RACISME - Pour avoir tenu des propos racistes lors d'une interpellation en avril à l'Île-Saint-Denis, un policier des Hauts-de-Seine doit écoper d'une exclusion temporaire de 3 jours. Trop peu, estiment plusieurs avocats.
Auprès de la défense, la sanction passe mal. Un policier des Hauts-de-Seine accusé d'avoir proféré des propos racistes lors de l'interpellation d'un Egyptien en avril sur l'Île-Saint-Denis a écopé d'une exclusion temporaire de fonction de 3 jours après être passé en conseil de discipline. Selon une source du journal Le Point, la décision a été prise à l'unanimité lors de cette instance paritaire, qui réunit administration et syndicats. Des avocats ont dénoncé la faiblesse de la sanction disciplinaire.
Une sanction jugée "ridicule"
Pour l'avocat de l'interpellé, Arié Alimi, "cette proposition, c'est une réelle impunité, un laxisme, qui confirme un racisme systémique [...] un racisme d'État dans la police". "Trois jours d'exclusion, c'est vraiment ridicule", a-t-il dénoncé auprès de l'AFP. "3 jours d’exclusion ? ah oui ça rigole pas le conseil de discipline de la police", a par ailleurs ironisé sur Twitter Me Yassine Bouzrou, qui défend notamment la famille d'Adama Traoré.
3 jours d’exclusion ? ah oui ça rigole pas le conseil de discipline de la police. pic.twitter.com/YKKGCYS33w — Yassine BOUZROU (@BOUZROU1) December 22, 2020
À l'inverse, un syndicaliste policier des Hauts-de-Seine, qui a été plusieurs années élu au conseil de discipline, juge, lui, la "sanction proportionnée", estimant qu'elle "marque le coup" après des "propos condamnables". "Un jeune collègue qui prend trois jours, ça va entraîner trois ans d'exclusion sur les tableaux d'avancement, ça paraît une sanction proportionnée", a-t-il déclaré sous couvert de l'anonymat.
Le policier également visé par une poursuite au pénal
Pour le moment, la décision du conseil de discipline de la préfecture de police de Paris ne vaut que recommandation. La décision finale doit être prise par le directeur général de la police nationale (DGPN). Mais comme le fait remarquer Le Point, "il est rare que le DGPN revienne sur une sanction décidée paritairement". Légère, ou pas, cette sanction administrative doit être suivie de poursuites pénales. Celui qui fait partie des effectifs de nuit de la Direction territoriale de la sécurité publique des Hauts-de-Seine doit comparaître le 4 mars 2021 devant le tribunal correctionnel de Bobigny.
Les deux policiers en cause avaient été suspendus huit mois - une mesure conservatoire qui ne correspond pas à une sanction -, puis réintégrés début décembre à leur commissariat.
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Le 26 avril vers 1h30 du matin, des policiers avaient interpellé à l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) un homme de nationalité égyptienne soupçonné de vol de matériel sur un chantier et qui avait tenté, selon des sources policières, de prendre la fuite en se jetant dans la Seine. "Un bicot comme ça, ça nage pas", déclarait un des policiers selon une vidéo diffusée par le journaliste du média en ligne Là-bas si j'y suis, Taha Bouhafs, et visiblement filmée après que les fonctionnaires ont sorti l'homme du fleuve. "Ha! ha! ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied", pouvait-on également entendre.
Une obligation de quitter le territoire a été prononcée à l'encontre de cet homme âgé de 28 ans, ouvrier dans le bâtiment, après son interpellation. Il vivait depuis dix ans en France. L'enquête pour vol, elle, a été classée sans suite.