipe de campagne de Valérie Pécresse a tenté de d'exploiter les contradictions de l'extrême droite. Des hashtags "MarinePoutine" et "VladimirZemmour" ont même été lancé sur Twitter afin de les dénoncer. Pour autant, l’invasion de la Russie a également mis en difficulté le camp Républicains. Si Valérie Pécresse s’est montrée ferme, la position d’une certaine frange de son parti, plus indulgente envers la Russie, est ressortie, mettant à jour certaines contradictions internes.

Lors de la primaire de la droite, Eric Ciotti comme Xavier Bertrand ont pu appeler à un dialogue avec la Russie, le député des Alpes-Maritimes déclarant même vouloir sortir du commandement intégré de l’Otan et prônant une "nouvelle amitié avec la Russie". En 2015 par ailleurs, un voyage d'une dizaine de parlementaires en Crimée, annexé par la Russie l’année précédente avait fait scandale. À l’époque, tous ces députés, sauf un, étaient Républicains.

La principale difficulté pour Valérie Pécresse fut cependant de prendre position par rapport au précédant candidat LR à la présidentielle, François Fillon. Celui-ci siégeait jusqu'à vendredi au conseil d'administration d'un groupe pétrolier contrôlé par l'État russe et d'un géant russe de la pétrochimie. S’il a condamné l’invasion de l’Ukraine, il a aussi reproché aux Occidentaux, comme le président russe avait pu le faire, de refuser de "prendre en compte les revendications russes sur l’expansion de l’Otan". L'ancien Premier ministre a finalement annoncé vendredi démissionner de ses mandats russes, soulageant probablement d'un poids la campagne de Valérie Pécresse. 


Aurélie LOEK

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