Hismaël, 15 ans, mort poignardé à Paris : "Ici, tout le monde craint un match retour"

Publié le 15 janvier 2018 à 17h29, mis à jour le 15 janvier 2018 à 23h47
Hismaël, 15 ans, mort poignardé à Paris : "Ici, tout le monde craint un match retour"

Source : Aurélie Sarrot/ LCI

REPORTAGE - Cinq personnes ont été placées en garde à vue après le meurtre de Hismaël D., 15 ans, mortellement poignardé samedi 13 janvier, rue de la Roquette (11e arrondissement de Paris). Dans le quartier, l’émotion est vive.

Des mots, des bougies, des roses blanches ou rouges, des lys et du mimosa ont été déposés depuis ce samedi devant le 131, rue de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris. C’est là que, samedi 13 janvier, vers 19h, un adolescent de 15 ans a été poignardé dans le dos avant de s’effondrer au sol. 

"Un passant héroïque", comme le décrit un voisin sur ce mot apposé depuis sur un mur, lui a prodigué un massage cardiaque, puis les pompiers, "pendant plus de 20 minutes", avant que le Samu ne le conduise à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e) où vers 21 heures, il a succombé à ses blessures. 

Deux jours après ce drame, lui-même survenu au lendemain du meurtre  d’un jeune homme de 22 ans à Châtelet pour une "simple bousculade" selon plusieurs sources, l’émotion était toujours très vive dans le quartier. "Hismaël D. était un jeune garçon connu et apprécié du quartier. Pas étonnant que les riverains viennent lui rendre hommage", indique une source proche du dossier à LCI. 

Lire aussi

Plusieurs interpellations

Au total, cinq personnes nées en 2002 et en 2003 ont été placées en garde à vue dans le cadre dans le cadre de l’enquête de flagrance ouverte samedi pour meurtre et confiée au 2e district de la police judiciaire. Parmi eux figurent deux mineurs placés en garde à vue le lendemain du drame et appartenant à l'une des bandes, a précisé la source judiciaire. L'un des deux adolescents arrêtés la veille sur les lieux, après avoir été désignés par des témoins comme ayant participé à la bagarre, a en revanche vu sa garde à vue levée dimanche soir, selon la même source.

Les enquêteurs continuaient ce dimanche d'entendre un mineur qui "s'est présenté spontanément à la police (la nuit du drame, ndlr) en qualité de témoin mais qui a indiqué avoir participé à la rixe au côté de la victime décédée", selon la source judiciaire. Il a été placé en garde à vue pour "violences et participation à un attroupement armé".

Rixe entre bandes rivales

Selon plusieurs sources contactées par LCI, la rixe entre bandes survenue ce week-end entre la place Léon-Blum et le cimetière du Père-Lachaise aurait un motif "bien futile". "Des jeunes de la bande de Riquet seraient venus dans un bar à chichas du quartier de la Roquette. Au même moment, d’autres jeunes du 11e cette fois tournaient un clip de rap vers la rue Mercoeur. Ils ont peut-être pris cette venue des jeunes du 19e comme une provocation… Sont évoquées également une histoire de fille, ou encore les suites d’une bagarre à l’automne dans le 19e arrondissement", commente l’une d’elle, précisant que la bagarre de la rue de la Roquette avait débuté un peu plus tôt avec un différend place Léon-Blum. 

Si le mobile reste  flou, la fin tragique de cet événement est bien là. "Des histoires dans le quartier, il y en a déjà eu. Des cris et des bagarres aussi, mais on n’avait jamais atteint un tel degré de violence", regrette une voisine. "La victime, c’était un gamin. Il avait encore toute la vie devant lui". "Hismaël avait ses copains ici. Il a grandi dans le quartier. S’il faisait partie d’une bande, il n’était certainement pas un meneur. Il était plutôt du genre à apaiser les tensions qu’à les raviver", affirme un riverain. 

Bagarre mortelle à Paris : le récit des faitsSource : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Les jeunes du collège Léon-Frot sous le choc

Au collège Alain-Fournier, rue Léon-Frot, à quelques mètres du lieu du drame, les élèves étaient eux aussi sous le choc ce lundi. "Moi, ma sœur, elle le connaissait Hismaël, tout le monde voit qui c'était. Ça aurait pu être mon frère, c’est horrible cette histoire, alors,  je suis venue mettre une bougie. Je peux pas faire grand-chose d’autre", nous indique cette élève de 6e, les larmes aux yeux. Comme elle, de nombreux collégiens de 10 ans et plus sont venus ce lundi matin se recueillir devant le 131 rue de la Roquette.

"La proviseure de l’établissement a demandé aux enseignants d'évoquer le drame ce lundi matin en classe, fait savoir François Vauglin, maire du 11e arrondissement. Il est important que règne le calme et qu’il n’y ait pas de nouvelles violences". "Ici, malheureusement, tout le monde craint un match retour, commente un riverain. Les rixes entre bandes, ça s’arrête rarement du jour au lendemain. Mais ici, personne ne souhaite de nouvelles violences".   

Une réunion en présence de fonctionnaires de police, acteurs de la justice, services sociaux et acteurs de la prévention sera organisé ce lundi en fin de journée en mairie. 

Une cagnotte pour les obsèques

Par ailleurs, les mairies des 11e et 19e arrondissements ont d’ores et déjà pris contact avec la mère d’Hismaël. "Ce jeune homme a grandi dans le 11e mais était installé depuis peu avec sa famille dans le 19e arrondissement, près de la place des Fêtes. Il était scolarisé au lycée Martin Nadaud dans le 20e arrondissement", nous précise-t-on à la mairie du 11e.  

"Son papa est en Afrique. Sa maman, elle, est à Paris. Une cagnotte en ligne a été lancée pour l’aider dans ce moment difficile et financer les obsèques de son fils", confie une habitante de la rue de la Roquette. 

Les investigations elles se poursuivent pour tenter d'établir les circonstances exactes du drame. 


Aurélie SARROT

Tout
TF1 Info