"Sans garantie de sécurité, pas question qu’il y retourne", répond la mère de Farès, harcelé au collège

Publié le 5 avril 2023 à 20h00, mis à jour le 6 avril 2023 à 10h07
JT Perso

Source : JT 20h WE

Fin mars, Sarah, la maman d'un collégien prénommé Farès, a déscolarisé son fils après qu'il a été, selon elle, harcelé.
Atteint du syndrome de Doose, ce garçon de 12 ans aurait été la victime d'autres élèves, à plusieurs reprises avant cet événement, au sein du collège Jules Verne de Carcassonne.
Elle a déposé plainte et une enquête a été ouverte. TF1info fait le point sur cette affaire.

C’est un prénom qui, depuis deux semaines, est revenu souvent dans les médias et sur les réseaux sociaux : Farès. La photo comme la courte vidéo de ce collégien, coquard sur l’œil et bandage sur la tête, ont été vues des milliers de fois. 

C’est Sarah, la maman du petit garçon qui fêtera ses 13 ans la semaine prochaine qui les a rendues publiques sur YouTube notamment. Elles se sont ensuite retrouvées sur Facebook, Twitter et d’autres canaux. "Le 22 mars, j’ai été alertée par une camarade que mon enfant était en sang, qu’il était tombé dans les escaliers. Quand je suis arrivée, les secours étaient là, mais personne du collège ne m’avait appelée. Mon fils m’a dit qu’il avait été poussé par des élèves. Je n’ai pas vraiment été étonnée, depuis la rentrée de septembre, ça allait crescendo et personne n’a rien fait. Là, il a fini à l’hôpital, c’est trop". 

Une plainte et une enquête ouverte

Sarah précise que Farès est atteint du syndrome de Doose, qu’il a un léger "retard cognitif", qu’il marche parfois doucement et que cela lui a valu, depuis sa rentrée en 6e en septembre, des moqueries et insultes ce, pendant les interclasses et durant les récréations. "Certains élèves ont vu sa faiblesse. Ils l’ont traité de 'sale handicapé', lui ont lancé des ' N*** ta mère', "fils de p***, "Vas te faire e......", assure la maman.

L’événement du 22 mars a été le pire. Dès le lendemain, la mère de famille a porté plainte. Une enquête est ouverte dans la foulée par le parquet de Carcassonne et les investigations sont en cours.  Farès, lui, n’est toujours pas retourné à l’école. Ce mercredi, Sarah a été reçue par Joël Laporte, directeur académique des services de l’éducation nationale de l’Aude. "On me dit que mon fils doit retourner au collège, je suis évidemment d’accord, mais Farès a été harcelé et sans garantie, pas question pour le moment qu’il retourne au collège", nous déclare-t-elle à la sortie du rendez-vous. 

Mon fils est terrorisé. Il ne veut pas retourner en classe

Sarah, la maman de Farès

Les craintes de Sarah, comme celle de son fils, sont aujourd’hui encore trop importantes. "Mon fils est terrorisé. Il ne veut pas retourner en classe. Et je ne veux pas non plus. On me dit qu’il sera en sécurité, mais comment en être sûr ? Des noms ont été cités, je ne sais pas si ces élèves ont été entendus par la justice. Ce que je sais, c’est qu’ils n’ont pas été confrontés à mon fils et qu’ils sont toujours scolarisés à Jules Verne. Il n’y a pas eu de conseil de discipline, ils n’ont pas été exclus, qui me dit qu’ils ne vont pas recommencer. Comment voulez-vous que Farès n’ait pas peur. S’il retourne au collège, il va croiser ceux qui lui ont fait du mal".

Des personnels de l'établissement et des élèves menacés

Contacté par TF1info ce mercredi soir, le responsable académique nous confirme avoir proposé à la maman de Farès un retour de son fils au collège. "Une enquête est en cours et l'affaire est entre les mains du procureur de la République. La justice fait son travail et dira si les faits sont établis ou pas. Pour le reste, je peux vous dire que nous souhaitons que Farès regagne les bancs de sa classe au plus vite. Il y a sa place. Il sera bien accueilli et bénéficiera d’une sécurité absolue", soutient Joël Laporte. 

Le directeur académique précise qu'il souhaite par ailleurs que les menaces, notamment sur les réseaux sociaux, à l'encontre des personnels et de certains élèves du collège depuis la médiatisation de l'affaire cessent également. "Des mesures de sécurité ont été prises, en lien avec la préfecture de l’Aude", a indiqué le ministre Pap Ndiaye, dans un communiqué diffusé ce mercredi. 

"Une vingtaine d'auditions ont déjà été réalisées"

Ce mercredi soir, la procureure de la République de Carcassonne Géraldine Labialle s'est exprimée pour la première fois officiellement sur cette affaire dans un communiqué.  "En application de l'article 11 du code de procédure pénale, s'agissant de l'enquête diligentée pour harcèlement scolaire à l'encontre du jeune Farès, la présente communication a pour but de mettre un terme à la propagation d'informations parcellaires et au trouble à l'ordre public généré par la médiatisation de l'affaire" écrit-elle.

Elle précise que "dans le cadre de l'enquête en cours confiée au commissariat de police de Carcassonne depuis le 23 mars 2023, plus d'une vingtaine d'auditions ont déjà été réalisées parmi les élèves et le personnel enseignant". 

De nombreuses vérifications sont toujours en cours et doivent pouvoir se poursuivre "en toute sérénité", souligne la magistrate.


Aurélie SARROT

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